Il y a 60 ans, des manifestants algériens étaient massacrés à Paris

Publié le 15 octobre 2021

Comme chaque année à Grenoble et dans d’autres villes, de nombreuses associations et mouvements, dont l’ADES, organisent chaque 17 octobre un rassemblement à Grenoble Place Edmond Arnaud pour commémorer le massacre et la disparition de centaines d’algériens qui manifestaient pacifiquement à Paris le 17 octobre 1961. Ce massacre a été organisé par la police sous les ordres du préfet Maurice Papon de sinistre mémoire (condamné pour complicité de crimes contre l’humanité commis durant la dernière guerre).

Le dimanche 17 octobre 2021, le rassemblement aura lieu à 11 h place Edmond Arnaud puis la manifestation partira en défilé jusqu’à l’Isère où des fleurs seront jetées depuis la passerelle St Laurent.

Les organisateurs et leurs nombreux soutiens demandent que :

  • l’État français reconnaisse officiellement sa responsabilité dans les massacres liés à la colonisation.
  • les massacres du 17 octobre soient reconnus comme crime d’État.
  • l’ouverture des archives de la Guerre d’Algérie et de la colonisation aux chercheurs français et étrangers, soit sans restrictions, ni exclusives.
  • les discours xénophobes, racistes, colonialistes soient condamnés.

Voici des extraits de l’appel à ce rassemblement :

« Le 17 octobre 1961, des dizaines de milliers de travailleurs algériens et leurs familles ont manifesté pacifiquement à Paris pour le droit à l’indépendance de l’Algérie, pour leur droit à l’égalité et à la dignité, contre le couvre-feu raciste qui leur était imposé.
Alors que la manifestation était pacifique, la répression s’est abattue sur les manifestants avec une grande violence : des milliers d’arrestations, des centaines de morts ou disparus. Le préfet de police de Paris qui conduisait les opérations était Maurice Papon, condamné en 1998 pour complicité de crimes contre l’humanité pour des actes commis entre 1942 et 1944. Charles de Gaulle était alors le président de la République, Michel Debré le premier ministre. Au nom de la raison d’État, le silence fut organisé sur cette tragédie par le pouvoir de l’époque et ses successeurs. C’est grâce à l’action de citoyens, historiens, écrivains, associations, grâce au foisonnement d’initiatives militantes, que la vérité a pu émerger.
Il est important de garantir l’accès aux archives. C’est pourquoi il faut dénoncer la loi du 30 juillet 2021, qui permet de rendre inaccessible des archives, selon le bon vouloir de l’État, ce qui permet de créer à volonté de véritables trous noirs historiques.


Agir au présent
Rendre hommage aux victimes de la répression de la manifestation du 17 octobre 1961, c’est refuser la violence d’État utilisée pour réprimer les manifestations, c’est refuser la banalisation des violences policières, dont est notamment victime la jeunesse des populations issues de l’immigration.
Il est essentiel de maintenir vivante la mémoire, lutter contre la réhabilitation du colonialisme et de leurs tenants. Comment accepter que soient installées des plaques honorant la mémoire du général Raoul Salan, comme à Roquecourbe dans le Tarn, alors qu’il est un des généraux du putsch d’Alger et dirigeant de l’OAS, ou comme à Foix en Ariège, honorant la mémoire du général Marcel Bigeard, lui qui qualifia la torture en Algérie de « mal nécessaire ». Qu’attendent les pouvoirs publics pour réagir ?


Pour construire un futur solidaire
Depuis le 22 février 2019, le peuple algérien se mobilise et manifeste pour une nouvelle société plus libre, plus démocratique et plus juste. Au lieu de prendre en compte les revendications du peuple algérien, le pouvoir algérien procède à de nombreuses arrestations arbitraires de militants politiques.
Nous appelons à être solidaires du peuple algérien dans son combat démocratique… »

Appel à l’initiative de : Algérie au cœur, Amal, Association Nationale des Pieds Noirs Progressistes
et de leurs Amis (ANPNA), Association de Solidarité des Algériens de l’Isère (ASALI), Comité de
soutien aux réfugiés algériens (CSRA), Coup de Soleil Rhône-Alpes, La Libre Pensée, Mouvement de la Paix-Isère, Ras L’Front Isère.

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