La transmission, le fait du prince

Publié le 18 mai 2012

Le 11 mai à la fin du Conseil de la Métro, un participant dit « je pars au couronnement d’Olivier ». Après une demande d’explication, le couronné est donc Olivier Noblecourt.

Le terme monarchique de couronnement est très juste, puisque visiblement on se transmet les postes électifs, à l’instar des rois, selon leur bon plaisir. «Pourquoi j’ai choisi Olivier Noblecourt comme suppléant » s’explique en majesté M. Destot dans l’hebdomadaire électronique Grenews. Où l’on découvre qu’au parti socialiste, le choix des candidats ne relève pas des militant-es après un vote démocratique et sur les projets proposés, mais de la décision des seul-es baron-nes.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. La lecture des déclarations du député–maire installé dans son mandat depuis 1988 a de quoi nous laisser bouche bée : «Il a fallu dit-il, faire un choix, j’ai eu beaucoup de candidatures pour cette suppléance, spontanées ou non. Des femmes, d’autres faisant valoir la diversité, la jeunesse »… « La responsabilité d’un politique, c’est de préparer l’avenir. Olivier comme moi, a des qualités, des défauts, mais il a les valeurs, les qualités intellectuelles et les compétences politiques pour être parlementaire. Il fallait donner un signe. »

Çà pour un signe, c’est un signe à plus d’un titre :

  • sur la parité, il prend l’exact contre pied de François Hollande, pour lequel il fait savoir à qui veut l’entendre qu’il a fait campagne. Le président de la République a en effet décidé de constituer un gouvernement à parité absolue.
  • sur la diversité, il reste encore un long chemin à parcourir, et on est loin du compte
  • Mais le pire vient des critères retenus par Sa Majesté : ainsi le suppléant lauréat est le seul à posséder les valeurs, les qualités intellectuelles et les compétences politiques pour être parlementaire. Les éconduit-es ont dû apprécier, et comprendre en creux de ces propos, qu’eux sont totalement dépourvus de ces qualités. Le monde politique est décidément d’une dureté terrifiante.

Les éconduit-es devront encore faire antichambre, et continuer d’apprendre à devenir un-e « vrai-e politique ». Pour réussir à être intronisé, il faut savoir construire une majorité droite/gauche à la ville de Grenoble en évinçant les écologistes, comme l’a fait ce jeune directeur de cabinet qui était à la manœuvre avant 2008, ou bien encore savoir nouer des partenariats avec les multinationales pour apporter du lait et de la nourriture aux grands pauvres, en lieu et place des services publics en charge de ces questions, comme il a su le faire au titre de vice-président du CCAS.

En revanche, les militant-es de base vont devoir continuer à prouver leur capacité à mobiliser les électeur-trices dans les quartiers pour qu’ils votent « comme il faut », à se dépenser sans compter pour les « chefs » et donner leur force de travail sans espérer d’autres reconnaissances qu’une petite frappe amicale dans le dos. Mais si l’un d’eux parvenait un jour à être directeur de cabinet, peut-être aurait-il sa chance, comme ce fut le cas pour G. Fioraso, J. Safar et O . Noblecourt.

En politique on procède comme dans l’industrie de la fin du 19è siècle, les postes à responsabilité se transmettent selon la catégorie sociale à laquelle on appartient, c’est la reproduction. Le travail militant, la diversité, l’égalité femmes/hommes, attendront encore des jours meilleurs.

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