Contribution au débat sur les transports organisé par le Dauphiné Libéré le 24-11-03

Pierre Kermen, 2ème adjoint délégué à l'urbanisme et à l'environnement membre du groupe des élus ADES-Verts-Alternatifs de la Ville de Grenoble


Pierre Kerman a refusé de participer en personne à ce débat, au vu de la participation du corrompu Alain Carignon. Lisez sa lettre au Dauphiné Libéré.

En introduction

Le cadre législatif de la loi sur l'air et l'utilisation rationnelle de l'énergie de décembre 1996 est tout a fait pertinent et suffisant pour agir.

Pour nous responsables politiques, l'essentiel est donc aujourd'hui de faire des choix. Tout ne peux pas être fait et cela en particulier pour des raisons financières. La clarté des choix permettra alors de mobiliser les moyens, les partenaires et les acteurs dont la population dans un véritable scénario vertueux d'alternative à la voiture et de lutte contre la pollution pour la santé de tous.

Ci-dessous nos propositions pour promouvoir le scénario écologique et social dont Grenoble et l'agglomération ont besoin, pour la qualité de vie de ses habitants, le développement de l'emploi et de l'activité économique.

1) Les politiques alternatives à la voiture montrent bien que lorsqu'elles sont conduites avec volonté en se souciant de qualité elles marchent ! Le transport public à Grenoble et dans l'agglomération est l'un des plus performants des villes françaises, par son accessibilité, son efficacité et sa fréquentation. L'effort important engagé par le SMTC, soutenu par la Métro et le Conseil général, doit être à ce titre poursuivi et même amplifié. A ce sujet nous souhaitons la mise en place d'une autorité organisatrice des transports en commun à l'échelle de la région urbaine.

2) En effet, les moyens financiers en faveur des transports publics deviennent en 2003 insuffisants pour être conformes aux engagements pris dans le PDU en mai 2000. Des coupes financières sont en train d'être prises remettant en cause l'attractivité commerciale, les directissimes et en ralentissant le programme de redynamisation des lignes de bus.

3) Alors même que l'on constate une demande accrue de mobilité (enquête ménage) cela nécessiterait un réexamen du PDU pour le mettre en phase avec la réalité et renforcer encore plus les politiques de déplacements alternatives à l'automobile.

4) La priorité des priorités est aujourd'hui la mobilisation de tous les moyens financiers clairement affectés aux transports publics (tramway, tram-train, TER, directissime...) et aux mobilités douces. Et face à cette urgente obligation collective, le Gouvernement se désengage du soutien aux équipements de transports publics : 60 MEUR étaient prévus pour la 3ème ligne de tramway et seulement 23MEUR seraient accordés !

5) Pour les écologistes, il n'y pas d'argent à mettre en faveur d'investissements lourds pour des voiries nouvelles (tunnel et élargissement de l'A480) qui ne feraient qu'augmenter le trafic automobile, les nuisances et la pollution dans Grenoble et l'agglomération.

6) Pour toutes ces raisons nous sommes fermement opposés au projet de tunnel Rocade nord (sous l'Isère, sous Grenoble, sous la Bastille).

7) Le temps des illusions est donc maintenant bien fini ! Ce projet de tunnel n'est pas crédible.

Ceux qui veulent user de la démagogie se trompent en proposant comme l'UMP Isère, un grand emprunt des collectivités (tract de septembre 2003 distribué par l'UMP Isère sur le chantier du tramway) qui fait l'impasse sur la hausse d'impôt qu'entraînerait inévitablement pour le contribuable cet emprunt.

Selon nos estimations, si le Conseil général faisait un tel emprunt cela se traduirait par une augmentation de 10% d'impôt pour chaque contribuable du département de l'Isère et un endettement sur 30 ans.

L'autre illusion est celle du tunnel à péage ! Cette mesure serait intenable parce qu'impopulaire et un prix non dissuasif pour l'automobiliste ne permettrait pas de financer l'ouvrage tant en investissement qu'en fonctionnement. De toutes façons les collectivités seraient obligées de prendre une charge importante de l'investissement de l'ouvrage.

