Extrait d'une tribune libre parue
dans Le Monde du 10-8-1997 : "A l'intérieur de ce continent
[Internet] vide d'habitants réels, se développera un gigantesque
commerce entre les agents virtuels d'une économie de marché
pure et parfaite, sans intermédiaires, sans impôts, sans Etat,
sans charges sociales, sans syndicats, sans partis politiques, sans grèves,
sans minimums sociaux."
A qui devons-nous cette perle
progressiste : le département de prospective
du CNPF, Bill Gates, Le sous-commandant Marcos, Jacques Attali, Alain Madelin,
la DG-XIII (télécoms) de Bruxelles, Al Gore ?
Pauvres lecteurs du quotidien régional ! Ils viennent tout juste d'apprendre, comme s'il s'agissait d'un scoop, que Grenoble Isère développement (GID) avait fait l'objet d'un rapport de la chambre régionale des comptes. Si, en décembre 1995, ils avaient eu entre les mains Le Rouge et le Vert n°51, ils auraient appris (p8) que cette société d'économie mixte, émanant du conseil général, avait été sérieusement épinglée. Quant à la suite : l'enquête préliminaire, l'ouverture d'une information et la série de mises en examen (dont celle d'Alain Carignon), elle ne pouvait guère surprendre nos lecteurs. Preuve en tout cas qu'avec le procès Cupillard et ses enrobés, celui à venir des surfacturations de l'hôpital, l'affaire GID... la Justice s'intéresse enfin au système Carignon à l'échelle du département.
Les opposants à l'A51 n'ont probablement pas eu beaucoup de visiteurs au Col du Fau pendant leur camp d'été. Mais ils y ont préparé un dossier très documenté de propositions alternatives d'aménagement des nationales 75 et 85, qu'ils présenteront au ministère de l'Environnement. Cette étude est consultable à l'ADES.
Reçue récemment dans les boîtes
aux lettres du quartier Bajatière, une information de la municipalité
sur l'installation d'un nouveau parc à chiens dans le coin, plan
à l'appui. Je n'ai rien contre les chiens (quoique personnellement,
je préfère les chats. A ce propos, relisez donc "Le Rouge & le Vert"
n· 58 p 9, et n·59 p 9), et je me
félicite que la mairie fasse du travail de proximité dans
les quartiers, et en informe les habitants.
Cependant, je m'interroge : est-ce, depuis juin 1995, la seule réalisation
de quartier digne d'être portée à la connaissance des
citoyens ?
L. C.
1995 : peu avant les élections municipales,
Michel Destot démissionne de son poste de PDG de Corys (Compagnie
de réalisation et d'ingénierie des systèmes, issue
de l'essaimage du CEA de Grenoble en 1989) mais conserve des actions à
travers un holding majoritaire à 51%.
Juin : Michel Destot est élu maire de Grenoble.
1997 : juillet : CORYS est placée en redressement judiciaire.
Septembre : officiellement les pertes de la société ne sont
pas connues et à la demande de ses dirigeants les comptes ne devraient
être déposés que le 30 septembre. Entre-temps le tribunal
de commerce a autorisé la reprise de Corys et de 105 de ses salariés
sur 150, par Tractebel, filiale belge de Suez-Lyonnaise des Eaux.
En vertu du principe des vases communiquants, peut-on espérer que
l'entrée de la Lyonnaise dans Corys la fasse sortir de l'eau de Grenoble ?
Rue de l'Arlequin, cadeau de rentrée pour les écoliers : l'aménagement "spécial école", avec les grands crayons jaunes pour inciter piétons et automobilistes à la prudence (cf. "Le Rouge & le Vert" n· 55, p 7). En voilà une idée qu'elle est bonne ! Sauf que, les voitures ayant une fâcheuse tendance à se retrouver sur les trottoirs, on a commencé par rajouter une dose de barrières pour les cantonner à la chaussée Sauf que, comme elles se garaient à des endroits interdits sur la chaussée, on a rajouté une dose de plots pour les cantonner aux places de stationnement Ce cas d'inflation de mobilier urbain, loin d'être isolé, à l'esthétique discutable et au coût vraisemblablement prohibitif, témoigne de l'absence de sens civique de l'automobiliste moyen. Il suffirait pourtant d'un petit effort pour que la rue soit mieux partagée. Chiche ?
