Analyse des résultats des élections européennes à Grenoble

Publié le 13 juin 2009

Communiqué du 11 juin 2009

1) Y a-t-il une exception grenobloise ?

Il faut examiner les évolutions des grands blocs politiques au niveau national, régional et local.

La somme des voix de gauche (PS, PC, écolos, extrême gauche) ont évolués de la manière suivante entre 1999 et 2009, lors des dernières élections européennes.

années national évolution régional évolution Grenoble évolution
1999 43,7 43,4 55,35
2004 47,45 8,6% 45,4 6% 59,1 6,8%
2009 44,95 -5,3% 44,5 -2% 61,04 3,3%

Que ce soit au niveau national, régional et même départemental, entre 2004 et 2009 il y a eu un tassement net des voix de gauche. Par contre à Grenoble c’est l’inverse alors qu’en 2004 l’évolution à Grenoble avait suivi le changement national, à peu près à mi chemin entre national et régional. On aurait pu s’attendre à une diminution des voix de gauche entre 2004 et 2009 d’environ 3 à 4 %, or il y a une augmentation nette de plus de 3 %. Il y a donc une spécificité grenobloise. (voir aussi les résultats sur l’agglomération)

2) Participation

Comme d’habitude la participation évolue en fonction de la sociologie et de l’âge.

Le recul de participation est un peu plus faible à Grenoble qu’au niveau national entre 2004 et 2009. Est-ce que la plus faible participation a bousculé les votes à Grenoble, clairement non.

Il y a 9 sections de vote où il y a une participation nettement plus faible en 2009 qu’en 2004 (plus de 10% de diminution). Ces sections présentent un vote un peu plus favorable au PS que la moyenne de Grenoble (+2,5 points), moins favorable aux écolos (-1,7 point) ainsi qu’à la droite (-3 points). Dans ces sections le PS diminue légèrement un peu plus que pour la moyenne de la ville (0,8 point), les écolos augmentent moins (moins 2 points), la droite augmente un peu plus (1,5 point).

Il y a trois sections de vote qui augmentent leur participation entre 2004 et 2009. Ces sections sont plus à droite que la moyenne, le PS et les écolos étant plus faibles que sur l’ensemble de la ville. Le PS diminue toujours de 0,8 point par rapport à la moyenne de Grenoble, la droite augmente de 3,5 points et les écolos de 0,7 points. La diminution de la participation a joué à la marge sur l’électorat du PS, par contre ne profite pas, contrairement à ce qu’on pourrait croire aux écologistes, mais plutôt un peu à la droite.

Ceci prouve que l’abstention ne joue pas en 1ère approximation sur les votes et donc que les évolutions des votes entre 2004 et 2009 sont des transferts de voix entre électorats.

3) Evolutions des familles politiques à Grenoble aux élections européennes

Voici l’évolution des votes à Grenoble aux européennes.

GRENOBLE Ext-G PC-FG PS Ecolos Modem/UDF UMP FN
1999 6,7 6,3 25,15 17,2 9,5 22,36 7,6
2004 3,8 4,6 36,2 14,5 11,1 15,7 6,2
2009 6,14 6,9 19,0 29,0 7,5 21,3 3,9

L’effondrement du PS est plus important qu’au niveau national (-47 % au lieu de -43%). La perte de 17 points va se répartir sur les écolos, le front de gauche et l’extrême gauche. Au niveau national il y a aussi une perte vers la droite, mais à Grenoble cela n’est pas le cas. Coté écologistes il y a toujours l’exception grenobloise. En effet, en prenant les évolutions nationales entre 2004 et 2009 et les transferts de voix opérés, le score d’Europe écologie aurait dû être
d’environ 24 %. Le travail de terrain paye.

L’extrême gauche progresse fortement à Grenoble par rapport à 2004 (où le score avait été très bas, c’était une spécificité grenobloise) et retrouve le niveau de 1999.

Le Front de gauche fait remonter nettement le score du PC qui s’effondrait au niveau national et encore plus à Grenoble, on peut estimer que dans les 7 % du Front de Gauche, le PC représente à peu près la moitié, vu son déclin historique et continu.

