Le Comité des Habitants de l’Esplanade (CHE) a mené depuis des mois des réflexions approfondies sur l’avenir de leur quartier et une critique du projet de la Ville. Le CHE a écrit le 6 mai au maire de Grenoble pour lui demander des modifications effectives du plan masse du projet.
En voici quelques extraits :
« … Malheureusement après plus d’un an de discussion, nous déplorons que la seconde maquette n’ait que trop peu évolué et restons donc avec un sentiment de concertation partielle et inachevée. Beaucoup trop d’aspects du projet font encore débat et n’ont trouvé l’approbation ni des habitants, ni de l’union de quartier, ni du CLUQ qui a d’ailleurs récemment organisé une conférence sur la densification. De plus, il nous semble que le CCS2 a rendu un avis très nuancé et à connotation septique et nous nous interrogeons sur l’absence de consultation du CCS1 qui nous parait être tout aussi concerné par ce projet ! Enfin, nous souhaiterions savoir quelle réponse sera donnée à l’avis de l’enquête publique qui s’interroge sur l’ex-centrage du tracé de la ligne de tram E sur l’Esplanade.
Par ailleurs, nous avons remis en main propre à Messieurs de Longevialle et de Portzamparc au mois d’octobre 2010 lors du dernier débat public, une trentaine de propositions émanant de la réflexion des résidents actuels du quartier. Nous sommes aujourd’hui navrés de constater que peu de modifications ont été apportées à la maquette du projet d’urbanisme dont l’échelle nous a paru douteuse et propice à la confusion des non initiés. En particulier, nous constatons que peu de gens sont à même de se représenter la hauteur des futurs immeubles sur la maquette alors qu’elle est par endroit jugée trop grande (2,5 fois l’habitat actuel le plus haut), « ombrageante », trop massive et de ce fait non propice au sentiment de bien être à venir (construction au Nord du site sur l’Esplanade).
Ainsi, nous souhaiterions qu’un nouveau plan de masse soit présenté aux habitants sur le site du boulodrome, sous forme d’affiche stipulant les hauteurs des immeubles, le nombre de logements par secteur avec la distribution étalée des logements sociaux…
Nous avons également constaté lors de vos plus récentes communications (réunion publique du mois d’octobre, AG de l’UQRD, CCS2) de nombreuses contradictions. Nous apprécierons donc un communiqué officiel, qui statue notamment :
- l’officialisation de vos intentions de préemption et leur conditions,
- le phasage des opérations de construction par sous ensembles,
- vos engagements en matière de stationnement dans le quartier (hors futurs logements),
- le pourcentage définitif de logements dédiés à l’accession sociale et à la location par les bailleurs sociaux, ainsi que l’assurance de leur distribution sur l’ensemble du projet…
D’autres chapitres méritent encore d’être débattus comme les mesures qui seront prises pour faciliter le maintien des commerces et activités en rez-de-chaussée, quelles sont les innovations qui feront bénéficier le quartier d’un eco-label, les garanties d’installation de services et équipements publics, les nuisances futures pour les résidents (construction, circulation, stationnement)… »
Sans partager à 100 % les positions des habitants de l’Esplanade nous les soutenons sur leur demande d’ouvrir une vraie négociation sur l’avenir de leur quartier, dont ils ne peuvent pas être les seuls acteurs puisqu’un tel projet intéresse tous les Grenoblois et bien au-delà, notamment les habitants de Saint Martin le Vinoux qui ont été absents du débat sur le projet de Portzamparc.
La mairie ne sait pas adapter ses projets en fonction des débats qui s’ouvrent dans la ville, contrairement à l’esprit et surtout la lettre de la Charte de la démocratie locale qui a fait l’objet d’un grand tapage médiatique et que la Ville a visiblement bien du mal à appliquer, particulièrement ses articles 1 (“rendre lisibles et compréhensibles les projets”) et 7 (“La Ville de Grenoble s’engage, lors du lancement et tout au long des démarches de concertation, à énoncer et à expliciter, dans un délai indiqué préalablement, les finalités et les positions arrêtées”). Elle en a surtout complètement oublié son article 4 (“La Ville de Grenoble, les Grenoblois et les instances permanentes de démocratie locale qui adhèrent à la Charte s’engagent à respecter les principes de la présente Charte”)…
Comme indiqué en mars au CCS2, le projet Esplanade doit s’étaler sur 15 à 20 ans, il y a donc tout le temps de mener une réflexion. Pourquoi ne pas choisir la même méthode que celle qui a prévalu sur la question des quais, c’est-à-dire examiner plusieurs projets et les soumettre au débat ?
En revanche il existe une urgence, c’est celle du tracé du tram E. La ville doit reconnaître, suite à l’enquête publique, qu’elle fait une erreur. En effet contrairement à ce qu’elle propose, le tram doit passer par le boulevard de l’Esplanade pour être au cœur du quartier. Cette question devrait être tranchée lors du prochain conseil municipal du 23 mai.
Mots-clefs : démocratie locale, Esplanade, Urbanisme
