Le Rouge & le
Vert n° 97
mai-juin 2005
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Edito
Social, tirons le signal d'alarme !
Compagnie de chauffage
Le scandale !
Economie
Gestion publique ou gestion privée d'un service public, ce n'est
pas pareil !
Chambre régionale des comptes
Un rapport beaucoup trop superficiel
Constitution européenne
Tu veux ou tu veux pas ! La parole à un pro oui et un pro
non
Mosquée intercommunale
En faciliter la réalisation dans le respect des règles
de la République
Ravalement de façade à croite !
La réhabilitation du corrompu est toujours d'actualité.
Pour preuve, ce livre de Denis Bonzy :
Mai 2005
Denis Bonzy : encore un qui révise
l'histoire
Un nouveau livre sort pour tenter de réhabiliter le corrompu,
écrit par Denis Bonzy il a un titre alléchant : "Grenoble
: secrets de pouvoirs". Le tome 1 couvre la période 1982 à
1994, il est prévu un deuxième tome.
Il faut le dire tout de suite il n'y a aucun secret de pouvoir, ce livre
n'apprend rien de nouveau. Par contre de manière beaucoup plus habile
et pernicieuse que des ouvrages précédents, il fait partie
d'une offensive qui redémarre pour réécrire l'histoire
auprès de personnes qui ne se souviendrait pas trop bien des détails
de ce qui s'est passé à cette époque. Denis Bonzy faisait
partie du cercle des proches collaborateurs de Carignon et loin d'être
un observateur impartial de la vie politique grenobloise il a été
un acteur direct du système mis en place à Grenoble.
Ce livre participe certainement à une opération de grande
ampleur, car pourquoi maintenant ? Avec l'arrivée de Sarkozy à
la présidence de l'UMP, la préparation des échéances
de 2007 (législatives et présidentielles) est lancée
et Carignon aimerait y jouer un rôle. Mais pour cela, il doit absolument
retrouver une image d'un homme politique intègre et honnête
et la réhabilitation passe nécessairement par l'effacement
des turpitudes grenobloises. Et après 2007 il y aura les municipales
et cantonales, si le corrompu a réussi d'ici là à réécrire
l'histoire alors il pourra rêver d'un possible retour aux affaires
!
La technique adoptée par D. Bonzy est de revenir sur le passé
de manière très datée et précise pour créer
une ambiance où le lecteur a l'impression d'une exactitude totale
des faits rapportés. Mais pour un lecteur attentif de nombreuses
contre vérités sont distillées en filigrane.
D'abord il écorche certains noms propres et raconte l'histoire
à sa manière en contradiction totale avec les faits. Voici
quelques exemples :
- Exemple 1 : la fameuse affaire Dauphiné News Pages 94
et 95, Bonzy brosse un tableau de l'apparition de la nouvelle publication
Dauphiné News totalement contraire à la réalité
et à ce qu'il a personnellement déclaré lors du procès
Carignon. "Ce magazine gratuit est piloté par Frédérick
(sic) Mougeolle, ancien Rédacteur en Chef du magazine municipal.
Il met en scène la vie publique locale dans un contexte qui manifestement
ne peut pas desservir la municipalité sortante. Dauphiné
News bouleverse totalement le paysage de l'information grenobloise."
Il explique que cette nouvelle publication va mettre en cause le paysage
des médias et qu'"il va s'attirer les foudres de tous les cotés
car il ponctionne une part importante des ressources publicitaires dans
une logique de transfert car ce marché local est limité quant
à son développement. Les publicités qui vont à
Dauphiné News ne vont plus à tel ou tel support. Economiquement,
Dauphiné News est l'entrant à abattre. Politiquement, Dauphiné
News est suspect de mettre en oeuvre la propagande municipale. Il ne peut
pas être indépendant puisque son rédacteur en chef
n'est autre que l'ancien Rédacteur en Chef du magazine municipal"
Le lecteur sera donc convaincu que ce nouveau média se voulait indépendant
du pouvoir municipal et qu'il dérangeait le paysage médiatique
et que c'est pour cela qu'il fallait l'abattre. Or que déclare,
le 27 octobre 1994, le même M. Bonzy lors de l'instruction préparant
le procès de son patron ? "Je confirme intégralement
mes déclarations concernant les circonstances de constitution du
groupe Dauphiné News. A l'approche des élections municipales,
l'équipe du maire et Alain Carignon en particulier ont souhaité
lancer un journal destiné à créer une ambiance favorable
à sa réélectionMougeolle n'a été qu'une
sorte de "marionnette" dans cette opération. Il a été
chargé par le maire de remplir la mission de constitution et de
lancement de ce journal. Il y a eu un effet d'entraînement sur les
dépenses politiques qui ont considérablement augmenté
dans le but de permettre à Alain Carignon de conserver ses mandats.
