On « eiffage » tout !

Publié le 17 septembre 2011

Après avoir défendu pied à pied (si l’on ose dire) la Rocade Nord, voilà que le président de la Métro, Marc Baïetto, n’a plus d’yeux que pour « la ville post-carbone ». Saluons comme il se doit cette soudaine mais heureuse métamorphose ! Rendre la ville respirable et plus agréable à vivre ! Quelle plus noble ambition pour… demain ? Pas tout à fait, disons plutôt à l’horizon 2030. Voilà qui calme un peu les ardeurs. Mais de quoi s’agit-il ? Il s’agit de : lutte contre le réchauffement climatique, réduction des consommations d’énergies et des émissions de gaz à effet de serre, isolation thermique des bâtiments et immeubles, préservation de la qualité de l’air, développement des espaces naturels de l’agglomération, déplacements en modes doux, renforcement du maillage des transports en commun… Autant d’actions connues de tous que les élus discutent et engagent depuis plusieurs années déjà. Alors quoi de neuf ? Où faut-il chercher l’innovation ?

Dans « Phosphore » bien sûr, le nom du laboratoire de « recherche en développement urbain durable » à qui la Métro a décidé de confier la destinée de ses habitants pour la modique somme de plus de 1 million d’€ dans un premier temps. Phosphore se présente comme un laboratoire de « prospective en développement durable visant à définir et à mettre en œuvre la ville de demain ». On retiendra « définir » et surtout « mettre en œuvre ». Voilà qui s’appelle faire d’une pierre deux coups, rien d’étonnant quand on sait que Phosphore n’est autre que le petit dernier du groupe Eiffage : Concessions et PPP (Partenariat-Public-Privé), Construction, Travaux Publics, Energie, Métal . Eiffage, 5ème groupe européen de la construction et des concessions. A titre d’exemple le groupe est l’heureux propriétaire, depuis le 20 février 2006, du 2ème groupe autoroutier de France, « Autoroutes Paris Rhin Rhône » et de sa filiale AREA. C’est dire s’il peut facilement défendre le développement durable. N’étant pas très regardant, il peut aussi bien construire un grand stade (Grand Stade de la Métropole Lilloise) que des prisons (Lyon-Corbas).

Dès lors en quoi tout cela le qualifie-t-il pour venir dire aux habitants ce que sera leur ville ou leur agglomération demain ? Mystère. On ne peut qu’être surpris par le choix des élus qui se targuent à longueur de temps d’une agglomération innovante, avec ses scientifiques, ses laboratoires de recherches… Pourquoi se tourner vers le privé alors qu’il existe à demeure (ou dans d’autres centres de recherches publics) toutes les ressources locales et publiques ? Une partie de la réponse, celle d’Eiffage en tout cas, se trouve sur son site. Ainsi après avoir sévi à Marseille et Strasbourg, il affirme « Grenoble nouveau terrain de jeu virtuel* pour Phosphore ».
* Les habitants bien réels apprécieront…

L’agglomération terrain de jeu pour le privé : voilà qui va enthousiasmer ses habitants, un enthousiasme sûrement décuplé à l’idée que cette opération est servie par ce qu’il est convenu d’appeler la gauche.

Encore une fois une occasion ratée de mettre en place des outils publics adaptés aux besoins des collectivités et de leurs habitants. Les écologistes ont proposé depuis des années, la mise en place de pôles de compétences de la recherche publique par opposition aux pôles de compétitivité dominés par les intérêts des multinationales privées.

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