Au secours, l’A 51 revient !

Publié le 20 octobre 2012

Le projet avait été enterré par le gouvernement Sarkozy, le ministre J.L. Borloo expliquant que ce projet n’était pas réalisable à cause des impasses financières, environnementales et juridiques. F. Hollande, durant la campagne présidentielle, avait évoqué la prolongation de l’A51 au-delà du col du Fau, terminus actuel. Cela n’avait pas ému les populations habituées aux promesses électorales qui n’engagent que ceux qui les écoutent.

Mais le Président du Conseil Général de l’Isère, qui a du mal à exister, n’ayant pas été nommé ministre, ne manque aucune occasion pour se rapprocher du lobby routier et autoroutier. Il décide de financer l’élargissement l’A480 et le 21 juin 2012 lors d’une séance du CGI (Conseil général de l’Isère) indique qu’il reparlerait de l’A51 au ministre des transports. Ce qui n’avait pas créé de réactions particulières.

En revanche le 28 septembre A. Vallini se fend d’une lettre aux entrepreneurs de l’Isère dans laquelle il fait la liste de tous les projets du CGI dans le BTP (Bâtiments et Travaux Publics), le Center Parcs dans les Chambaran, l’élargissement de l’A480 et glisse la petite phrase suivante :

« Dans le prolongement d’A480, je viens de prendre l’initiative, soutenue par mes collègues présidents des Conseils généraux des Hautes-Alpes, de la Drôme et des Alpes de Haute Provence, de relancer l’achèvement de l’A51 Grenoble-Sisteron – Aix en Provence. »

Et subitement c’est le buzz…

Dans le journal télévisé de France 3 Alpes du 13 octobre, A Vallini en remet une couche :

« Il y a déjà quelque temps que j’avais envie de relancer ce projet,  ce dossier. On me disait que ce n’était pas le moment, que ça allait en gêner certains, ça allait en heurter d’autres. J’en ai assez de toutes ces tergiversations, j’en ai assez de toutes ces frilosités. Moi, quand je crois à quelque chose, j’y vais, je fonce. Donc, voilà, j’y vais, je fonce et j’espère qu’au bout du compte on réussira à terminer enfin A 51. »

9 « je » dans ces 5 lignes : un record à la mode sarkozyste ! Jamais le président du CGI n’a reçu mandat de son assemblée délibérante pour « exécuter » une relance de l’A 51 ? Or un président d’exécutif local est là pour exécuter ce que son assemblée à décidé après débat et vote.

On se croirait revenu au temps où A. Vallini décidait de relancer le projet de rocade nord, expliquant que lui, enfin, allait régler cette affaire qui n’avançait plus. On a vu le résultat, quelle efficacité, 30 millions d’€ gâchés en études inutiles et 2 ans de perdus pour la ligne de tram E !

La presse locale s’empare de cette affaire et on assiste à un déferlement de prises de positions les plus farfelues.

Par exemple, celle de M. Chamussy (DL 14 octobre 2012) : « Quelles que soient les motivations politiques du président du conseil général de l’Isère, je ne peux que soutenir une telle initiative qui remet à l’ordre du jour la réalisation d’une infrastructure essentielle pour le désenclavement de Grenoble et de son agglomération. » Il va falloir qu’il explique en quoi le bouclage de l’A51 va désenclaver Grenoble et son agglomération. Toutes les études sérieuses ont démontré qu’au contraire il y aurait une forte augmentation du trafic sur l’A480, notamment des camions quittant la vallée du Rhône trop encombrée. La conséquence étant l’asphyxie de l’agglomération par la pollution atmosphérique notamment par les particules fines.

Les opposants à ce projet inutile et très cher (2,2 milliards !) ont proposé depuis longtemps et de manière très détaillée une alternative qui consiste d’une part à améliorer les routes nationales existantes (75 et 85) et organiser des contournements des villes traversées et d’autre part à améliorer la ligne de chemin de fer Gap-Grenoble, dont l’infrastructure à voie unique a plus d’un siècle.

Encore une fois le défi climatique, le pic pétrolier et les risques constatés sur la santé humaine (42 000 morts /an dus à la pollution de l’air, surtout celle des voitures et des poids lourds) imposent de mettre un terme définitif aux grands investissements routiers et de tout faire pour offrir des alternatives efficaces aux déplacements automobiles. Tout décideur politique qui prétend le contraire est irresponsable ou soumis à des lobbys industriels (ou les 2 à la fois…). La grande priorité du Conseil général devrait être d’aider le SMTC et la Région à développer les transports en commun, augmenter la capacité des TER saturés aux heures de pointe ou encore les parkings relais pour permettre à tous les périurbains de se déplacer du domicile au lieu de travail dans les meilleures conditions possibles.

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