Rapide analyse du 1er tour de l’élection présidentielle

Publié le 27 avril 2012

Les résultats du 1er tour des élections présidentielles montrent que depuis quelques années, les votes des électeurs varient dans de grandes proportions. Aux présidentielles de 2012, le critère qui semble avoir dominé l’élection est la sanction à apporter à Sarkozy. C’est la première fois qu’un président sortant fait un score aussi faible au 1er tour d’une présidentielle. La sanction est d’autant plus sévère que Sarkozy a tout fait pour ne pas avoir de concurrence dans son camp et que c’est un redoutable compétiteur.

Participation

La participation a été assez forte, plus forte qu’en 2002, mais moins qu’en 2007. Traditionnellement, Grenoble votait un peu plus que la moyenne nationale (environ 1 point de plus), mais cette fois, on observe une baisse relative (- 0,4 point) soit 79,1 % de participation.

A noter 4,1 % de procurations portées par ceux qui se sont déplacés, ce qui est beaucoup. Par contre il y a peu de bulletins nuls (1,4%) mais nettement plus qu’en 2007 (0,89 %).

La participation est très différente d’un bureau de vote à un autre et dépend de la sociologie du bureau. Le bureau qui a la plus faible participation est celui de Mistral (62,3%) et celui de la plus forte participation, Berthe de Boissieux 4 (86,24 %).

Dans les 7 bureaux à forte participation (plus de 84 %), il n’y a pas de grande différence avec la moyenne de Grenoble, le vote est un peu plus à droite et à l’extrême-droite. Par contre dans les 12 bureaux à faible participation (moins de 75 %), le vote à gauche (PS + Front de Gauche) est beaucoup plus important, ce sont des bureaux très populaires.

Les résultats globaux

Voici en pourcentages les résultats à Grenoble et nationalement.

Joly

Le Pen

Sarkozy

Mélenchon

Poutou

Arthaud

Cheminade

Bayrou

Dupont
Aignan

Hollande

Grenoble

4,97

10,83

21,33

15,41

0,88

0,47

0,25

8,29

1,25

36,31

France

2,31

17,9

27,18

11,11

1,15

0,56

0,25

9,13

1,79

28,63

A noter qu’E. Joly double son score national qui est décevant, cette élection est traditionnellement très difficile pour les écologistes, D. Voynet avait fait 2,1 % et J. Bové 1,85 % en 2007.

Comme d’habitude le Front National fait beaucoup moins qu’au plan national. De même Sarkozy fait un score très faible à Grenoble, contrairement à Mélenchon et Hollande. Bayrou fait moins que nationalement, c’est l’inverse de 2007.

La droite UMP grenobloise est à un niveau très bas, depuis plusieurs élections, elle paye lourdement son incapacité à faire la critique de son passage aux affaires municipales sous la houlette du corrompu.

La poussée du FN. Comme dans beaucoup de pays européens l’extrême droite progresse. En 2007 il était à 10,4 % en France et seulement à 5,6 % à Grenoble. Le score de 10,8 % à Grenoble peu paraître faible par rapport au score national, mais comme on l’a vu aux cantonales en 2011 lorsqu’il n’y a pas d’enjeu national, le FN peut atteindre 20 % dans certains cantons grenoblois.

Front de Gauche : En 2002, la somme des voix d’extrême gauche et du PC atteignaient 13,8 % en France et 13,3 % à Grenoble. En 2007 c’est une forte diminution (7,7 % Nationalement et 6,2 à Grenoble), en 2012 la somme Front de Gauche et extrême gauche retrouve à peine le niveau de 2002 (12,8 % en France) sauf à Grenoble où il le dépasse largement (16,8 %). Mélenchon a attiré de nombreux votes écologistes et PS critiques notamment à Grenoble. Un rappel utile : à Grenoble, la composante PC du Front de Gauche est alliée à des composantes de droite et au Modem à la mairie et pèse moins de 5%.

Parti Socialiste : En 2012 Hollande fait exactement le même pourcentage à Grenoble que S. Royal en 2007 (36,31%), alors que nationalement il fait presque 3 points de plus. Décidemment le PS Grenoblois est sur le reculoir, le vote Mélenchon a limité le vote pour Hollande malgré la pression du vote utile. Hollande a récupéré nombre de voix qui s’étaient portées su Bayrou en 2007 (19,7 %).

Bayrou revient au niveau du vote centriste de 2002

A Grenoble, la somme des voix de droite et d’extrême droite (sans le centre de Bayrou) atteignait 45 % en France en 2007, elle atteint 46,9 % en 2012. En revanche, elle diminue à Grenoble, passant de 33,9 % à 32,2 %. Il y a une forte volatilité de l’électorat de gauche et écologiste à Grenoble par rapport aux élections locales récentes : municipales de 2008, régionales de 2010 et cantonales de 2011.

Voici la comparaison des votes (en pourcentages) entre les présidentielles de 2007 et 2012 et les régionales de 2010 dans les deux bureaux de vote les plus à gauche de Grenoble (Baladins 2 et 3).

Extr. G

FDG

Ecologistes

PS

Modem

UMP

FN

prés. 2007

7,43

3,31

6,74

55,69

14,34

8,94

3,54

rég 2010

9,53

15,19

32,32

29,83

4,70

3,73

3,87

prés 2012

2,51

27,79

4,82

47,96

2,92

7,00

7,00

On distingue très bien les transferts de vote à gauche entre ces 3 élections. Le vote écologiste très fort aux régionales s’est reporté en 2012 à la fois sur Hollande et sur Mélenchon ce dernier ayant récupéré la majeure partie des votes d’extrême gauche des régionales. Les voix de Bayrou de 2007 sont parties en grande majorité à gauche dès 2010.

Conséquences pour la suite

La sanction contre Sarkozy est nette et il parait très peu probable qu’il puisse inverser la tendance. A force de reprendre et de banaliser les thèmes de l’extrême-droite (voir le discours de Grenoble), il a fait progresser le vote FN à un niveau historique.

Au deuxième tour, le vote pour Hollande devrait atteindre des sommets à Grenoble mais les voix PS traditionnelles (28% aux régionales) seront minoritaires dans ce total.

Pour les législatives des 10 et 17 juin 2012, la montée du FN va créer un nombre de triangulaires qui risquent d’être fatales pour la droite. Le vote utile qui a donné un bon score à Hollande va-t-il se poursuivre aux législatives ou bien les électeurs choisiront-ils de voter selon leurs convictions, ce qui serait souhaitable pour composer une majorité parlementaire aux vraies couleurs politiques ? Est-ce que le Front National sera qualifié pour le 2ème tour sur une des circonscriptions de Grenoble, cela semble difficile, mais la division de l’UMP sur la 1ère circonscription peut créer une situation inédite. Reste enfin la question des scores des écologistes et du Front de Gauche dans ces deux circonscriptions.

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