Pour l’avenir de Grenoble, Vive la non candidature aux JO !

Publié le 29 mars 2009

jo-2008-greAnalyse de M. Boileau,  conseillère municipale de Grenoble, Groupe Ecologie et Solidarité

II y a de mauvaises batailles dans lesquelles il aurait sans doute été préférable de ne pas s’engager ! Celle de la candidature aux JO en est une après d’autres, comme celle qui est menée contre le groupe Ecologie Solidarité au conseil municipal !

Quoiqu’il en soit, nous ne sommes pas davantage satisfaits que le CNOSF ait qualifié  Annecy. Les Jeux Olympiques tels qu’ils se pratiquent désormais (business, argent et corruption, dopage, mépris de la santé, dépenses énormes à forte empreinte écologique négative), ne sont en accord avec les principes de base du sport (un esprit sain dans un corps sain) et du développement soutenable pour la planète. Ce productivisme et ce recours « au tout marché » ne sont plus d’actualité. Nous ne sommes plus au 19ème, ni au 20ème siècle. Avec cette candidature la majorité municipale a tenté de jouer du paradoxe entre sport, développement soutenable et JO. Personne n’a été dupe et certainement pas les experts de la commission du CNOSF qui, dans leur rapport concernant Grenoble, ont mis fortement en doute cette option avec un dossier fondé sur un grand usage des énergies carbonées.
Nous voudrions également apporter quelques remarques aux éluEs de droite qui aujourd’hui se désolidarisent dans l’échec après avoir sans cesse voté pour les JO. Sans oublier que le dossier était bien soutenu par le pouvoir d’Etat en place, puisque le Préfet, représentant de l’Etat, accompagnait la délégation à Paris. Seule la ville de Grenoble a bénéficié de ce soutien très politique.

Les remarques négatives de la Commission à la candidature de Grenoble portaient sur plusieurs points essentiels :

  • le manque de soutien populaire et surtout l’absence de sondage pour connaître l’avis des Grenoblois. Le Maire a-t-il eu  peur de montrer qu’une forte opposition se faisait jour ?
  • l’annonce de JO sans voiture, avec la proposition de deux grands projets d’infrastructures routières, la rocade nord et, information surprise, le doublement de la départementale Grenoble- Bourg d’Oisans.
  • et la question du logement privé qui ne pouvait pas si facilement se transformer en logement social.

Cette candidature s’est construite dans une opacité totale depuis 2005. La très grande majorité des EluEs municipaux ont été privés de toutes les informations élémentaires, indispensables pour exercer leur rôle. Et pourtant, nous avons voté la mise en œuvre d’une charte de la démocratie locale.  Nous espérons que grâce à ce document nous allons en finir avec les logiques bassement partisanes et technocratiques.

Il est également regrettable que ce projet de candidature n’ait jamais fait l’objet d’une réflexion au niveau de l’agglomération, il n’en a pas été fait mention dans le document « 2020 un projet pour l’agglomération grenobloise ». Le soutien de la Métro a été parcimonieux. La délibération intitulée « Grands équipements et espaces naturels et de loisirs », votée par les conseillers communautaires le 28 novembre 2008 et présenté par une des adjointes du Maire de Grenoble, ne faisait d’ailleurs référence ni au sport, ni au développement soutenable. Curieux, non ?

Tout cela est maintenant une histoire terminée, à moins que la majorité grenobloise ne prévoit une nouvelle candidature à présenter dans 4 ans. Nous souhaitons connaître rapidement quel sera l’intitulé de la délégation de l’Adjoint actuel aux Jeux Olympiques et au développement durable, ce développement durable, que nous préférons appeler développement soutenable est un formidable enjeu, qui mérite que tous les élus s’en occupent, tellement il y a de pain sur la planche

Il n’est d’ailleurs pas trop tard, pour remettre en débat l’autre grand chantier en cours sur l’aménagement de la presqu’île scientifique, avec les populations environnantes, avec toutes celles et ceux qui travaillent sur le site, mais aussi avec les Grenoblois et les habitants contribuables de l’Agglomération afin de conduire une réflexion en vue d’un projet qui serait le résultat d’une construction collective. La concertation selon la charte de la démocratie, ce n’est pas seulement de l’information, c’est de la co-construction ! Alors chiche ! Maintenant rien ne nous presse, si ce n’est l’exigence d’un développement soutenable démocratique. Il est toujours intéressant d’entendre l’avis du peuple qui nous a élus, il fait régulièrement preuve d’intelligence et de clairvoyance.

Changeons d’ère, inventons un développement soutenable à Grenoble !

Aujourd’hui nous devons rechercher un vrai développement soutenable, à Grenoble et dans sa région compatible avec ce que la planète peut supporter en facilitant l’accès aux biens de première nécessité pour tous les peuples. La situation climatique est tellement dégradée qu’il est indispensable de diminuer de manière drastique toutes les émissions de gaz à effets de serre. Quant à la situation économique internationale, elle nécessite une réflexion plus approfondie et d’autres remèdes que des projets éphémères et aléatoires comme les JO.

Et maintenant, quels projets pour Grenoble et l’agglo ?

