Elections régionales, analyse du 1er tour

Publié le 11 décembre 2015

UrneUne forte abstention

La participation a été faible, même si elle a un peu progressé depuis l’élection régionale précédente. Pourtant il y a quelques mois les prévisions étaient pessimistes. Nationalement la participation atteint les 50 %, mais à Grenoble comme dans de nombreuses grandes villes, elle est nettement inférieure à la moyenne nationale avec une petite progression de 2 points entre 2010 et 2015.

Participation en % 2015 2010 différence
National 49,98 46,33 3,65
Rhône-Alpes 48,24 42,9 5,34
Isère 48,31 42,9 5,41
Grenoble 44,5 42,31 2,19

L’évolution des votes entre 2010 et 2015

On peut classer les grandes familles politiques en trois grands blocs : la gauche (PS et alliés, PCF, gauche alternative, Parti de Gauche, écologistes), la droite (UDI, les républicains, Modem et divers) et l’extrême droite (Front National).

Dans les tableaux ci-dessous il y a les variations en voix et en pourcentage des exprimés de ces trois blocs, au différents niveaux, national, régional, départemental et à Grenoble. Les différences sont calculées entre 2015 et 2010 et les variations en pourcentage sont calculées par rapport à 2010.

Il y a un très fort glissement à droite de l’électorat, depuis le centre jusqu’à l’extrême droite.

Niveau national

National en voix 2010 2015 différence Variation en %
exprimés 19 475 895 21 517 408 2 041 513 10,48
Gauche 10 440 701 8 004 885 -2 435 816 -23,33
Droite 6 638 125 7 461 277 823 152 12,40
FN 2 397 069 6 051 246 3 654 177 152,44
National en % 2010 2015 différence variation en %
Gauche 53,61 37,20 -16,41 -30,60
Droite 34,08 34,68 0,59 1,74
FN 12,31 28,12 15,81 128,49

Ancienne région Rhône-Alpes

Les évolutions entre 2010 et 2015 sont proches de celles nationales, avec une moindre progression du FN et une plus forte progression de la droite

Région en voix 2010 2015 Différence variation %
Gauche 912092 746 946 -165 146 -18,11
Droite 524834 702 472 177 638 33,85
FN 239301 539 236 299 935 125,34
Région en % 2010 2015 différence Variation %
Gauche 53,38 37,31 -16,07 -30,10
Droite 32,62 34,24 1,62 4,97
FN 14 26,78 12,78 91,29

Département de l’Isère

Là aussi les variations vont toutes dans le même sens que pour le national et la région

Isère en voix 2010 2015 différence  Variation en %
exprimés 331 716 393 548 61 832 18,64
Gauche 193 478 159 231 -34 247 -17,70
droite 94 706 118 560 23 854 25,19
FN 43 532 108 879 65 347 150,11
Isère en % 2010 2015 différence variation en %
Gauche 58,33 40,46 -17,87 -30,63
Droite 28,55 30,13 1,58 5,52
FN 13,12 27,67 14,54 110,82

Grenoble

Il y a des variations beaucoup moins importantes qu’aux autres niveaux : moins d’évolution sur la participation qui reste donc très faible, une moindre diminution de la gauche, une moindre augmentation de la droite et du Front National.

Grenoble en voix 2010 2015 différence Variation en %
exprimés 34563 36768 2205 6,38
Gauche 22840 21015 -1825 -7,99
Droite 8654 9177 523 6,04
FN 3069 5771 2702 88,04
Grenoble en % 2010 2015 différence variation en %
Gauche 66,08 57,16 -8,93 -13,51
Droite 25,04 24,96 -0,08 -0,32
FN 8,88 15,70 6,82 76,76

Les évolutions des courants politiques entre 2010 et 2015

Front National

L’évolution de l’extrême droite est très importante, il est rare de voir un courant politique structuré évoluer aussi franchement d’une élection à l’autre puisqu’il fait plus que doubler son nombre de voix au niveau national. Il est le premier parti de France.

A Grenoble il aurait dû atteindre environ 18,5 % si l’évolution nationale avait été suivie. Aux élections départementales de 2015 il avait atteint presque 17 % des exprimés, ce score de 18,5 % aura donc été dans la continuité de son évolution.

Ne faire que 15,7 % est donc un niveau faible par rapport à la grande majorité des autres villes. Dans l’Isère (27,7 %) il progresse fortement pour devenir comme au niveau national le 1er parti.

Droite

Alors qu’elle pensait fortement marquer le scrutin, elle stagne malgré sa très large unité. C’est un échec pour Sarkozy. Encore une fois la stratégie de vouloir prendre les idées à l’extrême droite se retourne en favorisant l’original à la copie.

A Grenoble il y a un peu plus de voix qu’en 2010 mais c’est uniquement à cause de la participation plus forte. Le niveau de la droite est toujours faible, environ 25 %

Gauche

Le niveau de la gauche (toutes composantes confondues) est très faible au niveau national. Alors qu’en 2010 elle représentait plus de la moitié de l’électorat, d’où le quasi grand chelem sur les régions, en 2015 elle se retrouve à 37 %. Mais il y a d’importantes variations en ce qui concerne sa composition.

