Refonder la démocratie locale : l’exemple des rythmes scolaires

Publié le 23 mars 2013
RythmesScolairesBanderole

Les banderoles demandant le report de l’application de la réforme fleurissent sur les balcons grenoblois

La méthode est désormais éprouvée. On décide d’abord puis on entame quelques réunions dites de concertation ou plutôt d’information pour que le citoyen ait l’illusion d’avoir participé à une décision déjà prise, le tout accompagné d’une communication tapageuse. Les exemples sont multiples de cette démocratie qui se veut participative et pour laquelle la majorité s’est donnée une charte qu’en réalité elle n’applique pas : le budget, les projets immobiliers… et aujourd’hui les rythmes scolaires. Chaque fois on perçoit dans la méthode un entêtement à forcer le passage. La mode étant depuis peu au tchat (dispositif permettant de dialoguer sur internet dans un temps donné avec un élu municipal) celui de l’élu à l’éducation le 14 mars dernier illustre assez bien l’obstination assortie d’un certain flou entretenu par la majorité municipale et les questions qui du côté du citoyen restent en suspens.

Question : que ferez-vous si la majorité des conseils d’écoles de la commune sont pour un report en 2014 ? (ce qui va être le cas !) Allez vous en tenir compte ou pas ?

Réponse : Nous avons déjà l’essentiel des retours et de décisions des 60 conseils d’écoles de la ville de Grenoble. Une partie a préconisé un report pour 2014, tout en proposant le scénario prioritaire qu’ils souhaiteraient appliquer en 2013. Nous allons donc, la semaine prochaine, (semaine du 18 au 23 mars NDLR) organiser 3 réunions avec les membres des conseils d’écoles (parents et enseignants) ainsi qu’avec les responsables des associations socioculturelles, pour choisir ensemble le scénario que le maire pourra proposer fin mars, à l’Education Nationale.

…Question : quand est-ce que nous saurons exactement si cette réforme s’applique ou non à la rentrée ?

Réponse : Cette réforme va s’appliquer à Grenoble à la rentrée. Le scénario de l’organisation de la journée retenu sera décidé début avril par l’Education Nationale, en fonction des propositions qui seront faites par le maire et les Conseil d’école.

En résumé, quoi qu’il arrive la réforme sera mise en place à la rentrée 2013. La majorité des conseils d’école seraient-ils contre que cela ne changerait rien à la décision qui est prise depuis fort longtemps. Et pour le confirmer une délibération est soumise au conseil municipal du 25 mars prochain. Celle-ci dit entre autres « La Ville de Grenoble … a fait connaître son intérêt à engager la réforme en créant les conditions de mise en place des nouveaux rythmes dès septembre 2013 ». Jusqu’à présent on attend toujours de la Ville qu’elle créée « les conditions » concrètes de cette mise en place, et la délibération d’une indigence désespérante, ne répond pas aux questions capitales que dans ces mêmes lignes, nous avons énumérées à maintes reprises : budget, locaux, encadrants professionnels, formation, personnels de la ville et intervenants, spécificité des maternelles, rôle des ATSEM (agents territoriaux des écoles maternelles), recrutement de personnel, contenus et qualité des activités périscolaires, etc.

Par un glissement sémantique que certains ne manqueraient pas de faire, on aura tôt fait de laisser entendre que nous serions opposés à la réforme proposée par le ministre de l’éducation nationale. Ce qui dans cette logique, serait le cas de villes comme Metz, Strasbourg, Lyon, Montpellier, Lille… qui ont choisi de reporter l’application de la réforme en 2014. C’est évidemment faux ! Notre opposition porte sur l’absence de modalités concrètes d’application et la précipitation injustifiée avec laquelle la majorité municipale a décidé la mise en place de cette réforme dès la rentrée 2013. Il n’aura pas échappé à M. Destot, Rocardo-Strauss-khanien rallié à Martine Aubry lors de la primaire socialiste, que la maire de Lille a décidé le report de l’application des rythmes scolaires dans sa bonne ville en 2014, avec des arguments qui ressemblent étrangement aux nôtres tels que « la date n’est pas un enjeu, c’est le contenu qui est important » ou encore « La ville veut trouver les intervenants, les former si nécessaire. » « prendre le temps de la concertation ». Sans doute n’a-t-elle pas les mêmes préoccupations que l’adjoint à l’éducation de la ville de Grenoble qui disait il y a peu : « … cela va être délicat pour une ville de travailler sur cette réforme sans avoir de préoccupation électorale… de laisser à une nouvelle municipalité la charge de mettre en place à partir du mois de mars 2014 une nouvelle organisation pour septembre…ce ne serait pas responsable ». M. Aubry et d’autres ne sont vraiment pas responsables !

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