Non au tunnel de base Lyon-Turin, oui à la ligne actuelle

Publié le 1 mai 2015

non-lyon-turinMichel Destot, qui est chargé d’un rapport sur le financement du tunnel de base, raconte son passage à Bruxelles avec le lobby du Lyon-Turin le 15/04/2015 :

« J’ai moi-même pris la parole pour défendre la portée sociale, européenne, économique et écologique de ce formidable projet… J’ai en particulier insisté sur la dimension report modal de ce projet – voitures et camions vers le rail –  et sur son impact économique : 70 milliards d’euros d’échanges commerciaux entre France et Italie, investissement de 8,5 milliards d’euros pour le tunnel transfrontalier générant de 5.000 à 10.000 emplois pendant les 12 ans de la durée du chantier,… »

Cela démontre qu’il ne connait pas le dossier. Des voitures sur le Lyon-Turin ? C’est peut-être parce qu’il a été démontré qu’il n’y aurait pratiquement pas de camions à mettre sur la nouvelle ligne qu’il vient d’imaginer soudain qu’on pourrait y mettre des voitures (juste pour leur éviter quelques kilomètres de tunnel ?).

5 000 à 10 000 emplois pour le tunnel de base (peut-être pour creuser à la pioche ?) : il n’a pas dû lire les dossiers : le chiffre réel est au maximum de 2000 emplois, dont beaucoup seront sans doute occupés, comme sur tous les grands chantiers, par des salariés surexploités venus des pays de l’Est dans le cadre des prestations de service transnationales si mal encadrées par le droit social européen et difficiles à contrôler par les inspecteurs du travail et de l’URSSAF.

Impact économique du Lyon-Turin : 70 Mds ! Pourquoi s’arrêter aux échanges commerciaux France-Italie ? L’impact économique concerne aussi les échanges avec tous les pays qui sont au delà des Alpes, et ces échanges se font déjà sans le Lyon Turin. Et notre génial député si social-libéral ignore l’impact de la « mondialisation heureuse » qu’il soutient : les pays d’Asie sont devenus l’atelier du monde entier et donc les flux de marchandises transportées par bateaux entiers arrivent en Europe via les grands ports du Nord (Rotterdam…) et du Sud (Gênes, un peu Marseille). Donc les flux dominants sont devenus Nord-Sud et non plus Est-Ouest (donc Italie-France). Ce qui explique la baisse des trafics sur ce corridor.

Coût du tunnel : 8,5 Milliards € : c’était en 2010 ; Le chiffre annoncé actuellement est déjà de 12 Mds et ça va continuer à augmenter suivant la célèbre loi qui indique qu’il faut multiplier par Pi (3,14) le coût estimé pour avoir le coût final.

Enfin Mr Destot lors d’une réunion du « comite régional Lyon-Turin » le 20 avril 2015 au conseil régional présidée par JJ Queyranne et le préfet de région, devant 50 élus, a lancé, pour répondre à un élu écologiste (Pierre Mériaux) qui avait développé des arguments rationnels et basés sur des faits pour expliquer qu’il ne fallait pas se lancer dans cet « éléphant blanc » : « il faut faire ce tunnel car c’est bon pour l’économie et surtout c’est une chance extraordinaire de participer ainsi à l’un des plus grands ouvrages du monde » .

La religion de la croissance « soutenue » par des sommes croissantes d’argent public et la vénération du « plus grand, plus gros »… mérite une analyse beaucoup plus sérieuse…

Avec de telles déclarations, Bruxelles peut légitimement être inquiet sur le sérieux du management d’un tel projet côté français. Il faut d’urgence mettre les camions sur les trains de la voie existante qui suffira largement pour assurer une très bonne liaison Lyon-Turin

Une manifestation est programmée pour le dimanche 14 juin sur le stade de Chapareillan à 11h. Pour prendre connaissance du dossier : http://lyonturin.eu/

Pour montrer comment on essaye de tromper les décideurs dans ce dossier, ce simple tableau est très éclairant qui comparait les perspectives élaborées en 2002 pour 2012 et la réalité.

Leurs « prévisions » de 2002 pour 2012

Ils prévoyaient :

Les données réelles en 2012.

On a constaté :

60 millions de tonnes de marchandises, 22,4 millions de tonnes
7.000 camions par jour, 3.321 camions par jour,
la saturation de la ligne ferroviaire existante, Elle est utilisée à 17% de sa capacité fret
15 à 19 Millions de voyageurs en 2012 Moins de 1,2 Millions en 2014
Un budget total de 12 milliards d’€uro, La Cour des Comptes dit 26,1 Mds, valeur 2010
Des travaux d’étude et de reconnaissance pour 371 millions, La Cour des Comptes a évalué le coût des études à 901 millions, et en 2014 / 1,2 Milliards € !

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