Démocratie locale : l’art de s’attirer les foudres

Publié le 24 novembre 2012

Il n’aura pas échappé aux observateurs même ponctuels que ces dernières années, la tendance s’aggrave. A chaque nouvelle séance du conseil municipal de Grenoble, la moindre rumeur d’une éventuelle protestation des habitants provoque chez les élus de la majorité une effervescence quasi irrationnelle. Pas question pour le public d’entrer dans la petite partie de la salle du conseil qui lui est réservé, sans avoir montré patte blanche (fouilles des sacs, contrôle des entrées, ouverture des portes à la discrétion des huissiers même si les débats du conseil ont commencé…).

Du côté de la majorité, on tremble à l’idée de la moindre manifestation d’opposition ou d’expression qui prend généralement la forme de distribution de tracts ou de déploiement de banderoles en silence. C’est dire les risques encourus devant un tel déferlement d’agressivité ! En réalité c’est la peur de rencontrer les Grenoblois qui semble guider les élus de la majorité à commencer par le maire, et transforme la mairie en véritable bunker. Quand on ne fait pas appel à la police nationale pour moins que rien, c’est à la police municipale (qui a sûrement d’autres chats à fouetter) que l’on fait jouer un rôle qui n’est pas le sien.

Dernière illustration, le conseil municipal du 19 novembre. Ironie du sort, alors même que la première délibération était consacrée à « l’évaluation des démarches de démocratie participative à Grenoble… », la majorité municipale a donné une preuve supplémentaire de sa conception caricaturale de la démocratie. Faute d’avoir obtenu des réponses à leurs demandes réitérées, les membres du collectif « pour un chauffage urbain juste et solidaire », qui espéraient profiter de la tenue du conseil, se sont vus empêcher par la force de pénétrer dans la mairie. Après quelques minutes et sans violence, une partie des manifestants a finalement pu pénétrer dans le hall jouxtant la salle du conseil municipal. Mais la police municipale débordée n’a pas toujours su maîtriser la situation et a malmené parfois violemment des personnes âgées. Les choses auraient pu très mal tourner. Fort heureusement tout s’est finalement terminé sans dommages. Mais on mesure l’incapacité du maire qui par ailleurs avait fait appel à la police nationale au cas où…  à gérer de manière sereine ces situations. Ce faisant il ne devrait pas s’étonner que les élus de droite en aient profité pour demander une suspension de séance du Conseil (une manière détournée de suivre le décompte des voix pour l’élection du président de l’UMP qui se déroulait au même moment ?) et tenté de récupérer à leur compte le mécontentement des manifestants sur un dossier qu’ils ne connaissent pas. Beaucoup de bruit et d’esbroufe pour les élus de droite qui ce soir là ont définitivement quitté le Conseil municipal.

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