Le petit pot aux roses

Publié le 9 novembre 2012

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Nous avons déjà évoqué ici-même (16/03, 4/05, et 26/10/2012) le programme d’aide alimentaire « Manger Malin » mis en place par le CCAS (Centre Communal d’Action Sociale) de Grenoble pour les enfants en bas âge.

Au détour d’une délibération du dernier conseil municipal, Maryvonne Boileau au nom du groupe des élus « Ecologie et Solidarité » a une fois encore dit son inquiétude à propos de ce programme qui sous de bonnes intentions apparentes, fait en réalité la part belle à une multinationale de l’industrie alimentaire.

Nerveux, O. Noblecourt, vice-président du CCAS porteur de cette « expérimentation », s’est dit « effaré » de ce qu’il venait d’entendre, constatant « il y a des barrières idéologiques qui visiblement resteront infranchissables ». En effet non seulement nous partageons ce point de vue, mais nous allons l’étayer en reprenant les déclarations qui ont suivi.

Ainsi « le lait maternisé est une prérogative de quelques industriels exclusivement ». Dont acte ! Mais ce faisant O. Noblecourt précise qu’en compagnie de la multinationale « il crée (rien moins NDLR) qu’un modèle économique… l’industriel accepte un modèle de commercialisation de son produit qui est un modèle « ni perte ni profit ». Il renonce à faire du bénéfice et en même temps il ne perd pas d’argent ». Qu’en termes sèchement technocratiques ces choses là sont dites, c’en serait presque touchant. Ainsi donc, une multinationale accepterait de ne faire ni perte ni profit, quelle philanthropie ! D’ailleurs pourquoi s’arrêter en si bon chemin, pourquoi, comme l’indique le vice-président du CCAS, ne pas donner accès à des enfants au-delà de 3 ans « …à des petits pots, ça permet parfois d’avoir des légumes verts en toute saison… »

Ainsi va l’expérimentation « Manger Malin ». Ce serait faire injure au vice président du CCAS de le croire naïf au point de ne pas voir que l’industriel s’assure à bon compte une clientèle captive. En tout état de cause, il y a effectivement entre nous des barrières idéologiques qui resteront infranchissables. Il y a ceux qui, à l’exemple des initiateurs de ce programme pensent que la politique sociale constitue un supplément d’âme, la charité, la bienfaisance version charity business. N’est-ce pas Martin Hirsch qui constituant la référence en la matière, co-préside à HEC (Haute Ecole de commerce) une chaire intitulée « social business » ou l’art de faire comprendre aux entreprises que la lutte contre la pauvreté peut avoir un intérêt économique ? Et puis il y a les autres qui, comme nous, pensent qu’une collectivité publique n’a rien à faire avec une multinationale, que la solidarité doit jouer son rôle par les dispositifs existants du secteur public pour soutenir les enfants et les familles en difficultés sanitaires et sociales en préservant l’essentiel, c’est à dire la dignité de chacun.

La voilà la barrière idéologique.

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