8) Le temps de la démocratie est venue ! Pourquoi la droite et Monsieur Carignon ne veulent pas de l'avis des habitants sur les grands choix qui les concernent pourtant au premier chef.

Nous nous étonnons que la droite et Monsieur Carignon refusent le débat aux citoyens en attaquant la consultation proposée par les écologistes et voté à l'unanimité à la Métro.

9) La majorité de gauche et des écologistes, à Grenoble, dans l'agglomération et le département doit faire preuve de volonté politique et faire clairement le choix en faveur des alternatives à l'automobile.

Attention qu'une fois encore les politiques ne soient en retard sur les citoyens.

On le voit bien avec les travaux du tram quand le Dauphiné Libéré titre "Mais où sont passés les embouteillages ? ", les citoyens se sont adaptés et se sont reportés massivement sur le transports publics, le vélo, la marche à pieds, le co-voiturage, les parking relais...

Le comportement des citoyens peut changer beaucoup plus vite que la culture des politiques !

10 ) Nous les écologistes ADES-Vert-Alternatifs proposons comme alternative à la voiture, du courage politique pour la mobilisation de l'ensemble des moyens pour 20 propositions écologiques et sociales :

  1. donner la priorité au tramway et à ses extensions
  2. relancer le projet de tram-train pour mieux répondre à l'augmentation de mobilité dans le péri-urbain
    1. sur l'axe de Rives, Voiron et St Marcellin
    2. sur l'axe du Grésivaudan
    3. sur l'axe Sud, Vizille et Vif
  3. soutenir le projet d'extension du tramway vers Moirans
  4. poursuivre une politique tarifaire sociale et incitative sur le transport public
  5. donner la priorité au stationnement des résidents et reporter celui des pendulaires sur le parking relais aux entrées d'agglomération avec un service de qualité de service et de sécurité
  6. renforcer et multiplier la mise en place des ces parkings relais
  7. accélérer l'extension du réseau cyclable et son maillage sur Grenoble et la Métro
  8. étendre les points de locations de vélos à l'image du vélo parc de la gare qui est un véritable succès de notre politique du vélo
  9. soutenir les actions incitatives et éducatives liées à l'usage du vélo en ville
  10. étendre à l'ensemble de la ville les zones de limitation de vitesse à 30 Km/h
  11. réduire la vitesse des grandes voiries à 70Km/h
  12. donner les informations sur la pollution de l'air par des panneaux d'information répartis sur l'ensemble de l'agglomération
  13. développer et étendre les PDE et PDA
  14. inciter au co-voiturage
  15. poursuivre notre politique en faveur de l'accessibilité qui bénéficie à tous et qui contribue à la croissance remarquable de la marche à pied
  16. réaffirmer notre opposition au projet de l'A51 inefficace, trop cher et défigurant les paysages ainsi qu'à l'élargissement de l'autoroute de la vallée du Rhône
  17. proposer en alternative à ces projets un programme européen de ferroutage du fret.
  18. accompagner les politiques de déplacements par des politiques d'urbanisme évitant l'étalement urbain. Consolider les pôles secondaires de la région urbaines pour éviter les déplacements inutiles vers l'agglomération
  19. favoriser dans les PLU la mixité des fonctions résidentiel, commerciale et d'activité à Grenoble et dans l'agglomération pour éviter les trajets trop étendus domicile/travail.
  20. consultation publique des habitants sur les priorités à donner pour une politique durable des déplacements et les priorités d'affectation des moyens.

En conclusion

Les dispositifs réglementaires existent, il suffit de les appliquer ! C'est la clarté des choix politiques que nous exigeons de nos alliés de gauche.

Attention, car si les déplacements sont encore trop souvent perçus par les politiques comme des enjeux techniques et financiers ils sont devenus maintenant des enjeux de santé publique. Cet été est la préfiguration des dérèglements climatiques et de leurs conséquences sur la santé publique. Il y a eu 31 jours d'alerte à la pollution à l'ozone à Grenoble cet été contre 3 en 2002 et 1 en 2000.

Demain ceux qui n'auront pas voulu s'engager dans les alternatives à l'automobile devront rendre des comptes devant les malades de la pollution et du changement climatique !

L'histoire ne s'écrit pas deux fois.