Le taux de départ en vacances plafonne depuis 40 ans en France

Publié le 27 juin 2025

Le taux de départ en vacances a peu évolué au cours des trente dernières années, analyse le Centre d’Observation de la Société le 19 juin 2025.

Il était de 61 % en 1989 selon l’Insee, et de 64 % en 2023 selon le Crédoc. La crise sanitaire a logiquement fait chuter le taux en 2020, mais celui-ci est vite revenu à son niveau antérieur. Le boom des départs en vacances s’est produit entre les années 1970 et 1980. Le taux a alors grimpé de 42 % à 58 % entre 1964 et 1985 1.

Plus du tiers de la population selon les années ne part donc pas en congés. Et encore, la définition des vacances est très large : il suffit de passer quatre jours hors du domicile personnel. Les vacances elles-mêmes peuvent être de nature très différente. Il peut s’agir de partir à quelques kilomètres pour visiter de la famille ou des amis le temps d’un week-end prolongé, comme de s’évader plusieurs semaines dans des hôtels de luxe à l’étranger ou sur un yacht.

Le plafonnement du taux de départ depuis trente ans peut s’expliquer de plusieurs façons. Les niveaux de vie stagnent pour les catégories les moins favorisées, ce qui ne facilite pas les départs. La croissance de la précarité de l’emploi rend aussi les choses plus difficiles. Une étude du Crédoc avait montré que la hausse du taux de départ à la fin des années 2000 et au début des années 2010 résultait pour l’essentiel d’une progression chez les seniors : le taux de départ des plus de 70 ans est alors passé de 32 à 47 % entre 2008 et 2014. Les revenus de ces générations progressent car elles ont moins été marquées par le chômage et du fait de l’augmentation de l’activité féminine. En meilleure santé physique, leurs modes de vie – et leur rapport aux loisirs – changent.

De nombreux facteurs jouent. Une partie de la population est trop âgée pour se déplacer, certains sont en mauvaise santé ou changent de travail et n’ont pas de jours de congés. Mais dans ce domaine, le revenu joue un rôle central. Selon l’Insee, la part de ceux qui figurent parmi les plus modestes et qui disent ne pas avoir les moyens de se payer une semaine de congés hors de leur domicile (voir graphique) stagne à un peu plus de la moitié depuis dix ans. Cela représente environ six millions de personnes (enfants compris).

Le contraste est grand entre la représentation commune des modes de vie des Français et le vécu d’une grande partie des familles de milieu populaire. Le modèle de la famille qui se met au vert l’été et au blanc l’hiver reste l’apanage d’une petite fraction de la société. Parmi les ménages modestes, seuls ceux qui disposent d’un hébergement gratuit (famille ou amis) ou qui sont aidés par un comité d’entreprise (pour ceux qui travaillent dans les grandes entreprises) peuvent s’offrir de plus longs congés hors de chez eux.

Notes : 1. Depuis 2004, l’Insee ne publie malheureusement plus de données sur ce sujet.

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