Conseil municipal du 17 janvier 2000

Intervention de Pierre Kermen sur le contrat de ville d'agglomération


La crise économique
La ségrégation sociale et la ségrégation spatiale
L'espoir de mieux affronter la crise
Promouvoir la politique de la Ville, c'est aussi changer la manière de gouverner la ville
Déconcentrer plus
Donner plus de moyens directs aux quartiers. Appliquer le principe de précaution dans tous les quartiers en associant la population
Continuité des politiques publiques
Le fonds de participation des habitants
 
Lire aussi :
L'amendement en faveur de l'accessibilité
L'intervention de Bernard Macret

Il ne faudrait pas s'engager dans le détail du contrat de ville sans rappeler quelques éléments politiques.

Le premier d'entre eux c'est le diagnostic que l'on porte sur l'état de notre ville et de notre agglomération.

La crise économique

La loi du marché et le productivisme aveugle sont sources d'exclusion des personnes et de dégradation de l'environnement. La politique libérale, qui s'est aggravée depuis la fin des années 70 à nos jours, a totalement modifié l'état de nos villes et la situation des populations.

Ces dégâts du marché, on les a mis en évidence par exemple dans le diagnostic fiscal que l'ADES avait demandé à la majorité de réaliser. Ce travail a été fait en mai 97 mais toutes les conclusions n'ont pas été discutées et le rapport a été enterré. La question de l'injustice de la fiscalité locale n'a pas été abordée par certains membres de la majorité. Que disait ce rapport ? En réalité des choses que tout le monde sait :

C'est parce que nous portons ce diagnostic que l'ADES porte et portera la revendication de faire en terme budgétaire plus pour les quartiers et moins pour le prestige.

La ségrégation sociale et la ségrégation spatiale

Toutes les collectivités locales n'ont pas réagi de la même manière face aux dégâts des lois du marché tout puissant et des grands groupes.

Ainsi on a vu certaines villes prendre leur part dans la solidarité avec les plus démunis. La part des logements sociaux dans le total des logements est de :

 Grenoble  31,3%
 Echirolles  41%
 Fontaine  24%
 St Martin d'Hères  44,5%
 Meylan  11,9%
 Bresson  1,1%
 Veurey  8,8%

Les effets de la crise sont bel et bien là, et concernent aussi les problèmes de la santé, de l'éducation et de la pollution, en particulier sonore, pour ceux qui vivent près des grandes voiries et qui doivent subir comme à Mistral une autoroute urbaine au pied des immeubles.

L'espoir de mieux affronter la crise avec ce contrat de ville d'agglomération

Cette injustice économique, sociale et écologique devrait être prise en compte par le contrat de ville. Est-ce qu'elle l'est totalement ? Pas pour l'instant mais ce contrat de ville d'agglomération nourrit des espoirs sérieux d'amélioration du quotidien des habitants, notamment des personnes en situation de handicap. La prise en compte des besoins de tous dans tous les aspects du contrat de ville constituerait une réelle innovation.

Les nouveaux contrats de ville d'agglomération sont en rupture avec les précédentes politiques sur quatre points, quatre axes très positifs :

Avec ces quatre axes là, on pourrait bâtir un vrai projet de développement durable au sens que lui donnent les écologistes :

Et si nous prenons là encore l'exemple des transports, la population est bien en faveur du tramway et des transports en commun, comme l'indique le sondage Métro (74 % d'opinions favorables), contrairement à ce que déclare dans la presse le Maire de Grenoble qui prône la construction d'un tunnel au coût exorbitant.

Promouvoir la politique de la Ville, c'est aussi changer la manière de gouverner la ville

Lire à ce sujet l'intervention de Bernard Macret

Déconcentrer plus afin de développer les services publics de proximité

Nous n'avons pas assez poussé la déconcentration de l'administration dans les quartiers. En donnant à la population un accès immédiat et proche à l'administration et aux techniciens communaux, nous résoudrions beaucoup plus rapidement et moins bureaucratiquement de nombreux problèmes du quotidien des habitants.

Nous devons sortir de ces interventions techniciennes qui cloisonnent et découpent en rondelles administratives les problèmes de habitants.

Donner plus de moyens directs aux quartiers. Appliquer le principe de précaution dans tous les quartiers en associant la population

Les budgets consacrés aux quartiers ne sont pas à la hauteur des besoins, ce que notre groupe d'élu-e-s écologistes ADES a voulu signifier en s'abstenant sur le budget. Ne nous sentons pas dédouanés d'intervenir sur tous les quartiers. Comment anticiper si nous ne sommes pas quotidiennement sur le terrain avec la population pour empêcher des dégradations multiples de l'environnement ?

Continuité des politiques publiques, de la cage d'immeuble aux projets de l'agglomération

Et enfin il faut que le droit commun, c'est à dire l'action de tous, de tous les services, participent au projet de consolider notre ville. Ce contrat de ville va s'inscrire désormais dans le projet d'agglomération défini par la Loi Voynet (votée en juin 99) pour les agglomérations. Nous sommes d'ores et déjà site pilote pour la mise en oeuvre de la loi Voynet, et nous devons inscrire comme le demande cette loi l'ensemble de nos relations contractuelles avec l'État et la Région dans le contrat de plan qui devra subir une modification d'ici deux ans. La politique de la ville sera alors un enjeu majeur du contrat de plan réaménagé.

Je ne suis pas sûr que tous les services de l'État soient totalement mobilisés. Ces interrogations portent sur l'éducation, la sécurité, la justice.

Je ne suis pas sûr qu'à la Métro toutes les commissions aient intégré la politique de la ville. Pourquoi réinventer le dialogue avec les entreprises dans la politique de la ville alors que cette préoccupation de l'emploi pour tous devrait être portée par la commission économique ?

Je ne suis pas sûr que la commission recherche et université porte également l'accès de tous à l'enseignement supérieur, quand les politiques défendues par les universités grenobloises en particulier dans les projets soutenus par la ville, la région, le département et la Métro soutiennent des projets baptisés "d'excellence", qui visent à exclure l'accès à un grand nombre et protéger l'accès à quelques privilégiés.

On pourrait hélas multiplier nos interrogations et en particulier en direction du conseil général dans sa politique en faveur du social, et tout particulièrement des personnes âgées qui se retrouvent bien seules pour affronter les difficultés de la perte d'un conjoint et de la vie en solitaire, pour affronter les problèmes de santé au quotidien.

A Grenoble même, le projet urbain semble s'enliser et ne pas avoir l'audace de s'affronter aux réalités des problèmes de notre ville : faire des choix pour une ville plus écologique, plus démocratique avec la participation des habitants, et plus solidaire avec ceux qui ont le moins et qui souffrent le plus.

Plus d'initiative des habitants : le fonds de participation des habitants

Ce qui manque le plus dans notre projet de contrat de ville c'est sans aucun doute la possibilité donnée aux habitants de bâtir leurs propres projets. Nous proposons un réel fond de participation (je pense à ce qu'on fait nos collègues du Nord). Nous devrions à Grenoble dire à l'État que ce type de démarche intéresse notre ville. Nous devons ainsi nous réjouir de la mise sur pied d'une union des associations de quartier à l'échelle de l'agglomération.