France 3 Alpes a diffusé cet été
un reportage sur les zones 30 à Grenoble. Et que j'interviewe le
maire et l'adjoint chargé de l'aménagement des voiries qui
expliquent comme c'est bien pour la sécurité de nos enfants,
et comme ça va se développer dans les années à
venir, et que j'encense l'initiative et que je conclue en disant que le
développement de ces voiries à vitesse limitée va rendre
"d'autant plus indispensables les grandes infrastructures type
tunnel sous Bastille" !?
Ils ont compris quelque chose qui nous échappe. Ou alors, certains
le leur auront bien expliqué...
Comme de nombreux citadins, vous ASPIREZ à
prendre un peu de bon air à la campagne ou à la montagne dès
que l'occasion se présente.
Las, ce temps est bientôt fini. Pour preuve cette déclaration
d'un commissaire-enquêteur (cité par le Monde du 6-8-1997
et le Canard Enchaîné du 13/8/1997), à propos
de l'installation d'un élevage de porcs en Berry : "il
est consternant que le citadin prenne en considération les évolutions
de l'odeur en milieu urbain et les refuse en milieu rural.
L'odeur de kérosène est acceptée,
ainsi que celle du soufre des stations d'épuration. En milieu rural,
l'odeur d'ensilage ou de lisier constitue de nouvelles odeurs. On ne peut
cantonner le progrès dans certains domaines et rester conservateurs
dans d'autres."
Nous pourrions proposer à nos amis berrichons un stage obligatoire
d'initiation à la vie urbaine en passant quelques heures place Gustave
Rivet à Grenoble.
1,9 M.F., c'est le coût du nouveau parvis
engazonné de la mairie de Grenoble.
Ça manque un peu de rouge à notre goût, mais bon !
encore qu'avec les feux tricolores...
800 000 F, c'est la somme annuelle consacrée
aux zones 30. Objectif affiché : 2 zones 30 par an et peut-être
une augmentation du budget 1998 jusqu'à 1,2 M.F., une folie !
Au programme 1997 étaient prévus le Centre Ville, et Malherbe
qui attend toujours l'ébauche d'un début de réalisation.
Rien à dire ! à ce prix là assurément le
parvis était une priorité. Quant aux quartiers, rien ne presse.
D'ailleurs les zones 30 c'est bien connu "ça coûte cher".
"50-50" disaient France 3 et France 2
commentant la manifestation du 2 août à Creys-Malville organisée
par les Européens contre Superphénix. Le premier
"50", c'était un millier de manifestants sous le soleil,
rendant avec Théodore Monod hommage à Vital Michallon, victime
des violences policières au cours de la manifestation de juillet
1977.
Le second "50", c'était, sur un promontoire à l'intérieur
des grilles de la centrale, une voiture pourvue d'une sono de 2.400 watts
et deux personnes à côté faisant brailler en continu
la même cassette pro-nucléaire.
CQFD...
Lu dans Impact entreprises n°3 de juillet-août
1997 1 , en commentaire
de l'assemblée générale 1997 de la Lyonnaise des Eaux
: "De par ces activités dites "propres" -traitement
des déchets, gestion de l'eau, etc.- l'action Lyonnaise des Eaux
est souvent inscrite à l'actif des produits de placement collectifs
"environnementaux" et fait peu l'objet de critiques sur les questions
sociales et environnementales. Mais [...] on peut, par exemple, souligner
que les activités de service aux collectivités locales de
la Lyonnaise des Eaux ont placé l'entreprise en première ligne
dans les
problèmes de corruption qui ont marqué
le monde des affaires en France ces dernières années. Précisons
que la Lyonnaise a adopté un code de conduite en 1994 afin de prévenir
désormais ce genre de pratiques." Ouf !
La Ville de Grenoble a finalement choisi le projet
Stinco de requalification du Cargo/Maison de la Culture pour un coût
prévu de 223 M.F.
En homme de l'art, Antoine Stinco, l'architecte, a pensé à
tout. Comme à cette idée originale de réaliser, au
mépris des lois en vigueur, une entrée monumentale inaccessible
aux personnes handicapées qui passeraient, elles, discrètement
à l'arrière du bâtiment.
Quant aux toilettes spécifiques, elles n'existent même pas,
c'est plus simple ! Comble de légèreté, le conseil
municipal n'aurait rien trouvé à redire, si François
Suchod, conseiller municipal chargé de
l'accessibilité, ne s'était insurgé contre de telles inepties.
Comme quoi, il reste encore beaucoup à faire pour changer les mentalités,
à commencer par celles des architectes !
Réponse "surfe camarade..." : Jacques Attali...