Esplanade, les raisons d’être contre le projet

Publié le 28 janvier 2012

Au conseil municipal du 23 janvier, la majorité municipale a donc voté la création de la Zone d’aménagement concerté (ZAC) et lancé la révision simplifiée du Plan local d’urbanisme (PLU) sur l’Esplanade. Il y a pourtant de nombreuses raisons de s’opposer à ce projet.

  • Comme d’habitude la concertation a été truquée. Malgré de petites évolutions marginales, que les représentants du CCS2 ont découvert en séance, rien n’a changé dans les options fondamentales du projet (nombre de logements, position de la ligne de tram, venelles très étroites…), et toujours rien, silence assourdissant sur le devenir de la foire et des manifestations sous chapiteau, type cirques, etc. Notons l’incapacité de la majorité à proposer une co-construction d’un projet avec les Grenoblois (à part sur le projet des quais). Elle aurait pourtant eu là l’excellente occasion de changer de méthode d’élaboration d’un projet, car rien ne pressait (à part le tram E). Contrairement à ce qui est écrit dans les documents, rien ne s’opposait à ce que la ville  propose divers scénarios sur lesquels les Grenoblois auraient pu travailler (et cela vaut pour l’ensemble des projets d’urbanisme).

 

  • Une hyper densification des logements : 1200 logements pour 12 hectares de ZAC, soit 100 logements/ha, soit le double de la moyenne de la ville, et des constructions d’autant plus concentrées qu’en majeure partie les 700 logements seraient exclusivement concentrés sur la couronne de l’Esplanade (moins de 2 ha), soit une densité de plus de 350 logements/ha pour cette zone-là ! Il ne serait pas inutile de faire la comparaison avec ce qui est en cours en face à J. Macé sur le terrain Schneider avec les 11 tours de 11 étages, pour imaginer ce que deviendrait l’Esplanade. Il y avait la possibilité d’utiliser l’espace de manière différente au lieu de tout concentrer contre le quartier existant. Est également choquante la présence de venelles privées en grand nombre avec le risque à terme d’une ségrégation spatiale.
  • Le programme de logement n’est pas bon. Il n’y a pas assez de logements peu chers accessibles à la propriété. C’est un programme pour les riches (cf. la tour). Quand on s’y attarde un peu, c’est le cas de tous les programmes d’urbanisme en cours ou en projet de cette municipalité. Il faudrait appliquer la règle des 3 tiers = 1/3 logements sociaux, 1/3 accession sociale et 1/3 accession promoteurs. A noter des divergences importantes internes à la majorité sur cette question. L’adjoint à l’immobilier défendant la tour en expliquant que les tours de l’Ile Verte sont bien acceptées, oubliant de dire qu’elles ne sont pas à basse consommation et que les charges y sont très élevées. De son coté l’adjointe au logement voudrait que les logements neufs soient beaucoup moins chers (de 2000 à 3000 €/m2), ce qui n’est le cas dans aucun des programmes de la ville (hors bailleurs sociaux). Actuellement personne ne sait construire des tours à basse consommation à moins de 3000 €/m2, alors pourquoi s’entêter à l’Esplanade, à la Presqu’île et à Flaubert ? Il faudrait que les adjoints parlent d’une même voix.
  • Mauvais tracé de la ligne de tram E, qui aurait dû être au centre du quartier ce qui aurait éloigné les nouveaux logements des anciens.
  • Insuffisance des études des déplacements suite à la suppression de l’A48. La suppression de l’A48 qui est une artère de l’agglomération et de l’entrée et sortie de ville devrait être accompagnée d’une étude globale des conséquences sur l’ensemble des déplacements dans l’agglomération, ce qui n’est pas le cas. Le nouveau pont qui traverserait l’Isère en face de la rue Durand Savoyat ne fait pas partie de la ZAC, c’est pourtant un élément essentiel.
  • Insuffisance de l’étude d’impact, l’autorité environnementale (préfecture de la Région), très sévère sur cette étude écrit : « La ZAC est située dans un tissu urbain fragmenté mais aussi à fort potentiel. A ce stade de la procédure, l’étude d’impact souligne les insuffisances du dossier en termes d’études liées notamment : à l’habitat, l’énergie, la pollution des sols, l’analyse environnementale et urbaine… ».
  • Le syndrome du gigantisme, un rêve de certains qui peut se terminer en cauchemar, l’histoire est jonchée d’exemples.

Mais qui a dit : «L’ensoleillement, les vues vers le lointain sont aussi cruciales. Le principe d’une trame s’est donc imposée et, avec elle, les îlots ouverts…  Enfin, ce que Grenoble a d’extraordinaire, ce sont ses montagnes au bout de chaque rue, si chères à Stendhal. Je me souviens être venu à Grenoble vers l’âge de 7 ans et la vision de ces montagnes au bout des rues m’est toujours restée. C’est une beauté naturelle. Si on fait de l’habitat, il faut l’exalter et pouvoir, depuis sa terrasse, voir les montagnes. Dans une ville, on a besoin de voir près, d’avoir une intimité mais aussi de voir au loin. L’idéal est d’avoir les deux. ». C’est l’architecte qui s’occupe de la Presqu’île ! Il est regrettable que pour l’Esplanade il ne se soit pas inspiré de ses beaux principes.

Mots-clefs : ,

Le commentaires sont fermés.