L’élu, l’ennui et les années 30

Publié le 2 décembre 2011

On se prend parfois à rêver que certains élu(e)s prendraient de la hauteur, affirmeraient leurs convictions en paroles et en actes et feraient preuve de courage. Malheureusement, la réalité démontre que nous sommes loin, bien loin du compte, comme on a pu le voir ces derniers temps où il n’est pas rare que le ridicule le dispute au pathétique.

C’est d’abord M. Chamussy, élu municipal de droite qui, après la formidable victoire des « Mounier », prend le train en marche et tente grossièrement, lui qui n’est jamais intervenu, de récupérer la mise. On n’en voudra donc pas à J. Safar 1er adjoint au maire de Grenoble d’avoir répliqué aussitôt et justement à cette minable tentative. Il aurait pu s’en tenir là, ne pas en rajouter, mais c’est chose impossible et déclare que M. Chamussy a fait « Une démarche qui vise en fait à mettre en cause le maire à des fins politiciennes au seul service de la polémique ». En matière de « fins politiciennes » on peut lui faire confiance, c’est en effet un expert.

Mais tout cela ne serait que broutilles en comparaison des sommets atteints par A. Vallini, Président du Conseil général de l’Isère, tout récent sénateur, chargé dans l’équipe de campagne du candidat du PS F. Hollande, de la Justice et des Institutions, après son passage, le 25 novembre dernier au Petit Journal émission de Canal Plus.

Cynisme, désinvolture, condescendance, inélégance (pour user d’euphémisme), A. Vallini est un cumulard. Alors que la presse vient de relayer ses déclarations, il s’étonne, s’offusque : « Il est lamentable que des propos privés ordinaires donnent lieu à une exploitation médiatique » que l’on peut traduire par :

  1. les propos tenus n’ont rien d’extraordinaire et sont donc l’expression de sa pensée ordinaire.
  2. Personne et sûrement pas les journalistes qui l’entouraient ne l’ont obligé à s’exprimer.

Venons-en au fait. Devant l’Assemblée Nationale, A. Vallini va à la rencontre de quelques journalistes de la presse audio-visuelle, et déclare :

« Oui je suis toujours là (ndlr : à l’assemblée), je suis plus souvent à l’Assemblée qu’au Sénat. (question à la volée : vous allez vous représenter ?) Je vais revenir à l’Assemblée. Je me suis laissé fléchir parce que j’étais Pdt de Conseil général et là oui il faut tirer la liste mais, pfff !..Je m’ennuie là bas, (ndlr : au sénat) il ne se passe rien, il n’y a pas de journalistes. Le Palais du Luxembourg est vieillot, on dirait un bordel des années 30 ».

On reconnaîtra là des formules de grande qualité, de nature à rallier tous les sceptiques de la politique et qui ne manqueront pas de ravir les électeurs de A. Vallini, mais aussi les grands électeurs (conseillers municipaux, généraux, maires…) qui récemment lui ont fait confiance en le conduisant au Sénat. Le sénateur socialiste J. P Bel aura sans doute apprécié à sa juste valeur les propos de son collègue sur l’institution de la République « bordel des années 30 » qu’il préside. A croire que DSK hante encore l’esprit de certains socialistes. Enfin, les personnes en grandes difficultés, les chômeurs du département et le personnel du conseil général seront sûrement sensibles à « l’ennui » manifesté par le Président de l’assemblée départementale.

A trop s’éloigner de la réalité on finit par perdre tout sens de la mesure. Lamentable ! Comme dirait A.Vallini.

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