
Cette étude publiée le 12 septembre 2025, s’inscrit dans la continuité des travaux d’I4CE engagés depuis plusieurs années sur la qualification et la quantification des besoins et des moyens pour l’adaptation en France. Elle propose une vision d’ensemble de ce que l’on peut dire sur ces aspects, basée sur le suivi et l’analyse d’une quinzaine de domaines d’action publique concernés par le changement climatique. Des éléments techniques détaillés, disponibles en annexe, offrent un appui pour approfondir ce rapport.
Il est urgent que les pouvoirs publics se penchent réellement sur les investissements indispensables pour adapter nos territoires, investissements oubliés dans le projet de budget Bayrou…
« Une dynamique d’adaptation en nette progression ces dernières années mais fragilisée en 2025
Depuis 2020, nous observons une montée en puissance des moyens dédiés à l’adaptation dans tous les domaines d’action publique concernés par le changement climatique. En particulier, la période 2020-2024 a constitué un réel moment d’appropriation des enjeux et de montée en charge des moyens nationaux. À ce jour, nous n’identifions plus d’angle mort évident, même si les montants ou le périmètre couvert restent limités pour certains domaines.
Cette dynamique nous permet de recenser 1,7 milliard d’euros explicitement dédiés à l’adaptation en 2025, sous forme de crédits budgétaires nationaux et de moyens mobilisés par les opérateurs publics, les institutions financiers publiques et les entreprises de service public. Il s’agit principalement d’enveloppes créées ou rehaussées pour la mise en œuvre de mesures d’adaptation via les Agences de l’eau et divers dispositifs comme le Fonds Vert, le Fonds Barnier ou encore les appels à projets France 2030. Il s’agit également de moyens dédiés au soutien à la recherche et l’innovation ainsi qu’aux démarches d’adaptation via des capacités d’ingénierie et d’animation.
Plus largement, l’ensemble des politiques publiques et des programmes d’investissement concernés intègrent de mieux en mieux le changement climatique. Ce constat nous conduit à considérer qu’aujourd’hui plusieurs dizaines de milliards d’euros de dépenses qui, sans être explicitement dédiées, contribuent significativement à l’adaptation. Il s’agit en particulier :
- des investissements dans la transition avec des co-bénéfices avérés pour l’adaptation comme ceux consentis pour la modernisation des infrastructures, la rénovation énergétique des bâtiments ou le renouvellement forestier.
- des moyens des politiques qui, par nature, permettent de gérer les risques climatiques comme la prévention des inondations, la sécurité civile ou encore les politique de santé-environnement.
Si ces co-bénéfices sont de plus en plus recherchés, le cas des bâtiments publics (écoles, gares) ou des logements en surchauffe à chaque épisode caniculaire malgré des travaux récents montre que des progrès sont nécessaires pour mieux prendre en compte l’adaptation et réduire les vulnérabilités.
En période de débat budgétaire, suivre les dizaines de milliards d’euros de moyens contribuant à l’adaptation (et pas seulement les milliards dédiés à l’adaptation) est particulièrement important car leur
évolution, généralement décidée sur la base d’autres enjeux que l’adaptation, a des implications directes sur cette dernière… »
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Quelques jours après cette étude de l’IC4E, un rapport de la Cour des comptes du 16 septembre 2025 sur la transition écologique conclut : « Un constat sans appel : le coût de l’inaction est supérieur à celui de la transition »
« Le réchauffement climatique pèse déjà lourdement sur les finances publiques, la croissance économique et la qualité de vie des Français. Les crises agricoles, les coûts des canicules pour le système de santé, les inondations des Hauts-de-France en 2023 ou le cyclone Chido à Mayotte en 2024 représentent chaque année plusieurs centaines de millions d’euros, et les projections indiquent que le coût annuel des sinistres climatiques pourrait presque doubler d’ici 2050. À l’inverse, chaque euro investi en prévention permet d’économiser jusqu’à trois euros de dommages évités. La Banque de France et le réseau NGFS (Network for Greening the Financial System) soulignent que la transition vers la neutralité carbone est beaucoup moins coûteuse que l’inaction : en France, le statu quo ferait perdre 11,4 points de PIB d’ici 2050, tandis qu’une transition ordonnée permettrait de limiter ce recul. À l’échelle mondiale, le coût de la transition est estimé à 1,2 point de PIB, contre 15 points pour l’inaction, confirmant l’urgence d’agir sans retard. Le choix est clair : investir tôt et massivement dans la transition écologique est un impératif environnemental autant qu’une décision rationnelle et économiquement pertinente. La transition écologique n’est pas une politique publique parmi d’autres : elle doit irriguer l’ensemble des politiques, nationales comme territoriales, et s’appuyer sur une gouvernance spécifique, une intégration systématique, des trajectoires crédibles et pluriannuelles, ainsi que des modalités d’action efficaces et équitables. Avec ce premier rapport annuel, la Cour entend contribuer au débat public et favoriser une transition plus rapide, plus efficace et plus juste. »
Mots-clefs : climat, transitions