Le Modem qui voulait percer sur la scène grenobloise, essuie un cuisant échec, comme au niveau national.

L’UMP efface son effondrement de 2004, mais augmente moins à Grenoble qu’au niveau national.

Une bonne nouvelle c’est le niveau du vote FN qui descend en dessous des 4 %, pourtant le candidat était très connu.

4) Conclusions

Le grand gagnant du vote à Grenoble est Europe-écologie et le grand perdant M. Destot et sa majorité municipale. L’équation qu’il croyait gagnante en 2008, s’avère un champ de ruines.

Il y a quelques élus de la majorité qui ont voté Europe écologie, mais ce sont des choix purement personnels.

Le poids électoral de la majorité municipale photographié le 7 juin se situe à environ 30 % en raclant tous les votes possibles. La droite atteint 26%.

La première force politique ce sont les écologistes avec environ 30 % (les votes pour l’Alliance écologiste indépendante, 2,6 %, peuvent être répartis entre la droite et europe écologie). L’extrême gauche 5 %, le Parti de Gauche naissant à 3,5 % et le Front national qui s’effondre à moins de 4 %.

En 2004 voici ce que disait le PS grenoblois à propos du recul des écologistes entre 1999 et 2004 lors des élections européennes à Grenoble : « Il y a cinq ans, le rapport des voix PS/verts était de 1,5. Aujourd’hui, il est de 2,5. Les électeurs ont aussi tranché quelques débats actuels » En 2009, la musique n’est plus la même, c’est le silence assourdissant. Le rapport PS/écolos est de 0,65 ! Effectivement les électeurs ont tranchés en 2009 quelques débats grenoblois actuels, notamment le projet de rocade totalement d’un autre âge et qui gaspillera inutilement de l’argent public qui manque cruellement pour les alternatives à la voiture.

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6 commentaires sur “Analyse des résultats des élections européennes à Grenoble”

  1. chastagner dit :

    bonjour,
    petite remarque,le FG front de gauche c’est à dire parti gauche+PC+NPAtendance Piquet n’éxistait pas en 1999 et 2004 donc la comparaison n’est pas approprié.
    sauf à dire que ce front de gauche à grenoble ne fait recette et permet au pC de retrouver le score de 1999.
    bien à vous

    • admin dit :

      @ Chastagner : la comparaison est en effet faite avec les scores du PC, et on voit que cle score du FG estr supérieur à celui du PC, et comme celui-ci était sur la pente descendante, on peut logiquement en déduire que le rassemblement FG a « ratissé » plus large que le PC seul.

  2. c’est optimisant, continuons de creuser ce sillon
    qui s’avère fécond (c’était pas sûr à mes yeux)
    bravo les élus écologistes,l’ades, les verts et les alternatifs.
    CK.

  3. Hallucinante analyse qui ignore superbement l’abstention, qui bat record après record dans ce type de scrutin, et qui est pourtant bien aussi élevée à Grenoble que partout en France ! Quelle myopie !

    C’est bien réconfortant de ne manipuler que des pourcentages, mais dans la vraie vie, la « victoire » du clan présidentiel a été acquise avec 28 % de 39% des inscrits, soit à la louche 11 % à peine du corps électoral. Les chiffres sont implacables.

    Alors je vous fait grace de mes commentaires sur les « scores » lilliputiens des challengers de l’oposition de gauche.

    J’ai beau chercher, même si la revanche des écolos sur la clique socialo dans ma bonne ville de Grenoble.n’est pas pour me déplaire, en relevant le nez je ne vois aucune raison de me réjouir des résultats de ce scrutin.

    Bien à vous

    • admin dit :

      Nous n’avons sans doute en effet pas suffisamment insisté sur le taux d’abstention, hélas habituel pour l’élection européenne, et spécifique à cette élection. Cela pose aussi la question de l’appropriation par les citoyens de l’échelle européenne…

      Mais cela ne change rien à la réalité des chiffres par ailleurs 😉

  4. […] scores des écologistes aux européennes et aux régionales sonnent comme des avertissements sans frais. Alors le ton […]