Quelle politique va mener le gouvernement Barnier ?

Publié le 4 octobre 2024

Le premier ministre a déroulé pendant une heure et demie un discours de droite très généraliste, avec très peu de mesures concrètes, sauf l’augmentation de seulement 2% du SMIC le 1er novembre au lieu du premier janvier 2025. Une mesure qui ne coûte rien à l’Etat ! Il faudrait qu’il aille nettement plus loin s’il veut améliorer les bas salaires.

On connaitra le détail de sa politique lorsque le projet de budget sera connu. Une information importante a tout de même été donnée, le déficit des comptes publics sera de 5% du PIB en 2025.

Or en décembre 2023, lors du vote des budgets 2024, ce déficit était prévu à 4,4% ; il atteindrait maintenant 6,1% et s’il n’y avait pas d’intervention ce serait 7% en 2025. Pour ramener ce niveau de déficit à 5% en 2025, cela suppose une diminution des dépenses publiques (Etat, sécurité sociale et collectivités locales) de 60 milliards, ce qui est colossal.

Au moment où le Premier ministre annonce ces diminutions de dépenses il entérine les Jeux Olympiques pour 2030 qui couteront évidemment très cher. La contradiction est évidente.

Des informations filtrent indiquant que la Sécurité sociale devrait économiser environ 15 milliards, que les retraités ne verraient pas leur retraire revalorisée de l’inflation durant les 6 premiers mois de 2025.

L’annonce du gel de toutes les pensions et retraites durant 6 premiers mois de 2025, est une atteinte au faible pouvoir d’achat des nombreuses personnes seules qui ont des ressources inférieures à 1500 €. Cette mesure peut s’entendre pour les retraité.e.s ayant des revenus décents, mais pour ceux et celles, principalement des femmes, c’est un coup porté à leur maigre pouvoir d’achat. Le « on ne touche pas aux personnes ayant des faibles revenus » est déjà contredit !

Les collectivités locales seraient appelées à un effort d’économie de 3 milliards d’euros.

La Cour des comptes avait proposé que ces dernières diminuent progressivement, jusqu’en 2030, leurs personnels de 100 000 postes, par un non remplacement de tous les départs à la retraite. https://www.ccomptes.fr/fr/publications/les-finances-publiques-locales-2024-fascicule-2

Une augmentation d’impôts et de prélèvements divers pourraient couvrir environ le tiers des 60 milliards, soit environ 20 milliards. Les cibles concernes par cette hausse d’impôts sont les grandes entreprises et les revenus des plus riches.

C’est une remise en cause directe de la politique macroniste. Sur la politique fiscale, il sera très intéressant politiquement de voir comment va se comporter l’aile gauche du macronisme. Il peut y avoir aussi des réticences de la droite, vu les propositions de Wauquiez de faire encore plus d’économies…

Les budgets de l’Etat et de la sécurité sociale seront présentés en conseil des ministres seulement le 10 octobre pour être transmis au parlement le même jour.   

On connaitra le rapport du Haut Conseil des finances publiques sur ces budgets.

Y aura-t-il une majorité pour voter de tels budgets d’austérité, verra-t-on de nouveau l’utilisation du 49-3 ?

M. Barnier explique qu’il donnera la priorité à l’école, la santé et la transition écologique… mais avec quels moyens financiers ? C’est un vendeur d’illusions, il y aura toujours un manque de recettes pour financer ces secteurs qui sont pourtant très prioritaires.

Combien de temps ce gouvernement tiendra-t ’il ? Une indication importante été donnée par Marine Le Pen, dans sa réponse à M. Barnier, elle exige une loi sur « l’immigration restrictive » pour début 2025, si M. Barnier n’accède pas à cette demande, alors le RN pourrait le lâcher. En attendant, le RN devrait permettre à ce gouvernement de poursuivre sa politique d’austérité.

Le Rassemblement National a aussi indiqué que sur la proportionnelle, il soutiendrait un système avec prime pour le parti arrivé en tête. Ce qui est évidemment inacceptable, puisqu’un tel système lui permettrait d’obtenir la majorité avec seulement 30 ou 35 % des voix.

Le jour du discours de politique générale du Premier ministre, l’INSEE nous apprend qu’à la fin de juin 2024, la dette publique, au sens de Maastricht, atteint 3 228,4 milliards d’euros, soit une augmentation de 68,9 Md€, après +58,2 Md€ au trimestre précédent. Cette dette exprimée en pourcentage du produit intérieur brut (PIB), s’établit à 112,0 %, après 110,5 % au premier trimestre 2024.

Avec un déficit d’environ 5 % du PIB pour 2025, la dette continuera d’augmenter fortement.

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