ST Microelectronics entre Maxi-licenciements et Giga-dividendes

Publié le 23 octobre 2015

STMicro CrollesLors de la session du Conseil Région Rhône-Alpes du 15 octobre, dernière session du mandat, les élus EELV, PG et Ensemble ont défendu un vœu de soutien aux salariés de ST Microelectronics menacés par un plan social et dénoncer l’absence dramatique de stratégie industrielle pour nos territoires. Alors que ST prépare des licenciements massifs, elle verse des dividendes excessivement élevés à ses actionnaires, y compris en cas de résultats négatifs ! Priorité au capital, le social dans le wagon de queue !

Pierre Mériaux, élu régional a défendu ce vœu en expliquant :

« Car comme l’avait dénoncé en notre nom notre coprésident en octobre 2013, un certain Eric PIOLLE, la région offrait son obole SANS CONDITIONS pour 25 M€ (sur 1,1 milliard €) à NANO 2017 dont STMicroelectronics est le principal bénéficiaire. Or STMicroelectronics est une multinationale dont les dirigeants se montrent très peu soucieux du bon usage de l’argent public puisqu’ils continuent à distribuer des dividendes même quand STMicroelectronics fait des pertes : de 2005 à 2014 STMicroelectronics a perdu 3,6 Milliards€ mais a distribué 2,6 milliard € de dividendes ! Et STMicroelectronics, qui ne s’était déjà pas engagé à créer des emplois, prévoit désormais un plan social massif en Isère !

Le 25 oct 2013 nous avions donc défendu un amendement au vote de « Nano 2017 » conditionnant le versement de l’aide régionale au non versement de dividendes et demandant que le soutien financier prenne la forme d’une avance remboursable ou d’une subvention avec retour sur valorisation des brevets ou bénéfices induits par la R&D. Cet amendement a été rejeté. Dommage car il aurait pu armer la région pour faire face à la situation actuelle. Le rejet de cet amendement avait conduit les écologistes, avec 3 élus du FdG, à voter contre la délibération donnant 25 M€ sans aucunes conditions.

Le risque de délocalisation nous l’avions pointé depuis longtemps car confier de l’argent public ainsi à une multinationale est un « acte de foi » et non pas une politique publique cohérente. Donc nous étions hélas visionnaires et réalistes sur les risques économiques pour la filière en Isère et nous restons cohérents en présentant ce vœu aujourd’hui.

Que dit ce vœu ? il soutient la nécessité, comme les syndicats de STMicroelectronics le disent, et nous les rencontrons régulièrement, de créer un « Airbus de la microélectronique ». Nous ne doutons d’ailleurs plus du soutien du PS à notre vœu puisque le président Queyranne a repris tel quel dans un communiqué de presse du Lundi 13 octobre cette expression de notre vœu déposé vendredi 10 octobre. Sinon il ne s’agirait que d’une agitation tardive et médiatisée à l’Elysée, sans égards pour les salariés isérois menacés dans leurs emplois après que chacun de ces emplois a été subventionné à hauteur de 3000 € par mois pendant 5 ans ! Il n’y a que le nucléaire pour atteindre un tel niveau de gabegie dans l’argent public !

Nous avons réclamé en vain tout au long de ce mandat une véritable conditionnalité des aides régionales à l’économie. Un mandat perdu de ce point de vue, alors que la raréfaction de l’argent public rend encore plus indispensable un fléchage efficace…

Enfin nous regrettons que notre demande de faire auditionner la direction et les syndicats de STMicroelectronics en commission SUEVAL lors de sa prochaine réunion du 22 octobre, n’ait pas été acceptée. Je l’ai formulée dès le 22 septembre en réunion SUEVAL et une lettre de notre groupe a confirmé cette demande. Vous avez choisi de temporiser en mettant cette question à l’ordre du jour du 22 Octobre ce qui veut dire que l’audition n’aura pas lieu ce jour-là. Nous le regrettons car l’urgence sociale est là, nous devons faire annuler ce plan social de STMicroelectronics, dont 27% du capital est détenu par les États français et Italiens. »

De son côté, Armand Creus qui présentait ce vœu conjointement a déclaré :

« Notre vœu est construit autour de 3 exigences que les pouvoirs publics doivent avoir à l’égard de la STMicro-électronics :

  • L’exigence d’un contrôle rigoureux des aides publiques attribuées, directement ou indirectement à une multinationale qui se croit tout permis, comme vient de le démontrer Pierre Mériaux,
  • L’exigence d’une intervention forte des pouvoirs publics au bon niveau- avec une conditionnalité des aides – pour une véritable réorientation stratégique de la STM pour le maintien de tous les emplois sur Crolles et sur tous les sites. Ce qui passe notamment par le développement des produits numériques ( TV, multimédias, internet …)  qui représentent le moteur des évolutions technologiques de demain ( automobile, défense, aéronautique, Santé…) .
  • L’exigence du maintien d’une telle filière stratégique à Crolles et dans les autres sites en France, en Italie et en Europe.

C’est un véritable projet industriel d’intérêt général, intégrant l’enjeu écologique, qui de joue à l’échelle européenne.

M. le Président, nous l’avons imagé en parlant « d’Airbus de la microélectronique » .

Cette « feuille de route » nous l’avons fixée ainsi :

Le Conseil Régional Rhône-Alpes demande au gouvernement français :

  1. De demander des comptes à la Direction de la STM sur l’usage des fonds publics accordés depuis 10 ans
  2. D’introduire une conditionnalité des aides publiques au développement de la filière et des emplois du territoire
  3. De se positionner clairement , en tant qu’actionnaire, pour le maintien des emplois du Groupe STMelectronics France
  4. D’intervenir fortement avec le gouvernement italien pour exiger de STM une politique industrielle rompant avec la logique de court terme de ces dernières années, cessant le versement des dividendes au profit de l’investissement industriel et social, assurant l’avenir des sites français et italiens
  5. De mettre à l’ordre du jour de l’Union Européenne la mise sur pied d’un plan pour l’industrie microlélectronique. »

Voeu STMicroelectronics 15/10/15

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