Musiciens du Louvre, une mise au point

Publié le 13 février 2015

Musiciens du Louvre GrenobleLa très forte diminution de la subvention à l’association des Musiciens du Louvre fait couler beaucoup d’encre. Il n’est pas inutile de préciser tout de même quelques réalités que beaucoup ignorent et que nous avons collectées auprès de personnes très au fait de la vie de la musique classique grenobloise.

Il est intéressant de comprendre comment les Musiciens du Louvre ont remplacé l’Ensemble Instrumental de Grenoble qui était un orchestre permanent avec quelques 40 musiciens grenoblois, et dont l’activité essentielle se déroulait sur le territoire de Grenoble et de l’Isère.

En 1996 l’orchestre qui se cherchait un chef s’est vu imposer Marc Minkowski par la ville en dehors du cadre prévu pour le recrutement du chef d’orchestre… première surprise !

Deuxième surprise, M. Minkowski a voulu faire de l’orchestre de Grenoble un orchestre baroque. C’est en tout cas la stratégie qu’il a mise en place pour évincer les musiciens grenoblois et les remplacer par les musiciens qui jouaient avec lui depuis 1982. On peut se demander dès lors pourquoi avoir changé le nom de l’orchestre et pour quelles raisons, un orchestre parisien voulait trouver un point de chute en province…

La réponse est simple. L’orchestre des Musiciens du Louvre était en très grande difficulté financière en 1995/96 et Grenoble a été une stratégie pour que M. Minkowski puisse conserver son orchestre, avec la complicité du maire de Grenoble (M. Destot).

Rappelons que pendant des années,  Les Musiciens du Louvre ont vendu à prix d’or (c’est-à-dire au moins autant que pour les concerts qu’ils vendent dans d’autres villes) leurs concerts à la MC2. Ceci a été relevé en son temps par Michel Orier alors directeur de la MC2.

Les tarifs des concerts des Musiciens du Louvre à la MC2 sont parmi les plus chers de tous les concerts de musique classique. Cette anomalie conduit les spectateurs à payer non seulement le prix de leur billet, mais aussi la subvention de la ville aux Musiciens du Louvre et à la MC2 qui achète les concerts des Musiciens du Louvre alors que ceux-ci sont subventionnés par la ville, le département et la Région. Cette situation n’existe dans aucune autre ville.

Une des autres anomalies de cet orchestre c’est qu’il ne reste actuellement que 2 ou 3 musiciens permanents. Tous les autres sont des intermittents venant de Paris, ce qui fait que quand vous voulez entendre les Musiciens du Louvre à Grenoble, il faut payer, non seulement le prix des salaires mais aussi toutes les indemnités de transports, d’hébergement de tous les musiciens, ce qui commence à expliquer les prix excessifs de leurs concerts.

Les Musiciens du Louvre se permettent même de contester, la valorisation des avantages en nature apportés par la ville, qui pour eux ne reposerait sur rien de concret. Or les services de la ville ont précisé que le montant total de ces avantages se chiffrait à 109 460 € pour 2013 et se décompose ainsi : loyer estimé de la salle Olivier Messiaen à 69 022 €, les fluides pour 36 858 € et la communication (affichage) pour 3 580 €.

Le fait que les Musiciens du Louvre n’aient occupé que 22 fois cette salle la saison dernière prouve leur absence de Grenoble.

Jusqu’à l’année dernière les Musiciens du Louvre ont été les grands absents du territoire de Grenoble et de l’Isère. Le directeur de la MC2 avait même il y a quelques années mis en demeure l’association des MdLG de respecter la convention qui liait les Musiciens du Louvre avec la MC2 et qui prévoyait 6 programmes… ce qui n’était de loin pas le cas.

Quant aux activités que les musiciens incluent dans les 43 concerts, il s’agit de prestations en très petit effectif, (duos, trios, quatuors …) confiées à l’Atelier des Musiciens du Louvre. M. Minkowski y brille par son absence. Il ne faut donc pas assimiler le financement d’un orchestre avec l’organisation de prestations musicales en très petit effectif qui n’ont rien à voir avec un orchestre. Car si on considère que la subvention de la ville de Grenoble sert essentiellement aux prestations locales, alors, 43 concerts en petite formation, cela représente près de 10 000 € par prestation… hors de prix !

On peut aussi faire remarquer que nombre d’orchestres invités à la MC2 (Les Siècles, la Chambre Philharmonique, Le Cercle d’Harmonie, L’Ensemble Intercontemporain, l’Orchestre des Pays de Savoie, Scottich Chamber orchestra (avec Renaud Capuçon et Robin Ticciati) sont proposés à des prix soit inférieurs ou égaux à ceux proposés par les Musiciens du Louvre…. Ce qui compte tenu du fait qu’ils sont subventionnés par la ville, le département et la Région devraient proposer des concerts beaucoup moins chers (ils sont censés être de Grenoble, alors que les autres orchestres viennent de loin !).

Quant aux activités dans les écoles et les quartiers, il y a heureusement pour Grenoble des associations qui font ce travail de médiation culturelle depuis bien longtemps, sans que cela coûte aussi cher.

Les budgets alloués depuis des années aux Musiciens du Louvre étaient un choix de l’ancienne majorité. Ces choix ont été faits en grande partie au détriment d’autres acteurs culturels grenoblois beaucoup plus implantés et soucieux du territoire, de l’efficacité de leurs actions auprès des publics traditionnels de la culture, mais aussi des jeunes, des publics oubliés, que d’un rayonnement à l’étranger qui n’apporte rien à la ville de Grenoble, ni a ses concitoyens.

 

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