Urbanisme, la contestation se poursuit

Publié le 11 mai 2012

L’association Vivre à Grenoble, qui vient de fédérer de nombreux collectifs d’habitants opposés aux projets immobiliers délirants de la majorité municipale, s’est intensément mobilisée contre le projet de l’Esplanade en faisant signer une pétition protestant contre ce projet. Des milliers de signatures ont déjà été obtenues et il faut continuer. Vous pouvez signer par internet

Une autre pétition circule actuellement, lancée par un collectif du quartier Abbaye-Chatelet pour protester contre un projet d’immeuble qui va dénaturer le site et qui illustre bien la politique d’urbanisme actuelle. Voici le texte de cette pétition que vous pouvez également signer en ligne :

Pour une urbanisation cohérente et durable du quartier Abbaye – Chatelet

« Le quotidien des habitants du quartier Châtelet a été fortement impacté par deux évènements récents. Il s’agit d’une part de l’enquête publique portant modification du Plan Local d’Urbanisme relatif au secteur. Cette enquête s’est déroulée du 26 janvier au 29 février 2012. Et d’autre part, d’une réunion d’information des riverains organisée à la demande de la ville de Grenoble par la société COGEDIM dans le cadre d’un futur projet immobilier situé aux 23/25 avenue du Grand Châtelet. Entre autres la ville de Grenoble était représentée par l’adjoint au Maire chargé de l’urbanisme et le conseiller municipal délégué à l’Urbanisme réglementaire. Le quartier Châtelet situé en limite de la commune de Saint-Martin-d’Hères et contigu au quartier Abbaye s’inscrit dans le périmètre du Grand Projet de Ville. Cet environnement urbain est composé à la fois de petits immeubles, de quelques bâtiments industriels, d’une école et de nombreuses maisons individuelles, généralement entourées de jardins. Cette composition au premier abord quelque peu hétéroclite est ensuite perçue comme agréable car elle offre à tous les habitants du quartier des espaces de verdure, des vues sur les montagnes environnantes et une vraie tranquillité. Les habitants ressentent pleinement une atmosphère de village à la ville. La ville de Grenoble a lancé un projet ambitieux de renouvellement urbain du quartier. Renouvellement qui semble légitime compte tenu de la vétusté de certains édifices et du quasi abandon des zones censées être arborées. Les programmes de construction proposés allient des immeubles de hauteurs importantes avec un habitat plus individuel. Cependant, depuis plusieurs années et de manière déconcertante, la ville de Grenoble a pris le parti de laisser l’ensemble de l’îlot situé entre l’avenue du Grand Châtelet et l’avenue Jules Vallès aux mains des promoteurs privés. Très concrètement, cette approche se traduit par une densification à outrance. Les tribulations du projet « Minitubes » (projet, contre-projet, modification de projet, protestations citoyennes, occupation illégale et finalement réalisation en cours aujourd’hui) ont été l’archétype de cette gestion incohérente et de cette politique du laisser-faire.

Le projet immobilier dont il est question aujourd’hui, sis aux 23/25 avenue du Grand Châtelet se présente sous de pires augures. Il est relatif à la construction de 48 logements sur environ 3250m² de terrain, incluant une voie de 10 m de large. Il s’agira de deux immeubles (« deux cubes », de l’aveu même des architectes ! ) placés de part et d’autre de cette voie et dont le plus important, en R+4, aura une longueur de 43 m. Certes, les heureux propriétaires des étages les plus élevés bénéficieront  d’ « une vue exceptionnelle sur les montagnes » (comme le souligne le promoteur immobilier du projet « Minitubes »). Qu’en sera-t-il pour les autres citadins ? Sans parler de l’impact des ombres portées, qui n’a été pris en considération qu’entre les deux immeubles du projet. Aucun jardin digne de ce nom n’est intégré au projet présenté. Lors de la réunion de présentation, la société COGEDIM a pourtant affirmé être « respectueuse des sites et des enjeux environnementaux », tandis que les services d’urbanisme de la ville insistaient sur leur désir de « cohérence avec le quartier ». 
Nous sommes pour le moins dubitatifs. La comparaison avec le projet  « Minitubes » est largement défavorable : il s’agit d’un projet de 5 îlots comprenant 64 appartements répartis sur un terrain 40% plus grand et sans voirie traversante. Les habitants et riverains du quartier se posent légitimement les questions suivantes : Pourquoi laisser se construire des ensembles denses et hauts alors que l’environnement urbain est composé majoritairement de constructions en R+1 ou R+2 ? Pourquoi construire de nouvelles voies alors que le calme de ce quartier tient en grande partie au faible transit automobile et à la vitesse de circulation réduite. Le projet de prolongation de la rue Washington n’est-il pas en totale contradiction avec le souhait de prioriser les modes doux ? La continuité de circulation réalisée favorisera le transit de véhicules et son cortège de nuisances : pollution, bruit, risque d’accident accru (à fortiori à proximité d’un groupe scolaire). De la même façon, la programmation d’un prolongement de la rue Duguesclin par un axe dont la distance entre limites de références est de 10 mètres (alors qu’il est présenté comme axe « modes doux » avec accès riverains) ne nous inspire que méfiance. Une largeur de 6 mètres serait amplement suffisante pour intégrer à la fois des modes doux, des accès riverains et véhicules de secours ainsi qu’un aménagement paysager de qualité. Ceci serait aussi une garantie contre une transformation ultérieure de ce « passage » en voirie de quartier. Pourquoi amputer le quartier de ses jardins ? Ils sont source d’oxygène et abaissent les concentrations de polluants comme l’ozone et le gaz carbonique. Ils rafraîchissent la température de l’air en période estivale en particulier la nuit et limitent drastiquement l’effet d’îlot de chaleur urbain dans les conditions de canicule comme en 2003 (voir l’excellente étude de E.BOUTEFEU « végétaliser les villes pour atténuer les îlots de chaleur urbain », Techni-Cités n°129, 8 mai 2007). Ils permettent l’infiltration des eaux de pluie directement dans le sol. Ils favorisent le maintien d’une flore et d’une faune importantes dont les hérissons, espèce en voie de disparition bénéficiant du statut de protection totale (arrêté ministériel du 23/04/2007). Il est fatal que la restriction des espaces verts et le bétonnage irréfléchi seront très dommageables sur le plan écologique et sanitaire. Nous avons fortement besoin de rénovation urbaine dans notre quartier, mais le projet immobilier qui nous a été présenté est en contradiction avec les orientations urbanistiques générales et notamment le vœu de « mieux vivre ensemble ». Nous pensons que cette « atmosphère » qui existe aujourd’hui doit être préservée, à savoir : maintenir la mixité sociale ; favoriser des liens « modes doux » avec les quartiers environnants ; densifier, mais avec des réalisations de hauteurs modestes garantissant à tous une qualité environnementale ; construire ou rénover mais en incluant systématiquement des espaces verts assurant le maintien dans notre quartier de la faune et de la flore existantes. Nous attendons des réponses à nos questions et des actes en cohérence avec les intentions et les discours prononcés. 

Nous restons vigilants afin que les élus et services municipaux les traduisent qualitativement. Les constructions que vous autorisez aujourd’hui doivent réellement être une valeur ajoutée et assurer le maintien des résidents actuels. »

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