30 novembre 1996
La démocratie dans les quartiers
La question de la démocratie locale n'occupe
pas la place qu'elle devrait avoir dans le débat municipal et la
gestion communale alors qu'il s'agit d'un thême-clé qui figurait
comme une priorité de notre programme municipal. En particulier,
les problèmes importants que sont le budget, l'eau et l'assainissement, les transports, le logement...) n'ont pas donné
lieu à de véritables débats publics. Au lieu de cela,
la ville de Grenoble a répondu par des dispositifs et des procédures
qui ont conforté les erreurs passées et cela en contradiction
avec notre conception de la démocratie.
Il est urgent pour la ville de Grenoble de changer
de cap en partant de l'idée essentielle qu'il existe des affaires
communes à gérer et un bien commun à défendre.
L'absence de conscience de cette communauté d'intérêts
conduit à la dissolution du lien social. Cette dissolution a aussi
pour conséquence l'émergence d'une multitude de cercles d'appartenances
où se traitent les questions particulières qui s'y rattachent
et qui tendent à se poser comme des substituts d'une politique globale
en favorisant toutes les dérives clientéliste. Comment renforcer
cette idée de bien commun ? La décentralisation des niveaux
de décision en certaines matières, la mise à disposition
de moyens peuvent y contribuer ainsi que la constitution d'un espace de
négociation entre la société locale et le pouvoir municipal.
Sur le plan de la méthode, plusieurs principes
pragmatiques doivent être retenus :
- Le quartier (5 à 10 000 habitants)
est l'entité territoriale pertinente pour la mise en place de la
démocratie locale et la gestion municipale de proximité.
- La ville reconnaît la réalité
des unions de quartier et des associations généralistes qui
interviennent sur le terrain. C'est avec elles et non contre elles ou à
côté d'elles que se construit la citoyenneté et la
démocratie locales.
- Ces associations ont cependant de la peine à
être représentatives de la diversité des intérêts
présents dans les quartiers. Il faut donc favoriser leur élargissement
en mettant en place des comités de pilotage dans les quartiers.
Chaque comité de pilotage doit regrouper la diversité des
associations et des acteurs locaux (dont les professionnels des services).
Ce regroupement doit se faire autour de projets communs qui doivent déboucher
sur un programme de développement du quartier.
- Les comités de pilotage s'organisent indépendamment
du conseil municipal. Le comité se dote d'un bureau exécutif
présidé par un représentant de l'union de quartier,
primus inter pares. Des commissions de travail thématiques
sont mises en place en tant que de besoin. Les décisions arrêtées
par le comité de pilotage doivent être prises de manière
consensuelle.
- Les services techniques municipaux dans les quartiers
sont mis à la disposition des comités de pilotage pour les
aider dans l'élaboration de leurs projets. Un budget leur est attribué
pour leur permettre d'assurer leur mission. Des moyens supplémentaires
pourraient leur être accordés sur la base d'une confrontation
de projets entre quartiers.
- Des rencontres périodiques sont organisées
entre les élus et chaque comité de pilotage afin de débattre
des projets concernant le quartier. Ces rencontres constituent des lieux
et des moments de négociation privilégiés des projets
entre les élus et les quartiers.
- La mise en oeuvre de ces principes doit reposer
sur un processus d'expérimentation. Deux ou trois quartiers doivent
être retenus sur la base d'un volontariat (des acteurs locaux et
de l'union de quartier). Dans chacun des quartiers choisis, la commune
s'engage à mettre un spécialiste du développement
à la disposition du comité de pilotage.