L’état des lycées en Auvergne-Rhône-Alpes

Publié le 3 novembre 2023

Selon le président de la Région Aura, « Plus aucun lycée d’Auvergne-Rhône-Alpes n’est en mauvais état ». Or la réalité n’est pas tout à fait celle-ci. Les groupes des élu-es de gauche et écologistes au conseil régional ont décidé de faire leur propre expertise puisque le président refuse toutes informations détaillées à ce sujet et ont lancé la « Mission Lycées », du 31 mars au 30 juin en donnant la parole à celles et ceux qui étudient et travaillent dans les lycées.  5 716 personnes ont contribué à la plateforme numérique ouverte pour l’occasion, soit 2% de la population lycéenne des lycées publics de la région, et une vingtaine d’organisations ont été auditionnées. Le bilan de cette démarche inédite est sans appel : oui, il y a encore dans notre région des lycées en mauvais état. Et ça n’est pas anecdotique. 

Le volume de données recueillies est important, il a permis de rédiger un rapport de près de 200 pages, dans lequel sont formulées 30 recommandations à l’adresse de l’exécutif régional. 

Voici la préface du rapport concernant le bilan et les enseignements de la mission d’information et d’évaluation citoyenne organisée par les groupes écologistes et de gauche du conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes :

« Plus aucun lycée d’Auvergne-Rhône-Alpes n’est en mauvais état ». Telle est la réponse de Laurent Wauquiez et de son exécutif à nos demandes répétées d’information et de transparence. Circulez, il n’y a rien à voir.

Pourtant, nous ne cessons d’être interpellés depuis des années par des parents d’élèves, des enseignantes et enseignants et parfois des lycéennes et lycéens, tous inquiets de l’état de leur établissement vétuste, parfois dangereux. Ces dysfonctionnements graves mettent à mal les conditions d’éducation et de travail dans nos lycées.

Si tout est aussi idyllique que le prétend la majorité de droite, alors pourquoi ces retours du terrain ? S’il n’y a rien à cacher, pourquoi avoir exclu l’opposition des conseils d’administration des lycées et avoir refusé notre demande de mission d’évaluation et d’information (MIE) fin 2022 ? Pourquoi entraver le droit le plus basique d’une opposition : contrôler l’action de l’exécutif ?

Les lycées sont le deuxième budget du conseil régional. C’est une compétence majeure et essentielle pour l’éducation de nos enfants et l’avenir de notre pays. Évidemment, c’est un défi permanent : accueillir plus de 200 000 élèves chaque année dans 304 lycées publics de la région, mais aussi plusieurs dizaines de milliers de professeurs et agents de l’Education nationale et 6 700 agents régionaux. Nous sommes conscients qu’un tel défi implique forcément des difficultés conjoncturelles et des priorisations et séquençages budgétaires dans le temps.

Pourtant, l’exécutif de Laurent Wauquiez refuse toute opposition constructive, tout dialogue sur ce dossier qui devrait nous réunir et transcender certains clivages partisans. Mais non, l’exécutif a toujours raison, c’est la réalité qui se trompe.

Nous n’avons eu d’autre choix que de lancer notre propre mission d’information et d’évaluation, que nous avons voulu citoyenne pour donner la parole à celles et ceux qui étudient et travaillent dans les lycées. Avec nos propres moyens, nous avons ouvert une plateforme numérique participative hébergée par Civocracy et nous sommes allés à la rencontre des usagers de 95 lycées lors de tractages militants. Nous avons aussi dû batailler pour avoir accès aux documents des audits commandés par la Région, recopiant à la main des pages entières de données.

Le bilan de cette démarche inédite est sans appel : oui, il y a encore dans notre région des lycées en mauvais état. Et ça n’est pas anecdotique. Qui aurait pu en douter ?

Cependant, notre critique n’est pas totale et stérile : il y a bien sûr eu des réalisations depuis 2016. Mais fermer les yeux sur ce qu’il reste à faire – notamment sur l’isolation thermique, les toilettes ou encore les internats -, c’est faire offense aux centaines de milliers d’usagers et usagères de ces lycées.

Nous espérons que ce rapport, construit avec la plus grande rigueur, sera reçu tel qu’il est par l’exécutif : une main tendue pour améliorer les conditions d’éducation et de travail dans nos lycées publics, une action essentielle pour nos enfants et l’avenir de notre région. 

Signatures : Fabienne Grébert et Maxime Meyer, coprésidents du groupe Les Écologistes ; Najat Vallaud-Belkacem, présidente du groupe Socialiste, Écologiste et Démocrate ; Cécile Cukierman, présidente du groupe Insoumis et Communistes ; Guillaume Lacroix, président du groupe PRG – Le Centre-gauche

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