Suite à des informations détaillées données au comité des usagers du service public de l’eau de Grenoble, nous attirons l’attention sur des menaces qui pèsent sur la qualité de l’eau délivrée aux usagers de Grenoble et d’autres communes de l’agglomération. Il est de la responsabilité de l’Etat d’y remédier et à la Métro, dorénavant compétente pour la distribution de l’eau, d’y être particulièrement vigilante.
Le site des captages Rochefort sur la commune de Varces, où est pompée l’eau de Grenoble, naturellement pure et distribuée sans traitement grâce à une vigilance publique de plus d’un siècle, est soumis à d’importantes menaces et contraintes, notamment l’érosion grandissante du Drac, sur laquelle les travaux prévus par EDF pour les prochaines années au niveau du barrage du Saut du Moine auront vraisemblablement une influence, et une prochaine remise en eau du Drac (augmentation du débit réservé à 5,5 m3/s) sans essais préalables. D’autres menaces sont liées aux diminutions de pompages assurant normalement le confinement de pollutions chimiques souterraines historiques sous la plateforme chimique de Jarrie, ou encore à des projets de travaux de l’ASDI au voisinage de la confluence du Drac et de la Gresse.
Malheureusement, pour l’instant, les impacts de tous ces différents travaux ou projets ne sont pas examinés globalement mais action par action, ce qui risque d’avoir des conséquences inquiétantes sur l’alimentation en eau de l’agglomération grenobloise.
En effet, l’alimentation en eau du SIERG (nappe de la Romanche) est actuellement limitée par une pollution accidentelle affectant la gestion des captages de Pré Grivel, et il ne serait pas en capacité de secourir Grenoble au cas où les puits de Rochefort (nappe du Drac) seraient indisponibles soit du fait de maintenances indispensables, soit suite à des pollutions dues à l’évolution des conditions locales (Drac, travaux des autres usagers, etc.) ou des accidents.
Il serait urgent que les élus et l’Etat prennent conscience de ce qui est en train de se mettre en route et prennent les dispositions pour que l’ensemble des projets impactant le site de Rochefort soient engagés suivant des calendriers compatibles avec une sécurisation maximale des captages assurant l’approvisionnement en eau potable de l’ensemble de l’agglomération grenobloise, en quantité et en qualité.
En particulier il ne faudrait pas que le démarrage des travaux d’EDF ait lieu d’une part avant que l’ensemble des captages de l’agglomération (nappe de la Romanche (SIERG) et nappe du Drac) ne soient de nouveau pleinement opérationnels et que la maintenance importante et urgente de tous les puits n’ait pu être assurée, ni d’autre part avant la mise en place d’une protection effective de certains ouvrages (conduites sous fluviales) du site de Rochefort.
Voici un rappel succinct des installations du site de Rochefort et leur vulnérabilité.
L’alimentation en eau de Grenoble et d’autres communes alentours (au total environ 200 000 personnes) est assurée en temps normal par trois puits principaux et de deux puits de secours du site de captage de Rochefort (nappe du Drac), répartis en trois secteurs : Rochefort, Fontagneux et Mollots. La disponibilité de l’ensemble des trois secteurs assure à Grenoble une diversité et une répartition modulable de sa ressource en eau, en quantité et en qualité, selon les circonstances.
Le puits des Mollots a un mode de fonctionnement particulier et économique, par siphonage, amorcé par des pompes à vide. Ces pompes sont alimentées par une première conduite sous fluviale (qui passe sous le lit du Drac sur toute sa largeur) en provenance des longrines. Lors d’un lâcher d’eau à la retenue EDF de Notre Dame de Commiers, provoquant des crues, le fonctionnement de ce puits est suspendu pour ne pas risquer de contamination.
Par ailleurs, la zone de captage de Fontagneux est protégée des eaux du Drac et de la Romanche en aval du Saut du Moine, par une barrière hydraulique, alimentée par une seconde conduite sous fluviale en provenance du canal de fuite EDF.
Les deux canalisations sous fluviales sont d’une importance cruciale dans le schéma d’alimentation en eau potable de la ville de Grenoble, que ce soit pour l’exploitation du puits des Mollots ou l’alimentation et le fonctionnement de la barrière hydraulique protectrice de la zone de Fontagneux. Elles sont actuellement directement menacées par les phénomènes d’érosion dans le lit du Drac. Or en cas de rupture de la canalisation en provenance du canal de fuite EDF et alimentant la barrière hydraulique, il serait nécessaire, dans l’état actuel des connaissances, de suspendre le pompage du secteur de Fontagneux car la qualité (bactériologique et physico-chimique) des eaux de ses puits risquerait d’être compromise.
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