Rapport sur la sûreté nucléaire et la radioprotection en France en 2021

Publié le 21 mai 2022

L’autorité de Sureté Nucléaire (ASN) vient de rendre publique son rapport d’activité pour l’année 2021. Il a été présenté le 4 mai à l’Office parlementaire des choix scientifiques et technologiques (OPECST).

Comme l’ASN l’indique clairement : « Ce qui ressort plus particulièrement de l’année 2021, et notamment de sa seconde partie, ce sont les fragilités industrielles qui touchent l’ensemble des installations nucléaires et le débat qui s’est installé sur les choix de politique énergétique et la place du nucléaire dans ces choix. » 

Et l’avantage d’avoir de nombreux réacteurs qui se ressemblent peut vite devenir un inconvénient pour la sureté : « Les réacteurs français sont techniquement proches les uns des autres et forment un parc standardisé exploité par EDF. Si cette homogénéité permet à l’exploitant et à l’ASN de disposer d’une solide expérience de leur fonctionnement, elle conduit aussi à un risque accru en cas de défaut générique de conception, de fabrication ou de maintenance détecté sur l’une de ces installations, pouvant affecter l’ensemble des réacteurs. L’ASN exige donc d’EDF une forte réactivité et une grande rigueur dans l’analyse du caractère générique de ces défauts et de leurs conséquences pour la protection des personnes et de l’environnement, ainsi que dans leur traitement. »

Voir par exemple deux inconvénients plus ou moins inquiétants :

« CORROSION DES ASSEMBLAGES DE COMBUSTIBLE À GAINAGE « M5 »

En février 2021, lors du déchargement du combustible du réacteur 2 de la centrale nucléaire de Chooz B, EDF a détecté des traces de corrosion blanches sur plusieurs assemblages de combustible. Cette corrosion a provoqué la desquamation de plusieurs gaines de crayons de combustible, qui n’ont toutefois pas été percées. Par la suite, EDF a observé le même phénomène de corrosion sur d’autres réacteurs. Il ne concerne que des assemblages de combustible fabriqués par Framatome dont les gaines sont en alliage « M5 ». Les analyses réalisées ont mis en évidence plusieurs paramètres susceptibles d’expliquer ce phénomène, notamment la teneur en fer des gaines et la puissance de fonctionnement du réacteur. EDF a révisé ses exigences sur la teneur en fer du matériau M5. Dans l’attente du déploiement de cette modification sur l’ensemble de ses réacteurs, EDF peut continuer à utiliser les assemblages de combustible à basse teneur en fer, sous réserve de montrer qu’ils ne subiront pas de desquamation lors de leur irradiation et d’appliquer des mesures compensatoires graduées (réduction de puissance, modalités particulières d’exploitation des cœurs ou du réacteur). Cette stratégie a conduit EDF à écarter de la constitution des cœurs plusieurs assemblages de combustible pour lesquels la teneur en fer de l’alliage M5 était trop faible. Les analyses visant à mieux caractériser le phénomène se poursuivront en 2022 »

Et plus grave et qui s’étend à d’autres réacteurs en 2022 :

« PHÉNOMÈNE DE CORROSION SOUS CONTRAINTE DÉTECTÉ SUR LES TUYAUTERIES DE PLUSIEURS RÉACTEURS Lors de contrôles par ultrasons réalisés au cours de la deuxième visite décennale du réacteur 1 de la centrale nucléaire de Civaux, des indications (1) ont été mises en évidence sur des soudures de coudes de la tuyauterie raccordant le système d’injection de sécurité au circuit primaire principal du réacteur. EDF a pris la décision d’arrêter le réacteur 2 de la centrale de Civaux pour réaliser, de manière anticipée, des contrôles des zones concernées, les précédents contrôles datant de 2012. Les résultats de ces contrôles ont confirmé la présence d’indications similaires à celles du réacteur 1. Les parties de tuyauteries concernées du réacteur 1 ont été découpées pour expertise métallurgique en laboratoire et ont mis en évidence la présence de fissuration résultant d’un phénomène de corrosion sous contrainte. Au regard de l’origine inattendue des fissurations constatées, EDF a pris la décision de mettre à l’arrêt les réacteurs de conception similaire de la centrale nucléaire de Chooz afin de réaliser des contrôles complémentaires à ceux réalisés en 2019 et 2020 lors de leur visite décennale. Ces examens ont mis en évidence des indications. Par ailleurs, des indications ont également été détectées lors de la troisième visite décennale du réacteur 1 de Penly. Début 2022, EDF poursuit ses investigations pour caractériser les facteurs à l’origine de ce phénomène et identifier les réacteurs et les zones possiblement concernés. L’ASN, avec l’appui technique de l’IRSN, suit avec attention ces investigations et les conclusions qui en seront tirées. Pour disposer des dernières informations sur le sujet : asn.fr, rubriques « L’ASN informe », « Actualités ».

1. Une indication est un signal (typiquement un écho pour des contrôles par ultrason) mettant en évidence la possible présence d’un défaut dans le matériau contrôlé. »

Rapport de l’ASN 2021

Un article de Reporterre apporte des informations supplémentaires, sur l’intervention de l’ASN à l’OPECST : « La cause prépondérante serait une géométrie des lignes différente entre les réacteurs de 900 MW — design américain Westinghouse — et ceux de 1 300 et de 1 450 MW — design francisé, a ainsi annoncé M. Doroszczuk. Ce ne serait pas lié à un problème de vieillissement, puisque les réacteurs les plus récents sont aussi les plus affectés. Et la réalisation des soudures apparaît aujourd’hui comme une cause de second ordre par rapport à ce problème de géométrie des lignes. 
Pannes en série, nouveaux réacteurs… l’ASN réclame un « plan Marshall » du nucléaire (reporterre.net)

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