L’homme qui valait 1,9 millions d’euros

Publié le 23 mars 2012

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Bon an mal an, malgré les aléas économiques, la SEM (Société d’Economie Mixte) Alpexpo a toujours su maintenir ses activités : foires, salons, congrès… On ne peut pas en dire autant de l’Association Palais des Sports qui, pour continuer de fonctionner, n’a jamais cessé d’être renflouée par la Ville de Grenoble. Or comme nous l’avons relaté, ces dernières semaines c’est la panique à Alpexpo. Le Conseil d’Administration demande à ses actionnaires de verser en urgence 2 M€. Une décision qui sera soumise au conseil municipal lundi 26 mars. Comment en est-on arrivé là?

Petit retour sur l’histoire récente. En place depuis les années 1990, le directeur général d’Alpexpo est soudainement remercié en 2008. Guy Chanal lui succède en janvier 2009, tout en conservant la direction du Palais des Sports. Une situation plutôt inédite qui voit un homme cumuler à plein temps deux fonctions dans deux structures aux statuts différents, association et SEM. M. Destot ne tarit pas d’éloges sur cet homme qui à coup sûr va « sauver » Alpexpo. D’emblée, après avoir pris connaissance des comptes de l’entreprise, G. Chanal exige du conseil d’administration d’avoir carte blanche en échange de quoi, il s’engage à réduire de moitié le déficit qu’il évalue à 1 M €.

Très rapidement, il procède à la réduction drastique des effectifs (15 suppressions de postes sur 53 dès la première année) et impose une gestion des ressources humaines aux antipodes de la diplomatie et de la convivialité. Ses méthodes musclées, son autoritarisme, conduisent des personnels à porter plainte auprès de l’inspection du travail qui rédige un procès-verbal pour harcèlement moral caractérisé. Dans ce climat délétère qu’il a lui-même installé, il va finalement jeter l’éponge et démissionner d’Alpexpo le 17 novembre 2011, malgré le soutien renouvelé du M. Destot. La veille de son départ, et malgré les nombreuses suppressions de postes qui n’ont semble-t-il pas eu les effets escomptés, G. Chanal avait annoncé lors du Conseil d’administration du 16 novembre 2011 un déficit prévisionnel de 500 000 €, alors même que le projet de budget prévoyait des pertes de prés de 200 000 €. Mais c’est quelque temps plus tard qu’apparaît la triste réalité aux yeux des administrateurs : désormais il n’est plus question de 200 000€, ni de 500 000 € mais de pertes s’élevant à 1,9 M€. Voilà un beau cadeau de départ de ce curieux personnage, dont le maire disait au moment de sa démission qu’il était « irremplaçable ». Sans doute faisait-il allusion aux grandes qualités de G. Chanal dans sa gestion systématiquement déficitaire du Palais des Sports qu’il dirige de mains de maître depuis des décennies. Quant à Alpexpo, et sans compter les dégâts sociaux inhérents, « l’Irremplaçable » vaut aujourd’hui à la collectivité la coquette somme de 1,9 M€. Mais il n’est pas seul en cause.

Bravo donc, aux administrateurs (opposition de droite, droite de la majorité, Chambre de Commerce, Dauphiné Libéré…) pour leur extrême vigilance, bravo aux élus, à l’adjoint aux finances et surtout bravo et félicitations au maire de Grenoble. Enfin, ovation générale pour le commissaire aux comptes qui, le 16 novembre dernier n’a rien vu, rien entendu et rien dit . Tous irremplaçables!

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