Pourquoi ne pas se consacrer pleinement aux dossiers importants pour la ville ? Nous avons esquissé une première liste de ces dossiers susceptibles de faire consensus dans la ville et la région :

  • Promouvoir un vrai programme de développement soutenable pour cette ville et sa région urbaine (un SCOT soutenable en ce moment à l’étude, mais qui oublie les massifs alentours Chartreuse et Vercors qui sont pourtant en interactions permanentes avec notre ville), et ainsi promouvoir Grenoble comme l’une des toutes premières villes européennes de l’écologie.
  • Avoir l’ambition d’être une « communauté urbaine », voire une métropole urbaine (rapport Balladur) en nous appuyant sur un vrai programme de coopération avec toutes les communes des vallées et des massifs ce qui nous assurerait des ressources plus pérennes que ce projet de JO ?
  • Valoriser deux de nos atouts majeurs à Grenoble : l’eau, combat de l’ère Dubedout dont nous avons été le seul groupe à promouvoir la remunicipalisation après les errances de la période Carignon, l’électricité, cette fameuse « houille blanche » qui devrait permettre jeter les bases d’un programme de recherche autour de la valorisation des énergies dites propres.
  • Réfléchir, enfin, à l’E-activité (télétravail et te télé-activité), qui n’apparaissent jamais dans les projets d’avenir.

Les échecs apportent des enseignements !

Après cet échec de la candidature aux JO 2018, nous devons nous retrousser les manches et rechercher ensemble, quels seraient, le ou les projets culturels et sportifs capables de mobiliser cette ville, en lien avec l’agglomération et surtout en lien avec la région urbaine, en tenant compte de notre spécificité montagneuse environnante.

Il y a des exemples  de fêtes réussies dans certaines villes, comme les folles journées de Nantes, ou Lille et la culture européenne. Comme ailleurs, cette ville et agglomération ont des acteurs talentueux dans les équipements culturels et sportifs. Ils sont sans doute en attente d’une autre dynamique pour notre ville, capable de créer les relations inter quartiers, inter générations, interculturelle. Quand allons-nous véritablement valoriser l’histoire de cette ville avec tous ces mouvements migratoires qui ont permis sa richesse, mais dont les enfants ou petits enfants ont parfois le sentiment d’être des laissés pour compte ? Il y a probablement des trésors d’imagination et d’innovation inutilisés. Une telle priorité pourrait permettre à Grenoble de se donner une belle stature internationale dans un projet mobilisateur avec les villes de la Méditerranée dont sont originaires bon nombre des habitants de la région grenobloise.

Il faut arrêter de penser dans les schémas d’hier : infrastructures lourdes (marchés du BTP) et automobiles, le tout orchestré par une Chambre de Commerce accrochée aux schémas du 20ème siècle et qui n’arrive pas à s’orienter vers l’économie de services, de l’immatériel et de la connaissance.

Quant aux arguments sur les emplois, nous pouvons lancer d’autres défis créateurs d’emplois et protecteurs de l’environnement : abandonnons le projet de la rocade pour développer massivement des lignes de transports collectifs, sûres, nombreuses et rapides dans les trois directions de l’Y grenoblois, Nord-Est, Nord-Ouest et Sud de la ville et de l’agglomération mais aussi en direction des massifs environnants d’où proviennent nombre de pendulaires. Nous pourrions aussi développer des activités qui présentent l’avantage d’être non délocalisables : apprentissage conséquent d’une seconde langue vivante dès l’école maternelle, services liés à la vie quotidienne, services liées à l’amélioration de la ville, services culturels et de loisirs, services liés à l’amélioration de l’environnement, tous fortement créateurs d’emplois. Les populations démontrent quotidiennement qu’elles sont prêtes à un changement profond d’orientation, mais les éluEs qui sont aux responsabilités, associés à certains acteurs économiques conservateurs, empêchent toute évolution favorable vers un développement soutenable.

La vérité des financements et les choix !

Notre groupe va demander le montant exact des dépenses de cette candidature et le portera à la connaissance des Grenoblois. Nous en aurons un premier aperçu lors du vote du compte administratif 2008. Nous saurons à ce moment de vérité, si une partie de l’augmentation des impôts que nous désapprouvons pour 2009, mais imposée sans concertation préalable par la majorité,  n’a pas pour origine un dérapage financier antérieur.

Ne prétextons pas les questions financières pour renoncer à des nouveaux projets, puisque les budgets étaient prévus pour la candidature des JO. Il est tout à fait possible de les utiliser pour des nouveaux projets créateurs d’une belle ambition culturelle et sportive à Grenoble qui sera durable dans le temps et soutenable dans ses méthodes. Nous avons même démontré qu’un autre budget était possible et même souhaitable sans augmenter les impôts.

Comme le disait Jean Monnet : « Nous ne sommes pas optimistes, nous sommes déterminés ». Nous sommes persuadés que Grenoble peut devenir l’une des premières villes écologistes en Europe, au sens large, accueillante pour tous dans un environnement protégé et maîtrisé. Un pari qui en vaut bien d’autres !

M. Boileau,  conseillère municipale de Grenoble, Groupe Ecologie et Solidarité

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