Le PS diminue légèrement son score régional et en Isère il diminue d’un point ou deux. Par contre à Grenoble il gagne trois points profitant de l’augmentation de la participation et de la mobilisation de son électorat. Il regagne de l’influence car la liste EELV conduite par Philippe Meirieu, qui avait fait le meilleur score de France en 2010, lui avait enlevé de nombreux suffrages.

Par contre l’effondrement des écologistes et ses alliés est très important et général à l’exception de Grenoble. Au niveau national ils avaient obtenu, seuls, plus de 12 % en 2010, ils font maintenant la moitié avec pourtant souvent le renfort de composantes du Front de Gauche. Le recul de la gauche leur est imputable. Dans toutes les grandes villes où ils étaient implantés les scores varient entre 10 et 13 %, jusqu’à 16 % à Toulouse grâce à une alliance avec l’ensemble du Front de Gauche, PC compris.

A Grenoble, le mouvement général aurait dû conduire la liste du Rassemblement mené par J.C. Kohlhaas à environ 15 % au maximum. Dépasser les 20 % dans ces conditions est remarquable. Cela prouve que la stratégie du Rassemblement citoyen de la gauche et des écologistes qui date de longues années à Grenoble est une solution qui prouve son efficacité.

Les leçons de Grenoble

Décidément Grenoble est un cas particulier. Le Front National perd des voix par rapport à l’élection départementale de mars 2015, contrairement à ce qui se passe ailleurs. Le PS retrouve des couleurs et les Grenoblois continuent de voter fortement pour un rassemblement politique à gauche du PS.

Est-ce qu’on peut tirer des conclusions de ce 1er tour des régionales sur la politique municipale ? Il faut être très prudent car dans de nombreux cas, il n’y a aucune corrélation entre un vote pour des régionales et un vote municipal, voir par exemple les votes très faibles du PC dans les communes qu’il dirige (Echirolles, Saint Martin d’Hères, Fontaine), voire à Meylan où la droite est loin de la majorité, ainsi qu’à Pont de Claix. En 2010, JJ. Queyranne candidat du PS aux régionales n’a fait que 27,6 % à Grenoble, alors que le PS était fortement implanté à la mairie.

En mars 2015 aux élections départementales, qui sont à Grenoble des élections infra communales, où les candidats sont souvent impliqués dans la vie municipale, les résultats étaient très proches de celui des municipales. Pour les régionales c’est différent, c’est un vote qui se rapproche des dynamiques politiques nationales. Donc il est très hasardeux de vouloir comparer les 20% de la liste du Rassemblement menée par JC Kohlhaas, aux 29 % de la liste menée par Eric Piolle aux municipales.

Une comparaison bureaux de vote par bureaux de vote indique que la diminution de 9 points (30%) entre ces deux listes est plus forte dans les bureaux où elles faisaient de très bons résultats et proportionnellement moins forte dans les bureaux qui traditionnellement votent moins pour ce courant politique, ce qui est normal, chaque courant politique à une assise minimum qu’il conserve quand il recule, par contre là où de nouveaux électeurs les ont rejoint, ils peuvent osciller plus facilement en retournant à leur vote initial ou s’abstenir. Les très fortes baisses du rassemblement entre les régionales et les départementales, se situent plutôt dans des bureaux de forte présence de la droite, alors que les faibles baisses sont plutôt dans les bureaux où le FN est plus fort.

L’évolution des participations entre les départementales et les régionales indiquent que là où il y a une forte baisse de participation, ce sont dans les bureaux où le FN est plutôt fort (plus de 20% en moyenne), cela explique en partie pourquoi il a moins augmenté à Grenoble. Par contre les bureaux où la participation a été nettement plus forte qu’aux départementales sont marqués à droite, ce qui indique une certaine mobilisation de cet électorat.

Les transferts de voix entre le vote de mars 2015 et celui de décembre sont en moyenne : un léger transfert du FN sur la droite, un transfert du Rassemblement sur le PS (20 % en moyenne) ainsi que sur la liste 100% citoyen et le reste en abstention. Mais il y a de fortes variations par rapport à ces moyennes dans de nombreux bureaux de vote qui ont un comportement particulier avec par exemple une variation forte de l’équilibre gauche/droite, ce qui est peu commun. Cela montre que les comportements électoraux changent en l’espace de 9 mois et rend difficile la compréhension des évolutions.

A Grenoble il y a donc une base solide pour le Rassemblement politique qui soutient la nouvelle équipe municipale.

Le second tour

En Auvergne, Rhône-Alpes il y aura donc une triangulaire : droite, gauche et FN, comme en 2010. Il faut se méfier pour les prévisions car il y a souvent de très fortes variations dans la participation des électeurs. En 2010 au 1er tour il y avait eu 42,9 % de participation alors qu’au 2ème elle a atteint 47,7 % soit un écart de 4,8 % soit presque 40 000 votes supplémentaires. La liste qui se trouve en 3ème position et qui a moins de chance de l’emporter perd souvent des voix. La gagne se jouera entre la gauche et la droite qui se retrouvent dans un mouchoir de poche avec un potentiel théorique de voix identique, égal à 35,5 %. Le fait que le candidat de la droite fasse partie de la droite extrême pourrait mobiliser un peu plus les voix de gauche, par contre il est capable d’attirer des voix du FN.

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