Sujet épanouissant au moment ou notre bon président s’apprête à donner un « coup de pouce au SMIC » et que la concertation bat son plein. Mais qui donc se frotte déjà les mains ? Ce ne sont pas tant les négociateurs syndicalistes, les heureux récipiendaires, ou les contribuables, que… les patrons (qui n’en poussent pas moins des cris d’orfraies). Nous l’allons vous montrer maintenant :
Comment transférer de coquettes sommes de notre poche à celle des URSSAF puis à celle des patrons ?
- Augmenter le SMIC de 300 € bruts par tête, là, tout de suite, et le voilà à 1 700 € bruts
Ainsi le SMICARD est augmenté de 300 € x 12 mois = 3 600 € bruts par an
Et nos 2 millions de SMICARDS (fourchette basse) 3 600 € x 2 000 000 = 7,2 milliards d’€ - Ajouter 40% de charges sociales patronales à cette augmentation de SMIC, soit 2,9 milliards dont 70 % vont aux URSSAF, soit 2 milliards d’€
- Appliquer la « réduction Fillon » (1) du nom de son génial inventeur, en tenant compte de cette augmentation du SMIC : 210 € ou 227 € selon que l’entreprise compte + ou – de 19 salariés,
Ainsi le patron bénéficie d’une réduction de 2 520 € ou 2 724 € par an, par tête
Et pour les 7 millions de salariés gagnant moins de 1,6 SMIC par mois, autour de 18 milliards, dont il convient de déduire les 2 milliards d’€ de charges URSSAF vues ci-dessus, soit 16 milliards d’€ de réduction nette de charges.
Donc en augmentant le SMIC à 1 700 € bruts, les patrons :
- Bénéficient d’une réduction de 16 milliards d’€ net de l’URSSAF
- Versent généreusement 7 milliards d’€ bruts en augmentation de SMIC
- Et gardent discrètement 9 milliards d’€ par devers eux, chut (2) !
Questions subsidiaires : le bon monsieur Fillon, c’est qui qui le remercie ? Et le trou, c’est qui qui le bouche ?
(1) Comment marche la « réduction Fillion » : Chaque fois qu’un salarié payé au SMIC est augmenté de 100€ (brut) dans le cadre d’une augmentation du SMIC, l’employeur (et si ce n’est lui c’est donc son frère) économise 75 € de charges URSSAF (entreprises de moins de 19 salariés), ou 69 € (plus de 19 salariés) supplémentaires sur les charges pour chaque employé dont le salaire est compris entre le nouveau SMIC et 1,6 fois le SMIC précédent. Au-delà, il économise encore mais le montant décroit jusqu’à 1,6% du nouveau SMIC.
(2) Explications détaillées au siège de l’ADES.
[…] Notre article relatif à l’augmentation du SMIC en date du 8 juin a pu susciter d’éventuelles interrogations. Aussi pour lever toute ambiguïté nous devons repréciser que cette analyse avait pour ambition d’éclairer le lecteur sur le mécanisme actuel (dispositif Fillon) qui conduit à réduire les contributions sociales des gros employeurs. C’est donc le système dans son ensemble qui devrait être revu ; et à l’évidence, mais cela va mieux en le disant, l’ADES est pour l’augmentation du SMIC. […]