Et si on reparlait finances…

Publié le 9 mai 2014

tirelireNotre article du 26 avril intitulé «Si on parlait finances» a fait réagir l’opposition PS. Nous tenons à rassurer cette opposition qui n’a rien à proposer mais seulement à se plaindre de n’avoir pas accès aux informations. Contrairement à ce que déclare l’ex-adjoint aux finances de M. Destot, l’ADES n’a pas eu accès à des informations qui auraient été dissimulées aux membres des trois oppositions (FN, PS, UMP) au sein du Conseil municipal. Pour savoir ce qui s’est passé dans la gestion des finances de la commune de Grenoble, il n’y a pas besoin d’avoir accès à des informations secrètes. J. Safar, en charge du dossier jusqu’au 4 avril 2014, connaît parfaitement le budget 2013 qu’il a piloté dans les moindres détails. Il ne devrait donc pas être surpris par les annonces de l’ADES, ni se plaindre de manière mensongère qu’il est privé d’informations. N’était-il pas le seul jusque-là à détenir les comptes de la commune ? Au lieu de répondre sur le fond, il botte en touche en faisant semblant d’être surpris de ne pas avoir les informations. De deux choses l’une : ou bien ce que dit le Rouge et le Vert est faux et alors que J. Safar en apporte la preuve ou bien c’est vrai et alors, en responsable, il doit reconnaitre que sa gestion a été mauvaise.

Sur quelles informations se base le Rouge et le Vert pour évaluer ce qui s’est passé en 2013 et sur ce qui va se passer en 2014 ? Sur quelques éléments simples que n’importe quel-le élue majoritaire ou opposant devrait savoir maîtriser et utiliser.

Le service finances de la ville est très compétent et les prévisions faites en décembre 2013 pour le budget primitif de l’année 2014 sont précises et prévisionnelles notamment en matière de dépenses de personnel dès lors qu’il n’y a pas changement de politique entre temps. Les modifications budgétaires en cours d’année sont en général de faible ampleur et les résultats en fin d’année sont très proches des prévisions du budget primitif (un écart d’environ 1% habituellement ce qui démontre la qualité des prévisions).

Or, lors du conseil municipal du 21 octobre 2013, la décision modificative budgétaire indiquait un nouveau dépassement du budget affecté au personnel (+1,6 M€), dérapage déjà constaté déjà du vote du budget supplémentaire le 8 juillet 2013 (+3,2 M€). Dès lors il n’était pas nécessaire d’être devin pour se rendre compte qu’au cours de l’année 2013 les dépenses de personnel augmenteraient d’environ 4,8 M€ par rapport au budget prévisionnel !!! J. Safar le savait en tant qu’adjoint aux finances à moins que les résultats du second tour des élections municipales l’ai frappé d’amnésie .

Prévisions et réalisations des frais de personnels(en millions d’Euros)
Année Budget primitif (BP) Budget modifié (BM) Compte administratif (CA) Différence BP-BM Différence BM – CA
2010 122,1 123,5 123,3 1,4 0,2
2011 123,5 124,6 124,4 1,1 0,2
2012 125,2 126,9 126,5 1,7 0,4
2013 126,5 131,3 ? 4,8 ?

Au cours de l’année 2013 la majorité de l’époque a été obligée d’augmenter la part du budget affectée aux personnels suite aux embauches importantes et non prévues, celles d’animateurs du périscolaire et d’emplois d’avenir, et d’autres choix comme pour la police municipale……. Si l’on en croit le tableau ci-dessus, l’augmentation réelle des dépenses devrait atteindre au moins 4,5 M€ !!!

Concrètement, la réalisation du budget 2013 va conduire à des résultats beaucoup moins bons que les années précédentes et surtout moins bons que ceux qui étaient espérés. De combien en fait ?

La lecture de la dernière modification budgétaire d’octobre 2013 donne des indications intéressantes :

Les dépenses de fonctionnement corrigées augmentent de 10 M€ par rapport au budget primitif et les recettes de seulement 8 M€. Soit un recul prévisible de l’épargne de la ville d’au moins 2 M€. Il n’est pas besoin d’être un grand spécialiste des finances communales pour prédire que le résultat de 2013 sera en nette diminution par rapport aux années précédentes. Une prévision d’un résultat se situant entre 0 et 1 M€ n’était donc pas irréaliste et n’aurait surpris personne, sauf que J. Safar écrivait qu’obtenir un résultat de 2 à 3 M€ était la marque d’une bonne gestion. Si on suit sa logique, le résultat attendu pour 2013 démontrerait ses approximations gestionnaires.

Dans ces conditions, la réalisation du budget 2014 voté en décembre 2013 laisse planer des doutes. L’inquiétude est d’autant plus grande que le budget primitif voté en décembre 2013 a fait des prévisions de recettes un peu optimistes en ce qui concerne le produit des impôts locaux (augmentation de 4,7 M€ par rapport au BP 2013, ce qui n’était pas dans la continuité des années précédentes). Inversement les frais de personnels ont été largement sous-estimés. Ainsi le budget prévoyait seulement 131 M€ de dépenses de personnel en 2014 soit l’équivalent, voire un peu moins que les dépenses réelles effectuées en 2013. Or, chaque année, il y a une augmentation mécanique de la masse salariale d’au moins 1,5 à 2 % par an à effectif constant (effet du glissement vieillisse-technicité GVT), de plus les personnels embauchés au cours de l’année 2013 seront là pour 2014 année pleine, donc le budget qui y sera consacré sera nettement plus élevé qu’en 2013.

Dès maintenant, sans avoir eu accès à des informations qui auraient été cachées aux trois oppositions (FN, PS, UMP), on peut estimer que le budget 2014 présente un déficit d’au moins 5 M€ par rapport aux prévisions, à condition qu’il n’y ait pas d’autres dérapages imprévus dans les dépenses. Cela J. Safar le savait et il n’a rien dit à son opposition d’alors. Quant aux autres oppositions (FN et UMP) qui hurlent avec le loup, elles pourraient travailler un peu et réaliser l’évaluation que l’ADES vient de faire sur la base des documents publics disponibles et qu’elle possédait. C’est cela être le garant vigilant au service des citoyennes et des citoyens.

Les Grenobloises et les Grenoblois ont donc bien fait de ne pas faire confiance à l’équipe sortante relookée et à son nouveau leader. Il était même urgent d’en changer, comme nous le disions depuis des années, afin d’éviter des catastrophes plus importantes. Désormais la nouvelle majorité va devoir réparer ces dégâts dans un contexte très difficile, puisque le gouvernement annonce une purge sévère dans les dotations aux communes en 2015.

Attendons maintenant des informations officielles pour que tout soit mis sur la table et que le débat public puisse s’ouvrir sur le fond. Nous écouterons avec attention les arguments de l’opposition PS et sans doute les arguties des deux autres groupes. Le Rouge et le Vert, fidèle en cela à ses habitudes depuis 30 ans, essaiera d’éclairer encore les Grenobloises et les Grenoblois sur la réalité de la situation des finances de la commune et de la Métro et sur les choix qui devront être faits, même s’ils sont douloureux. Ce journal a toujours su prendre ses responsabilités. Pourquoi changer une méthode qui a fait ses preuves au bénéfice des habitantes et des habitants de Grenoble.

Mots-clefs : ,

Le commentaires sont fermés.