Recrudescence de cas de chikungunya et d’autres maladies transmises par les moustiques

Publié le 3 octobre 2025

La maladie transmise par le moustique tigre (parmi d’autres) continue de se répandre et cela s’accélère.

Jusqu’à présent, les cas de chikungunya étaient essentiellement importés par des personnes revenant pour la plupart d’un séjour en Outre-mer. Mais Santé Publique France signale dans son bulletin du 25 septembre 2025, pour la région Aura : « Six épisodes de transmission autochtone de chikungunya identifiés dans la région au 23 septembre 2025, comptabilisant 46 cas : Drôme (Montoison et Suze-la-Rousse), Isère (Claix, Eybens et Varces) et Savoie (St Ours). Un foyer est particulièrement actif à Eybens (38) avec 35 cas signalés. »

Les autorités sanitaires rappellent le rôle de chacun pour se protéger des piqûres et limiter la prolifération des moustiques : porter des vêtements longs et couvrants ; utiliser des répulsifs cutanés ; installer des moustiquaires ; lutter contre les gites larvaires en supprimant les eaux stagnantes à l’intérieur et autour des habitats (dessous de pots, bâches, déchets, gouttières, etc.).

L’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) qui avait été saisie le 16 juin 2023 par la Direction générale de la santé (DGS) et la Direction générale de la prévention des risques (DGPR) pour la réalisation de l’expertise suivante : « évaluation de l’efficacité des techniques de lutte antivectorielle utilisant des lâchers de moustiques (TIS, TII et technique de remplacement) », vient de rendre son rapport.

Dans sa conclusion elle note que c’est bien la lutte par lâchers de moustiques qui est la plus efficace en l’absence de vaccin : « Dans ce contexte de menace croissante liée aux agents pathogènes transmis par les Aedes et en l’absence de solution vaccinale adaptée, ainsi que de traitements spécifiques contre ces maladies, la lutte contre les moustiques vecteurs (dite lutte anti-vectorielle ou LAV) reste le principal moyen d’action. »

« 4. CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS DE L’AGENCE

Les maladies à transmission vectorielle représentent un enjeu majeur de santé publique. Cet enjeu est d’ores et déjà patent dans les territoires ultramarins français des Antilles, Guyane et de l’Océan Indien, où les épidémies de dengue sont saisonnières. Plus récemment, l’évaluation par l’Anses (Anses 2024) du risque et des impacts d’une arbovirose associée à la présence du moustique tigre a conclu à la probabilité assez élevée d’avoir, au cours d’une saison en France hexagonale, au moins un épisode de transmission autochtone sous forme de foyer(s) localisé(s) à cinq ans dans le contexte hexagonal. Cette expertise avait également caractérisé les différents impacts sur le système de soins, ainsi que sur d’autres activités socio-économiques qu’une épidémie d’arbovirose serait susceptible de générer.

Dans ce contexte de menace croissante liée aux agents pathogènes transmis par les Aedes et en l’absence de solution vaccinale adaptée, ainsi que de traitements spécifiques contre ces maladies, la lutte contre les moustiques vecteurs (dite lutte anti-vectorielle ou LAV) reste le principal moyen d’action. Comme illustré par l’avis de l’Anses relatif aux stratégies de LAV (Anses 2022), celles-ci doivent adopter une approche dite de lutte intégrée, reposant sur une combinaison d’actions de surveillance, de prévention et de contrôle, en associant étroitement la population.

S’agissant des moyens de lutte sur les populations de moustiques figurent notamment la lutte « mécanique », les pièges (Anses 2021) ou encore les traitements biocides. Chacun d’entre eux présente des limites : manque de preuve d’efficacité, résistances aux biocides ou risques d’effets pour l’environnement voire la santé humaine. Ainsi, malgré les travaux sur l’identification d’un panel de substances actives d’intérêt pour la LAV (Anses 2016), force est de constater que les solutions homologuées sont en nombre très restreintes (la deltaméthrine est la seule substance biocide adulticide actuellement autorisée) et qu’il peut être nécessaire de s’appuyer sur des recommandations spécifiques ou dérogatoires pour les stratégies d’utilisation de produits biocides dans un contexte inter-épidémique et épidémique contre les moustiques vecteurs de type Aedes, Anopheles et Culex (Anses 2023).

C’est dans ce contexte que des techniques, pour la plupart alternatives à la lutte chimique contre les moustiques vecteurs, ont été développées ou sont en cours de développement à travers le monde. Aussi, il existe une certaine urgence à en qualifier l’efficacité et en documenter les effets non-intentionnels (ENI).

L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) endosse les conclusions des experts, ainsi que leurs recommandations relatives à l’évaluation et la mise en œuvre de l’efficacité des techniques de lutte antivectorielle utilisant des lâchers de moustiques : TIS, TII et leurs variantes, ainsi que la technique de remplacement. S’agissant de l’encadrement, elle apporte cependant les nuances et précisions ci-après.

La revue de la littérature scientifique menée montre qu’il ressort d’ores et déjà des éléments de preuve de l’efficacité (établis sur différents critères), même s’ils sont contrastés selon les techniques. Ainsi, la technique de remplacement est la seule à présenter des preuves de son efficacité épidémiologique avérées vis-à-vis de la dengue et possibles vis-à-vis du chikungunya (cf. tableau 4). Les niveaux de preuves pour les autres paramètres et techniques sont indiqués dans ce même avis (Tableaux 2 et 3). L’Anses encourage à poursuivre, notamment dans le cadre des mises en œuvre sur le terrain, la collecte des données permettant de préciser ou consolider les niveaux de preuves disponibles, par des travaux de recherche complémentaires. Pour cela, des programmes de recherche coordonnés et des financements dédiés apparaissent indispensables.

Par ailleurs, l’Agence partage le constat du GT que la mise en place et le déploiement des techniques utilisant les lâchers de moustiques stériles, stérilisants ou transinfectés ne font l’objet d’aucun encadrement réglementaire dédié. L’Anses considère que cet encadrement devrait avoir pour objectifs premiers la transparence – principe important dans l’adhésion aux stratégies de LAV –, et la traçabilité pour un suivi des déploiements opérationnels de ces techniques, qu’il convient de déployer avec la rigueur recommandée. Un dispositif basé sur la déclaration de la mise en place et du déploiement répondrait à ces objectifs. Elle souligne également le besoin de création d’un statut réglementaire pour les insectes irradiés et/ou transinfectés par Wolbachia. À noter que des premiers lâchers de moustiques stériles (TIS) en France hexagonale ont eu lieu à Brive-la-Gaillarde en mai 2025.

Au sujet de paramètres à surveiller dans le cadre des déploiements, l’agence indique qu’une partie de l’expertise a recensé, de manière prospective, les effets non-intentionnels potentiels de ces techniques. Une grande part de ces effets est peu documentée. Aussi, l’Agence est prête à mettre en œuvre une expertise pour analyser plus avant les potentiels effets non-intentionnels, afin de recommander ceux qu’il conviendrait de surveiller lors du déploiement opérationnel de ces techniques. »

Mots-clefs :

Le commentaires sont fermés.


ADES  - Le Rouge et le Vert
Résumé de la politique de confidentialité

Ce site utilise des cookies afin que nous puissions vous fournir la meilleure expérience utilisateur possible. Les informations sur les cookies sont stockées dans votre navigateur et remplissent des fonctions telles que vous reconnaître lorsque vous revenez sur notre site Web et aider notre équipe à comprendre les sections du site que vous trouvez les plus intéressantes et utiles.