
Depuis quelques années un rassemblement a lieu le 8 mai pour rappeler les massacres décidés par le gouvernement français pour « mater » des manifestations destinées à la défense de l’égalité des droits et l’indépendance à Sétif, Guelma et Kherrata le 8 mai 1945. C’est aussi l’occasion d’affirmer notre solidarité avec les démocrates algériens maltraités par le régime actuel.
Voici l’appel à ce rassemblement à 15 h à Fontaine dans le Parc André Malraux, près de la Mairie de Fontaine, Mail Marcel Cachin (tram A, arrêt Hôtel de Ville La Source).
« La chute du régime nazi a été un événement considérable dans le monde entier, soulevant l’espoir d’un monde plus juste, respectueux des droits et des peuples. Cent trente mille soldats algériens et des dizaines de milliers d’autres soldats et de civils de pays colonisés ont participé à la lutte contre le nazisme au sein de l’armée française, les fameux « indigènes de l’armée française ».
Alors que l’Algérie est constituée de trois départements français, la célébration de la victoire des Alliés contre le nazisme le 8 mai 1945 est l’occasion pour les Algériennes et les Algériens de faire entendre les revendications d’égalité des droits et d’indépendance. A Sétif, des milliers d’Algériens manifestent et brandissent des pancartes « Libérez Messali » (Messali Hadj, leader nationaliste emprisonné), « Nous voulons être vos égaux », « À bas le colonialisme », « Vive l’Algérie libre et indépendante », et un drapeau qui deviendra le drapeau algérien. La répression contre les Algériens durera des mois et sera féroce : 10 000 à 40 000 victimes selon les historiens, à Sétif, Guelma et Kherrata.
Cette répression fut un véritable massacre et un crime d’État : il s’agissait pour le pouvoir français de l’époque de maintenir à tout prix l’Algérie sous domination coloniale. Cet événement tragique a été occulté par tous ceux qui veulent masquer la réalité du colonialisme, faite de violence, d’inégalités et d’oppression.
La colonisation ne fut pas une simple coexistence. Il fallut une violence considérable et un ordre social basé sur le racisme et la discrimination légale (code de l’indigénat) pour maintenir l’ordre colonial. Il est grand temps que le sommet de l’État agisse contre les discours nostalgiques de la colonisation et la présence dans l’espace public de symboles de la violence coloniale.
L’occultation ou la négation des crimes coloniaux ne peut avoir que des effets délétères. Leur reconnaissance est une étape nécessaire et importante pour lutter contre les discriminations et les dominations. Il est urgent de comprendre que notre avenir est commun et qu’il est essentiel de construire des ponts plutôt que des murs.
Rendre hommage aux victimes de Sétif, Guelma et Kherrata, c’est dire le crime que fut la colonisation, et affirmer que la défaite de l’ordre colonial est une victoire pour tous les peuples.
Solidarité avec les démocrates algériens
Il y a une continuité dans les combats menés par les Algériennes et les Algériens pour la démocratie. Le 8 mai 1945, la manifestation réclamait l’égalité des droits pour tous, la proclamation du 1er novembre 1954 donnait comme but à l’indépendance « le respect de toutes les libertés fondamentales sans distinction de race ni de confession ». Ce n’est pas un hasard si la première manifestation importante du Hirak a eu lieu le 16 février 2019 à Kherrata.
Rendre hommage aux manifestantes et manifestants du 8 mai 1945, c’est aussi être solidaire du combat constamment mené par le peuple algérien pour la démocratie.
En Algérie, il y a plus de 200 prisonniers d’opinions qui ont été recensés fin 2024.
Nous demandons la libération de toutes les personnes emprisonnées pour avoir exercé pacifiquement leur droit aux libertés d’expression et de réunion. Nous demandons que cesse la répression contre les organisations démocratiques. »
A l’appel du collectif « 17 octobre 1961 Isère », Algérie au Cœur, Amal, ANPNPA (Association Nationale des Pieds Noirs Progressistes et leurs Amis), ASALI (Association de Solidarité des Algériens de l’Isère), Coup de Soleil Rhône-Alpes, CSRA (Comité de Soutien aux Réfugiés algériens), la Libre Pensée Isère, Mouvement de la Paix Isère. Avec le soutien de nombreuses organisations.
Mots-clefs : Algérie, colonisation, devoir de mémoire, histoire