Réunion publique organisée par l'ADES, GO Citoyenneté, le PS et le PC - 24 mars 1999 Villeneuve

Démocratie Participative - Intervention de l'ADES


Débat de grande importance et je rappelle que nos différents mouvements et partis s'étaient fortement engagés durant la campagne 95 pour redonner priorité et vie à une démocratie locale digne de ce nom.

Soyons clairs et directs : sur ce sujet nous sommes loin de nos objectifs et la déception existe.

Raison de plus pour en parler et en débattre.

Pour l'ADES qu'est ce que la démocratie participative ?

Comme son nom l'indique, c'est une démocratie où les citoyens participent à l'élaboration et aux prises de décisions.

Or beaucoup d'obstacles empêchent de véritables avancées vers ce but :

Dans les textes comme dans les pratiques, le citoyen n'est pas considéré comme un acteur, il est juste bon à mettre un bulletin dans l'urne tous les 5 ou 6 ans, et encore quand il ne s'abstient pas par refus de la politique telle qu'elle est pratiquée.

Il y a donc un grand chemin à faire pour arriver à instaurer un début de démocratie participative et je voudrais indiquer rapidement quelques conditions nécessaires pour avancer dans le bon sens.

  1. Les élus doivent organiser le débat public, la concertation et/ou la négociation avant de prendre les décisions. Actuellement sauf rares exceptions ce n'est pas le cas : pourquoi ne pas débattre publiquement des grandes priorités budgétaires avant d'élaborer le budget, pourquoi ne pas débattre d'Isergie avant de boucler toute l'opération...
    Les élus peuvent aussi organiser des consultations par vote sur des grands dossiers où la responsabilisation des citoyens est essentielle au succès. Par exemple il n'est pas trop tard pour organiser un vote des habitants sur les grandes priorités pour la politique des déplacements dans l'agglomération comme l'ADES et GO l'ont demandé.
  2. L'information sur les dossiers doit être correcte, pluraliste, éclairée si nécessaire par des expertises indépendantes. On ne peut pas se contenter d'une propagande simpliste comme il y en a trop souvent dans le journal municipal, qui ne joue pas son rôle d'outil pour le débat démocratique.
    Pourquoi ne pas aller plus vite dans l'utilisation des nouvelles technologies pour faciliter l'information dans la ville, Grenoble devrait être à la pointe à ce sujet !
  3. Organiser le débat au bon niveau. Pour nous les niveaux les plus pertinents sont en général le quartier et l'agglomération.
    Le quartier est le bon niveau pour la politique de proximité, la politique au quotidien...
    L'agglomération est souvent le niveau pertinent pour la mise en cohérence des grands investissements : logement, culture, sport, transports, assainissement, déchets urbains, lutte contre la pollution atmosphérique....A ce sujet est posé la question de l'élection directe des élus d'agglomération.
    A Grenoble la mise en place des élus de secteur a été un progrès mais il faudra aller encore plus loin. L'ADES avait proposé d'
    organiser la municipalité autour d'adjoints de quartiers qui auraient chacun été l'interlocuteur unique des acteurs des quartiers, ce qui aurait amélioré grandement la liaison mairie-habitants, simplifié la concertation et les négociations et obligé à remettre en cause l'organisation des services en accélérant la déconcentration. Je pense qu'il faudra y venir, ça se fait avec succès ailleurs.
    A Grenoble le secteur est un niveau un peu bâtard, mais cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas mettre en place le comité que vous proposez. Tout ce qui va dans le sens du débat, du dialogue... est bon à priori, mais faites vite, on a déjà trop attendu : pourquoi cette lenteur et cette timidité ? Sur le détail de la formule, nous jugerons sur les résultats. Alors vite, mettez-les en place en négociant avec les participants leur fonctionnement et leurs objectifs.
  4. Donner les moyens de la démocratie : faire vivre des lieux de citoyenneté dans les quartiers, dégager des moyens financiers gérés avec la population (pourquoi ne pas cogérer avec les habitants la mise en place des zones 30 ?) développer l'information de proximité...

Pour conclure je voudrais insister sur le fait que la démocratie locale n'est pas d'abord l'affaire des élus, c'est l'affaire de tous, français ou étrangers, qui doivent avoir les mêmes droits, notamment aux élections (droit de vote), elle doit se vivre et se développer dans tous les secteurs : action sociale, éducation, domiciles collectifs de personnes âgées, socioculturel, etc.

Des citoyens critiques, actifs, revendicatifs, exigeants devenant des forces de propositions, n'est ce pas la meilleure garantie contre la montée de l'extrême-droite et la désaffection du politique ?

La démocratie participative est une richesse que notre majorité plurielle se doit de faire vivre et fructifier, or elle reste beaucoup trop frileuse sur ce point, il faut d'urgence rectifier le tir, c'est d'abord une question de volonté politique.

Je souhaite que le débat de ce soir soit utile pour avancer en ce sens.