A Grenoble nous sommes malheureusement habitués à voir des hommes politiques blanchir de l’argent, commettre des infractions pénales, s’enrichir personnellement grâce à leurs mandats, mélanger les intérêts privés et publics, se laisser aller aux conflits d’intérêts… Depuis 2008, n’est-il pas surprenant d’avoir nommé un ancien agent immobilier comme adjoint chargé de l’urbanisme, quand on sait les relations étroites entre l’urbanisme et l’immobilier ?
Il n’est pas inutile de rappeler que l’action publique a pour impératif de se dérouler sur la base de règles bien précises qui ne doivent souffrir aucune exception.
Une des règles évidentes mais malheureusement trop souvent oubliée, est celle qui consiste à ce que les élus décident en toute connaissance de cause lorsqu’ils votent dans les assemblées délibérantes. Il n’y a qu’à suivre de près la politique municipale grenobloise pour constater que tel est rarement le cas. De fait, le conseil municipal est la plupart du temps une simple chambre d’enregistrement. Prenons seulement trois exemples :
- Quels élus avaient une vue claire du dossier quand ils ont voté en juin 2008 les nouveaux tarifs du chauffage urbain ?
- Quels élus ont étudié la révision simplifiée du PLU de la Presqu’île (octobre 2009), qui restructure pas moins de 240 hectares de la ville, avant de voter la délibération ?
- Quels élus connaissaient les raisons de cette précipitation à mettre en place la nouvelle délégation à GEG pour 30 ans, avant de la voter (octobre 2012) ?
Sur ces trois dossiers, où la décision était clairement illégale (les élus Ecologie et Solidarité ont pourtant tiré le signal d’alarme) seuls quelques élus, proches du maire, devaient connaître la réalité des choses, mais les autres ont voté les yeux fermés, participant ainsi à de mauvaises décisions publiques.
Les élus ne bénéficient d’aucune formation sur leurs droits et obligations liés à leurs mandats. Avides, pour la plupart, de reconnaissance sociale ils oublient que cette fonction est avant tout un service à rendre aux citoyens.
Autre aspect déplorable à changer c’est celui du cumul des mandats et des indemnités.
Le Président de la République a déclaré que des mandats électifs ne devaient pas se traduire par de l’enrichissement personnel. Nous sommes tout à fait d’accord, mais les mesures proposées ne vont pas dans ce sens. Il serait sain et instructif que les parlementaires de l’Isère, les tenants des grands exécutifs (mairie de Grenoble, Métro, Conseil général et Conseil régional) fassent part, chaque année publiquement du montant annuel de leurs indemnités de base, de résidence, de fonction, de représentation et des avantages en nature perçus, liés à leurs mandats. On pourrait ainsi mesurer l’évolution de leur patrimoine depuis le début de leurs prises de fonction ! Il faudrait donc interdire le cumul des indemnités et mettre une limite supérieure beaucoup plus faible que maintenant (8000 € par mois), car en plus des indemnités, les responsables bénéficient de gratuités pour se déplacer, se nourrir, voyager…
Il serait également urgent de mettre en place des règles drastiques pour que les collectivités refusent de traiter de projets municipaux avec des banques ou leurs filiales immobilières ayant des liens avec les paradis fiscaux.
Nous sommes loin de la République exemplaire promise dans les discours. Mais il relève aussi de la responsabilité des électeurs de s’assurer que les candidats mettront leurs actes en accord avec leurs promesses. Si c’était le cas, la plupart des responsables actuels ne seraient plus en fonction.
Mots-clefs : Corrompu, cumuls de mandats