
Le Café pédagogique édite un article du SNES-FSU sur l’état de l’éducation nationale dans le second degré, où on manque de tout. L’école ne tient plus qu’à un fil, alerte le SNES-FSU. Pour sa secrétaire générale, la situation est critique et « aujourd’hui, le système éducatif est à l’os » : manque de personnels, réformes déconnectées des études internes et besoins réels, salaires stagnants, précarité en hausse. Le syndicat annonce une rentrée de lutte, avec une première journée de mobilisation nationale le 10 septembre.
Voici des extraits de cet article :
Aujourd’hui, le système éducatif est à l’os. On manque de tout dans le second degré. Il n’y aura pas un professeur devant chaque classe à la rentrée explique la secrétaire générale.
Cette pénurie s’étend à tous les personnels : enseignants, AED, CPE, psyEN, AESH. « C’est la rentrée de la pénurie, à tous les étages. » La situation, estime-t-elle, est « à un point de bascule », où « l’école publique ne tient plus que par le dévouement de ses personnels ». Une école « sur le fil.
Une logique budgétaire « à rebours des besoins »
Depuis la présidence d’Emmanuel Macron en 2018, il y a 8 000 élèves de plus dans le second degré mais 8 265 suppressions de postes. « Cela correspond à 197 collèges supprimés », résume la secrétaire générale. Ces chiffres illustrent une logique budgétaire, et non pédagogique ni démographique à rebours des besoins et des discours politiques. Sophie Vénititay dénonce : « Si la démographie était la boussole, il y aurait eu plus de postes. Ce qu’il faut, c’est une boussole humaine et pédagogique. »
Une crise de sens des métiers.
Au-delà du manque de moyens, le syndicat décrit une profonde crise du sens dans les métiers de l’éducation. « On assiste à des glissements : les psyEN se rapprochent du champ de la santé, les CPE basculent dans une logique sécuritaire », alerte Sophie Vénétitay. Le cœur du métier enseignant, lui, est mis à mal par une succession de réformes.
Un indicateur inquiétant vient confirmer ce malaise : une consultation interne du SNES-FSU a recueilli 10 000 réponses en dix jours, et parmi elles, 2/3 des collègues disent avoir envisagé de démissionner, en raison de la dégradation de leurs conditions de travail. « Le système ne tient plus. Il vacille. »
Des réformes de standardisation, des pratiques pédagogiques rejetées
Le dispositif des groupes de niveau au collège est au cœur des critiques. Pour Gwenaël Le Paih, secrétaire national du SNES-FSU, il s’agit d’une « réforme de tri », qui marque une « tentative de standardisation des pratiques pédagogiques » sans lien avec la réalité du terrain : « Ce n’est pas en classant les élèves en groupes de niveau qu’on les fera progresser. » Le SNES-FSU a d’ailleurs redéposé un recours pour annuler le décret concerné.
Bac Blanquer : « Depuis six ans, on rafistole en permanence »
Au lycée, la réforme du baccalauréat Blanquer reste une source de tensions majeures. « Depuis six ans, on rafistole en permanence », regrette Sophie Vénétitay. Le contrôle continu est pointé du doigt pour le stress généré, la pression et son rôle dans les inégalités en particulier à cause de Parcoursup». Le SNES-FSU plaide pour un retour à des épreuves terminales, anonymes et nationales.
Le cas des mathématiques
Autre sujet de tension : la place des mathématiques au lycée. La création d’une épreuve en 1ère générale et technologique est perçue comme un replâtrage : « Le renoncement à proposer des mathématiques pour tous est un vrai regret », explique Gwenaël Le Paih. « L’approche par l’excellence – qui fait le lien entre les spécialités et les CPGE survalorisées par la ministre – a freiné une partie des élèves, notamment les filles et les élèves des milieux populaires » poursuit-il. Le syndicat réclame l’intégration des mathématiques dans le tronc commun.
Le décrochage salarial et des carrières bloquées
Côté rémunérations, Emmanuel Séchet dresse un constat amer : « Il n’y aura aucune mesure salariale en 2025, comme en 2024. » Le point d’indice stagne, et les enseignants décrochent face à l’inflation. Le salaire indiciaire des enseignants plafonne à 1,08 SMIC, soit 1 850 € nets en début de carrière, alors qu’une rémunération à 2 000 € avait été annoncée.
Le milieu de carrière n’est pas mieux loti, avec l’abandon de la revalorisation prévue en septembre. Et en fin de carrière, ce sont près de 40 000 certifiés bloqués dans le deuxième grade de la hors-classe, touchant environ 2,3 SMIC, contre 3,5 SMIC en 1989.
Précarité : AESH, AED, contractuels oubliés
La précarité reste un angle mort majeur du ministère. Les AESH sont particulièrement concernés : le déploiement des Pôles d’Appui à la Scolarité (PAS) est dénoncé comme « une mesure d’adaptation à la pénurie », prise sans concertation, qui risque d’invisibiliser les situations de handicap…
Inclusion, violences, harcèlement : des dispositifs sans moyens
Concernant les violences sexuelles, sexistes ou le harcèlement scolaire, les dispositifs tels que EVARS ou « Brisons le silence » soulèvent des inquiétudes. « Les personnels vont être confrontés à des paroles difficiles, parfois traumatiques, sans formation suffisante, ni temps collectif pour les traiter », déplore la secrétaire générale du SNES-FSU. Elle relève que le questionnaire mis en place par le ministère « recueille des témoignages très lourds, mais l’anonymat empêche le traitement des situations…»
Une mobilisation dès septembre
Face à cet état des lieux, le SNES-FSU appelle à une rentrée de lutte. Un préavis de grève est déjà déposé, afin de couvrir les mobilisations locales et des outils de mobilisation, des ressources pour défendre l’autonomie pédagogique et la professionnalité des enseignants. Si une journée nationale d’action est prévue pour exiger un autre budget pour l’Éducation, le syndicat soutient et accompagne la mobilisation du 10 septembre, jugeant que la colère dépasse le champ de l’Ecole.