Dernier rapport du GIEC, toujours plus alarmant

Publié le 4 mars 2022

Le 28 février 2022, le GIEC complète son rapport sur le changement climatique intitulé « Changement climatique 2022 : ‎‎ Impacts, adaptation et vulnérabilité‎ ». Il s’agit de la contribution du Groupe de travail II au sixième rapport d’évaluation qui évalue les impacts du changement climatique, en examinant les écosystèmes, la biodiversité et les communautés humaines aux plans mondial et régional. Il examine également les vulnérabilités ainsi que les capacités et les limites du monde naturel et des sociétés humaines à s’adapter au changement climatique.‎

Le GIEC met en garde contre le fait que le monde n’est pas prêt, le réchauffement va plus vite que les mesures pour s’adapter aux conséquences. Au rythme actuel de planification et de mise en place de l’adaptation, l’écart entre les besoins et ce qui est fait va continuer à grandir.

Les conclusions sont toujours plus inquiétantes puisqu’il y a eu une élévation supplémentaire des températures entre 2003 et 2012 de 0,19 °C, d’où la conclusion, que même pour le scénario de très faibles émissions de gaz à effet de serre, il y a très peu de chances de limiter l’élévation à 1,5°C à court terme.

Tout dépassement de +1,5°C entraînerait des impacts irréversibles sur des écosystèmes capitaux comme les récifs coralliens, les glaciers de montagne et les calottes glaciaires.

Comme l’indique un des scientifiques participant au rapport :

Une attention particulière a été portée sur les inégalités et la justice sociale. Ce nouveau rapport insiste sur la manière dont les inégalités démultiplient les effets du changement climatique. C’est un vrai cercle vicieux : une société plus inégalitaire, par les réponses qu’elle apporte aux effets du changement climatique – souvent plus adaptées aux plus riches –, peut accroître les inégalités et ainsi être plus vulnérable aux effets du changement climatique.

La notion de « social tipping point », ou seuil de rupture sociale, est également un mécanisme mis en avant dans cette synthèse. Il montre à quel point les phénomènes climatiques ont des effets sociaux qui varient de manière non proportionnelle à l’impact climatique. Deux ouragans de même ampleur vont engendrer un nombre de morts et de dégâts matériels fort différent selon qu’ils ont lieu au Bangladesh (ouragan Sidr) ou au Myanmar (ouragan Nargis) où le régime autoritaire n’a pas prévenu les populations ni organisé leur évacuation. Idem pour les effets d’une hausse des températures sur le prix du pain et le renversement de régime au Soudan, ou alors la famine actuelle à Madagascar.

Dans cette nouvelle synthèse, on quantifie aussi plus finement les impacts : auparavant, les corrélations entre la hausse de la température et les risques engendrés étaient plus vagues. Cette fois, nous avons travaillé de manière plus systémique, avec des modèles qui évaluent la manière dont les risques et les impacts se renforcent mutuellement, par des effets de force cumulative. François Gemenne : « Les inégalités démultiplient les effets du changement climatique » – vert.eco

Les conséquences dévastatrices du changement climatique sont devenues une réalité avec 3,3 à 3,6 milliards de personnes d’ores et déjà « très vulnérables », soit près de la moitié de l’humanité !

Quel que soit le rythme des émissions de gaz à effet de serre, un milliard de personnes pourraient vivre d’ici à 2050 dans des zones côtières à risque, alors que la hausse du niveau de la mer renforce l’impact des tempêtes et des submersions marines.

La population exposée au risque d’inondations marines va doubler si l’océan s’élève de 75 cm, un chiffre largement compatible avec les projections pour 2100. Aujourd’hui, environ 900 millions de personnes vivent à moins de 10 m au-dessus du niveau la mer.

Le rapport indique que certaines modifications irréversibles et potentiellement catastrophiques du système climatiques, appelées « points de basculement », peuvent être déclenchés à certains niveaux de réchauffement.

Cela concerne par exemple la fonte des calottes glaciaires du Groenland et de l’ouest de l’Antarctique qui contiennent suffisamment d’eau glacée pour faire monter les océans de 13 m.

A court terme, certaines régions – nord-est du Brésil, Asie du Sud-Est, Méditerranée, centre de la Chine – et les côtes presque partout pourraient être frappées par de multiples catastrophes en même temps: sécheresse, canicule, cyclone, incendies, inondations.

Le rapport (en anglais) : AR6 Climate Change 2022: Impacts, Adaptation and Vulnerability — IPCC

Le communiqué en Français du GIEC :facsimile (ipcc.ch)

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