
A l’initiative de deux conseillères métropolitaines, Margot Belair et Jacqueline Madrennes, une pétition appelle la Métropole de Grenoble à œuvrer en faveur du développement des transports en commun. Le texte est soutenu par de nombreux élu-es et militant-es de gauche et écologistes.
Selon l’Organisation météorologique mondiale, 2024 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée et la première à dépasser la limite de 1,5 °C fixée pour le réchauffement de la planète. Les activités humaines sont responsables du dérèglement climatique à travers les émissions de gaz à effet de serre (GES), dues notamment à l’utilisation des énergies fossiles.
Les conséquences de ce réchauffement se font sentir de façon dramatique : périodes de canicules prolongées en été, pluies torrentielles et inondations, ouragans plus nombreux et plus violents, mega-feux comme ceux qui ont ravagé le Canada entraînant des nuages de pollution néfastes jusque dans les Alpes.
Les émissions de CO2 sont à l’origine du réchauffement climatique global. 30 % des émissions de CO2 sont dues aux transports ; la voiture particulière représente 60 % de ces émissions. Les émissions dues aux transports routiers baissent très peu, nous éloignant des objectifs de neutralité carbone.
Le trafic routier constitue aussi la principale source de pollution de l’air, représentant près de 63 % des émissions d’oxydes d’azote (NOx) et 18 % des particules fines (PM2.5). Les enfants en sont les premières victimes, leur santé étant particulièrement vulnérable à cette pollution. Cette vulnérabilité est d’autant plus marquée chez les familles en situation de précarité, leurs conditions de vie les exposant davantage aux risques environnementaux.
En effet, les populations les plus modestes subissent souvent un cumul d’expositions néfastes : pollution de l’air extérieure et intérieure, nuisances sonores, îlots de chaleur… Dans les grandes métropoles, les déplacements pendulaires massifs et la congestion du trafic accentuent encore ces effets, aggravant les atteintes à la santé des habitant·es les plus exposé·es.
La seule solution est la réduction de l’usage de la voiture individuelle
Remplacer des voitures par d’autres voitures même plus propres ou électriques a un effet limité, très insuffisant pour faire face à la gravité de la situation, d’autant plus qu’une partie de la population n’est pas en capacité financière de le faire. La seule solution réaliste est la réduction importante de l’usage de la voiture individuelle.
Cela passe par une augmentation massive de l’utilisation des transports collectifs et par un changement culturel, d’imaginaire et d’habitudes. Il faut créer les conditions d’un choc d’offre et proposer une offre de transports en commun ambitieuse, accessible et répondant aux besoins de la population.
Cela exige des choix politiques forts pour mobiliser les moyens financiers et humains nécessaires à un service public de qualité. Un réseau dense, des fréquences soutenues, une régularité fiable : ce sont ces conditions qui permettent de répondre aux besoins des usagers et usagères et d’inciter durablement au changement d’habitudes.
Cela passe également par une augmentation des moyens de fonctionnement pour M Tag, un engagement budgétaire fort et durable qui permet à la SPL de se projeter et de s’organiser en fonction, et surtout, un profond respect pour les agent·es du réseau qui passe par une amélioration des conditions de travail des équipes. C’est une condition non négociable pour que le service public retrouve de la qualité, de la dignité et de la justice.
L’élargissement du réseau vers les zones périurbaines, le développement du RER métropolitain et du ferroviaire (en attendant qu’un gouvernement responsable en assure le financement) ainsi que le maillage avec les autres territoires sont autant de réponses pertinentes pour mieux relier les territoires au cœur de l’agglomération. Cet effort ne saurait se faire au détriment de la fiabilité globale du réseau. Car un service public performant attire, fidélise et transforme les mobilités : c’est là le levier central de la transformation écologique et sociale.
Rappelons que les coûts engendrés par la voiture individuelle (risques sur la santé, embouteillages, accidents) sont beaucoup plus élevés que le développement des transports en commun qui profite autant à celles et ceux qu’ils transportent qu’à celles et ceux qu’ils ne transportent pas.
La tarification est un facteur déterminant pour le report modal
La tarification, quant à elle, est un facteur déterminant pour le report modal. Actuellement en France, ce sont 4,5 millions d’usager·es qui vivent au quotidien des gratuités des transports publics, partielles ou totales. Régulièrement, de nouvelles collectivités font ce choix.
Après Montpellier Méditerranée Métropole qui a lancé fin 2023 la gratuité totale pour les métropolitain·es, Nantes où depuis avril 2021 les transports sont gratuits les week-ends, à partir du 1er janvier 2026, les réseaux bus et TER dans l’Artois, couvrant près de 1 000 km² et 150 communes, deviendront totalement gratuits.
Les retours d’expériences montrent une forte hausse de la fréquentation des transports publics, une ambiance apaisée, un meilleur partage de la ville par toute la population, quelle que soit la catégorie sociale ou l’âge.
La mise en place de la gratuité le week-end est une des mesures préconisées pour notre territoire par la Convention citoyenne pour le climat de Grenoble-Alpes-Métropole. Elle favorise une mobilité accessible à toutes et tous, en particulier pour les ménages modestes, et contribue à réduire les inégalités territoriales en facilitant l’accès aux centres-villes depuis les périphéries.
Elle soutient l’économie locale en encourageant les déplacements vers les commerces, marchés et lieux culturels. En offrant un accès sans barrière financière, elle permet également aux usager·ères occasionnel·les de tester les transports collectifs, incitant ainsi à des changements d’habitudes durables. Expérimenter la gratuité le week-end constituerait une étape supplémentaire vers la garantie pour chacune et chacun de vivre la ville dignement.
Le développement des transports publics nécessite un véritable choc d’offre : des investissements massifs sur les lignes, une hausse des fréquences, une fiabilité, une refonte ambitieuse de la tarification. C’est ainsi que nous garantirons à toutes et tous la liberté de se déplacer pour aller travailler, chercher un emploi, accéder aux services publics, ou simplement profiter des lieux de loisirs et de culture.
Grenoble Alpes Métropole ne peut pas se permettre de prendre encore des années de retard et rester à l’écart de ce mouvement qui allie justice sociale et justice climatique, qui répond aux besoins de mobilité des personnes tout en préservant leur santé.
Pour connaitre l’ensemble des premiers signataires : https://www.placegrenet.fr/2025/08/29/tribune-libre-face-au-changement-climatique-des-mesures-urgentes-simposent-developpons-les-transports-en-commun/658315