Sahiri, mais ça suffit !

Publié le 13 octobre 2012

Vitesse, pour ne pas dire précipitation, et paresse guident les médias quand il s’agit de faire appel à un soit disant expert de sujet brûlant. Le profil de l’intéressé ne varie pas, il doit être «bon client», pour employer le jargon, savoir s’exprimer en quelques phrases et asséner des vérités définitives avec l’air pénétré de celui qui ne peut se tromper. Une fois intronisé, c’est alors la gratification suprême avec en boucle la tournée des plateaux et studios dans des émissions dites de débat. Parmi ces « experts » répertoriés, et bien qu’il ne corresponde pas totalement au profil, Aziz Sahiri.

Educateur si l’on se fie à son curriculum vitae, il est adjoint du maire corrompu de 1989-1995 à Grenoble. Pendant cette période, le président du CODASE (Comité Dauphinois d’Action Socio-éducative) qui n’est autre que le premier adjoint au maire de l’époque, crée de toute pièce un emploi de cadre au profit de A. Sahiri. Celui-ci va émarger pendant 6 ans sur le budget du CODASE (subventionné entre autres par le Conseil général) sans jamais occuper le poste, ce qui vaudra au Président de l’association une mise en examen à la suite de plaintes de la CFDT et du comité d’entreprise. Mais au fait de quoi est-il expert A. Sahri ?

Il se présente et on le présente comme un spécialiste de la prévention de la délinquance. En 2005 ne disait-il pas à propos de la délinquance des jeunes : « L’incapacité à s’exprimer génère de la frustration. Faute de mots, l’instrument d’échange devient alors la castagne. Et moins on est capable d’élaborer des phrases, plus on tape ». Comment ne pas reconnaître la pertinence de cette réflexion de haut niveau, car A. Sahiri parle d’or et il le prouve. En 2006 le tribunal correctionnel de Grenoble le condamne à 18 mois de prison avec sursis pour violence avec armes et détention illégales d’armes à feu, et l’interdit de droits civils, civiques et familiaux pendant deux ans. Il y avait déjà eu quelques précédents avec menace de casser les jambes d’un élu à coup de batte de base- ball, ou de s’en prendre à des voisins à l’aide d’un coup de poing américain.

Présenté désormais comme « ancien » ou toujours, c’est selon, « conseiller technique en prévention de la délinquance », mais ancien éducateur spécialisé, il continue de pérorer sur les plateaux télé ou en studios de préférence du service public. On décernera ici une mention particulière à l’animateur de «  C dans l’air » et « Mots Croisés » qui ne peut se passer de A. Sahiri même quand l’émission diffusée mardi dernier a pour titre « Terroristes : made in France ». A moins que en cherchant bien…

Quoiqu’il en soit ce délinquant spécialisé ne craint pas de s’emporter face à son interlocuteur à propos du duo prévention répression « ça c’est mon métier et je le connais mieux que vous ». Au regard de son parcours, en effet nous n’irons pas le démentir.

En revanche, si après avoir fait l’effort minimum de renseignements sur leurs invités potentiels, les médias pouvaient faire définitivement disparaître de leurs ondes et de leurs écrans ce type d’énergumène, il remplirait à coup sûr leur mission de salubrité et de service public.

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