Le Stade des Alpes sera donc géré par et pour le privé

Publié le 6 mai 2011

La majorité du conseil de la Métro a décidé de faire gérer le stade des Alpes dans le cadre d’un affermage. Elle confiera pour une durée maximum de 8 ans la gestion de l’ensemble du stade (terrain et annexes) à une entreprise privée, la Métro conservant le gros entretien et le renouvellement des bâtiments. Cette décision a été prise sur la base d’un rapport qui est plutôt déséquilibré sur les comparaisons entre gestion directe par la Métro et par un privé, et qui ne donne pas toutes les informations nécessaires à une saine décision publique. C’est la situation très classique, quand une collectivité est embarrassée par la gestion d’un service public, elle s’efforce de démontrer que la gestion privée est de loin préférable à la gestion publique. Mais ici la démonstration n’est pas du tout convaincante.

Après avoir fait miroiter au bon peuple que ce stade serait un phare pour le développement de l’agglomération, vu l’échec retentissant de l’opération, la Métro veut se débarrasser de cette épine au moindre coût pour elle, mais est-ce que la solution proposée est la meilleure pour l’agglomération ?

Certainement pas ! Le choix effectué est un choix égoïste qui ne tient aucun compte des intérêts de l’ensemble des communes de l‘agglomération et des habitants.

En effet l’opérateur privé qui devrait prendre cette délégation va vouloir le rentabiliser au maximum et donc entrer en concurrence avec toutes les structures qui existent déjà dans l’agglomération pour l’organisation de spectacles, les activités commerciales…

Si nous avions été en responsabilité voici ce que nous aurions fait  pour essayer de sortir au mieux de cette grosse bêtise faite par D. Migaud et M. Destot :

  1. Examiner toutes les solutions permettant à ce stade d’être ouvert au sport amateur et scolaire, que ce soit le terrain (avec une pelouse synthétique) et certaines salles qui pourraient être transformées en petit gymnase ou salles d’activité sportives.
  2. Engager une réflexion puis des actions pour redéfinir le statut des équipements lourds tels que le Palais des Sports, le Summum, Alexpo, Alpes Congrés… et désormais le stade des Alpes pour éviter les concurrences (organisations de spectacles, de congrès, manifestations sportives…) qui pèsent sur les finances publiques. Elargir cette question aux communes intéressées de l’agglomération.

En un mot, définir une politique d’agglomération la plus adaptée et répondant pour une fois à l’intérêt général, ce qui justifierait un peu l’argent public investit dans cette opération.

Dans ce cadre, il aurait été intéressant d’examiner de manière sérieuse une solution de gestion 100 % publique par une régie intercommunale ou par un syndicat mixte dont les membres seraient la Métro et les communes concernées, dont Grenoble en premier lieu ; voir même étudier la gestion par une SPL (société publique locale) même si nous n’y sommes pas favorables. Ces solutions auraient eu le mérite de maintenir, sans problème, les emplois des personnels de la Métro qui s’occupent de la gestion actuelle du stade (13 équivalent temps plein) et aussi de la patinoire, ce qui n’est pas du tout le cas dans la solution de l’affermage proposé.

L’étude économique de la délégation est très sommaire, le montant de la subvention d’équilibre que la Métro devra verser au délégataire pour équilibrer sa gestion n’est même pas indiqué. Rien ne prouve que la solution adoptée permette à la Métro de faire de réelles économies à ce sujet.

On trouve dans cette étude des affirmations un peu rapides comme : « En contrepartie de la mise à disposition des ouvrages, le fermier verse à la collectivité une redevance qui permet de couvrir l’amortissement des ouvrages. » C’est bel et bien, mais quel sera ce montant sachant que l’investissement total des ouvrages se monte à 84,4 M€ ? Le montant de l’amortissement annuel devrait être d’environ 3 M€ par an, ce que devrait verser comme redevance le fermier à laquelle il faudrait ajouter les frais financiers de l’emprunt soit au total un coût d’au moins 4,8 M€ comme indiqué par ailleurs dans le rapport annexé à la délibération de la Métro. Mais qui va s’engager à payer de telles sommes !

Notre seul représentant à la Métro (Gilles Kuntz) a eu mille fois raison de voter contre cette délibération mal préparée et ne répondant pas à un intérêt public d’agglomération.

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