Les migrations, les faits contre les fantasmes

Publié le 14 avril 2017

Au moment d’aller voter pour les présidentielles et les législatives, il est recommandé de s’adresser au démographe pour faire le point sur la réalité des migrations et leurs apports. Au-delà des fantasmes véhiculés par plusieurs candidat-es, sur l’invasion qui nous menace et la thèse erronée du « grand remplacement», la réalité des statistiques dessinent un paysage tout autre et beaucoup plus intéressant pour la vitalité de notre société. Cette question est d’autant plus intéressante que ce sont environ 60 000 migrants qui vivent dans notre agglomération et qui jouent un rôle important mais complètement nié. Un migrant est une personne qui vit de façon temporaire ou permanente dans un pays dans lequel elle n’est pas née.

Hervé le Bras, historien et démographe, directeur d’études à l’INED (Institut national d’études démographiques), enseignant à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), a écrit un livre en janvier 2017 intitulé « L’âge des migrations» aux éditions « Autrement » qui le résume ainsi :

« Des migrants fuyant la misère, les persécutions ou le changement climatique : telle est l’image qu’on nous renvoie sans cesse. Mais les migrants sont aussi, de plus en plus, des personnes compétentes et diplômées… L’homme migre depuis son apparition sur Terre – et ça lui a réussi. Le désir de changer de pays n’a jamais été aussi répandu qu’aujourd’hui. Contrairement aux idées reçues, les murs et les barrières que dressent les nations ne bloquent pas les migrants, mais les sélectionnent.
Un nouvel équilibre mondial des compétences se met irrésistiblement en place. A rebours des fantasmes occidentaux contemporains sur l' »invasion » des migrants, Hervé Le Bras nous invite à poser sur les migrations un regard neuf, impartial et salutaire »

Le démographe donne des chiffres intéressants : en 2016, la France a délivré 227 000 titres de séjours à des étrangers non Européens.  Une grande partie d’entre eux viennent d’Afrique et surtout d’Afrique du nord, du Maghreb mais cela s’est diversifié : il y aussi des Asiatiques et des personnes qui viennent d’Amérique du sud. Chaque année des migrants repartent de France (entre 140 000 et 170 000), il n’y a qu’une augmentation nette de 70 000 personnes dans notre pays qui compte 66 millions d’habitants. Par contre il y a beaucoup plus de départs de Français que de retour, en 2016 il y a eu 90 000 français de plus qui sont partis que de retour.

Parmi les 227 000 étrangers non européens arrivés en 2016, 65 % ont le bac ou un diplôme universitaire. Le migrant “type” arrivant en France aujourd’hui a entre 20 et 30 ans, il vient d’un milieu urbain et est presque aussi souvent un homme qu’une femme.

L’auteur signale aussi qu’à propos de l’immigration illégale, le nombre total de « sans papiers » vivant en France est stable depuis 2008 (il y a autant de départs que d’arrivée. Il n’y a donc pas du tout d’invasion comme essayent de le faire croire les tenants du « grand remplacement ».

Il y a eu 50 millions de personnes dans le monde qui ont préparé leur migration pour l’année suivante. Pour le démographe nous vivons maintenant dans un monde de circulation et non de migration.

En ce qui concerne les étudiants, (en dehors d’Erasmus) en 10 ans le nombre d’étudiants partant à l’étranger a plus que doublé (en 2013 ils étaient plus de 4,5 millions) et en grande majorité ils vont dans seulement 6 pays : les Etats-Unis, la France, le Canada, l’Australie, l’Allemagne et la Grande-Bretagne. Ces pays sont très attractifs démentant les discours déclinistes qui se développent chez nous.

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