On en parle

Publié le 21 octobre 2011

« Parler Bambin » est mis en place depuis 5 ans environ, dans la quasi totalité des crèches de Grenoble. Ce programme initié par le grenoblois Michel Zorman, médecin de santé publique et chercheur en neuro-sciences, consiste à améliorer l’acquisition du langage des enfants de 18 à 36 mois en vue de lutter contre les inégalités sociales et l’échec scolaire. Concernant les modalités pratiques, le niveau de langage des enfants est évalué dès l’âge de 18 mois par un questionnaire rempli par les parents. Puis, les enfants sont pris en charge par groupe de 2 ou 3, et après une période de 6 mois ils font l’objet d’une nouvelle évaluation. M. Zorman part du constat qu’en améliorant l’acquisition du langage de l’enfant, on développe ses compétences scolaires. Aussi demande-t-il aux professionnels de veiller à une prise en charge de l’enfant plus individuelle que collective, pour une meilleure stimulation. Le manque de stimulation et de vocabulaire proviendrait en effet du retard de langage. Par toute une série de techniques dans lesquelles nous n’entrerons pas, « Parler Bambin » pourrait être assimilé à une recette qui donnerait les clefs de la résorption de l’échec scolaire dès l’âge de 18 mois. A chaque problème sa solution. Un peu trop beau et sûrement très réducteur.

Cette recette fait fi de la globalité de l’enfant (qui rappelons-le n’est pas encore élève), de la famille, des aspects culturels, sociaux et psychologiques, toute chose qui font qu’un être humain est en perpétuelle évolution. Or tout professionnel de l’enfance quel qu’il soit, sait comme de nombreux parents, que tout enfant entre dans le langage, lorsqu’il apprécie la relation avec les autres enfants et les adultes qui l’entourent. C’est la qualité de cette relation indispensable qui fort heureusement, ne peut s’évaluer dans les mêmes termes neuro-scientifiques que « Parler Bambin ». Le rôle de la collectivité est d’abord, de garantir le nombre et la qualité des professionnel-les, afin que ce goût de la relation se développe, grâce à la bienveillance et l’attention nécessaires à chaque enfant dans son mode de garde.

C’est toujours dans l’intention louable de la prévention que M. Zorman a soufflé les critères « à risque » et à « haut risque » à L. Chatel ministre de l’éducation nationale qui envisage de lutter contre l’échec scolaire par la mise en place d’évaluation des acquis en fin d’école maternelle. Ce projet rappelle étrangement les préconisations contenues dans le rapport de l’INSERM de 2005, pour le dépistage des troubles des conduites chez les tout petits.

Evaluation, voilà le maître mot de ces dernières années, évaluation auxquelles sont soumis les femmes, les hommes et bien entendu les enfants dès la crèche, et après ?…

Voilà qui devrait faire réfléchir « Les évalués aujourd’hui, ne sont jamais les décideurs, ni aucun des détenteurs d’une parcelle de pouvoir, ce sont au contraire les gouvernés. » JC Milner, philosophe.

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