Dauphiné News s'inscrit dans cette logique. Je confirme pleinement
que l'opération Dauphiné News est une opération électorale
décidée en présence d'Alain Carignon qui a suivi ensuite
ces publications très attentivement." M. Thull et Mme Bouffard
confirment même que l'initiateur de Dauphiné News est D. Bonzy
! Le lecteur comprendra alors que le soit disant observateur impartial
était un acteur de premier plan du système Carignon et que
sa mémoire est devenue très sélective au point de
travestir complètement la réalité. Il faut se souvenir
que l'affaire Dauphiné News a été un des révélateurs
de la corruption puisque son renflouement par la Lyonnaise des Eaux a mis
en lumière l'ensemble des contreparties à la vente à
cette dernière de l'eau de Grenoble.
- Exemple n°2 : la privatisation de l'eau. D. Bonzy propose pages 144 à
151 un numéro d'équilibriste de haute voltige sur l'affaire
de la privatisation du service de l'eau. Il essaye de montrer que le maire
de Grenoble a fait ce que beaucoup d'autres responsables politiques ont
faits. Il fallait bien que les partis politiques payent les tracts à
diffuser dans les boîtes aux lettres, que pour cela il y avait des
"avantages financiers collatéraux lors de la conclusion de
grands marchés publics. A Grenoble, cette découverte a affecté
le dossier de la privatisation des eaux municipales". Et d'expliquer
que le choix de privatiser à la SDEI (de M.M. Merlin) n'a pas été
correctement compris. "L"opinion publique a considéré
au moment des affaires que SDEI avait été choisie en raison
d'avantages financiers collatéraux que les autres groupes n'auraient
pas offerts. Cette interprétation traduit une méconnaissance
de la réalité de tels marché". "La SDEI
incarne un capitalisme familial à dimension humaine qui tranche
avec le profil des "réseaux d'influences" des trois grands
groupes que sont la Générale des Eaux, la Lyonnaise des Eaux
ou la Saur. Ce groupe avait défendu son indépendance avec
détermination face aux grands groupes nationaux". D. Bonzy
nous ressert la fable de la privatisation à un groupe régional
indépendant de la Lyonnaise des Eaux, qui sera un des motifs de
la délibération de privatisation présentée
par G. Névache en 1989 , au conseil municipal de Grenoble. Délibération
qui sera reconnue illégale en 1997 par le Conseil d"Etat suite
au recours de R. Avrillier, au motif que le contrat de délégation
était une contrepartie d'abus de biens sociaux. La fameuse société
régionale COGESE a été immédiatement contrôlée
par la Lyonnaise et ne servait que de paravent. Et D. Bonzy de s'interroger
de manière faussement naïve : "Dans de telles circonstances,
pourquoi le contrat de Grenoble a-t-il attiré tant d'attentions
? Plusieurs hypothèses peuvent répondre à cette question.
L'une d'entre elles est liée à la marginalisation politique
du Maire de Grenoble. Coupé des instances nationales de son parti
d'origine et aspirant désormais ouvertement à des fonctions
de premier plan, Alain Carignon compte de nombreux adversaires qui entendent
l'éliminer de la vie politique. Une autre hypothèse concerne
le profil du groupe privé délégataire. Des grands
groupes n'avaient-ils pas intérêt à "plomber"
un dossier qui leur avait échappé ? SDEI ne va-t-elle pas
être accusée de tous les maux parce que ce groupe aussi dérange
un partage territorial qui se mettait en place dans le silence le plus
total entre trois majors de ce secteur". Et pour faire croire que
tous ces mystères restent entiers : "Avec le recul du temps,
ces hypothèses devront être levées." M. Bonzy
a l'air d'avoir oublié que de nombreux procès ont eu lieu
sur les affaires Grenobloises et que sur la privatisation de l'eau, tout
a été dit et que même Jérôme Monod a failli
passer à la casserole ! Et enfin tout le livre s'éclaire
: "Ce qui est certain, c'est que le choc pour les grenoblois est tel
qu'il bouleverse totalement la vision qu'ils ont de leur Maire. Ils entendent
parler d'enrichissement personnel et de montants démesurés.
Ils ne cherchent pas à en comprendre les détails. Aussi ignorent-ils
qu'aux yeux de la justice, sont considérés comme des faits
relevant d'enrichissement personnel, toutes dépenses prisent en
charge par un ou des groupes privés sans rapport avec l'objet social
de la société concernée mais en faveur de l'activité
politique d'Alain Carignon. Puisqu,elles ont été prises en
charge par un tiers et non par Alain Carignon, il y a enrichissement personnel
dans sa conception la plus large." Alors que les thuriféraires
du corrompu niaient l'enrichissement personnel, pourtant prouvé
par la justice, D. Bonzy, beaucoup plus subtil, l'admet mais essaye d'en
changer le sens réel. Il s'agit maintenant de faire admettre qu'il
s'agit d'enrichissement personnel au sens de la justice mais en réalité,
Alain Carignon ne s'est pas enrichi personnellement puisqu'il s'agissait
de financer sa carrière politique qui, comme chacun le sait, n'a
rien de personnel puisqu'elle n'était tournée que vers l'intérêt
général complètement désintéressé
!
Malheureusement les faits sont têtus et il n'y a qu'à se
rapporter à la
brochure éditée par l'ADES sur le corrompu de retour aux affaires
(télécharger la brochure en PDF, attention 4 Mo) pour en connaître les détails.