Les derniers jours de campagne électorale sont toujours des moments où les politiques se « lâchent », soit par fatigue soit par angoisse du résultat.
La palme revient à J. Safar (PS) qui déclare à propos de Cécile Duflot, venue à Grenoble pour soutenir les candidats écologistes et appeler à battre le FN : « Cécile Duflot n’avait-elle pas plus intelligent à faire, à quelques jours du second tour, que de venir en Isère, un département qui restera de toute façon à gauche? Faut-il lui rappeler la situation politique en France, la présence de l’UMP et du FN, dans d’autres départements? » (interview à Grenoble Citylocal News le 22/3/11). Désormais, à Grenoble, les partis politiques devront demander une autorisation à J. Safar pour organiser des réunions publiques ! Il n’est pas inutile de lui rappeler ce qui se passait à Grenoble au début du premier mandat Destot. Alors que les écologistes à Grenoble et en Isère, avec en particulier leurs éluEs à Grenoble, étaient très actifs pour organiser les manifestations contre l’extrême-droite, M. Destot et son chef de cabinet M. Safar avait refusé un temps d’appeler à manifester contre la venue de Le Pen à Grenoble le 9 décembre 1996, s’opposant à ce que les éluEs du conseil municipal de Grenoble participent avec leur écharpe officielle à la manifestation organisée par plusieurs dizaines de mouvements. Malgré leurs hésitations, ce rassemblement antifasciste de plus de 20 000 personnes s’est tenu et a été le plus important de France depuis vingt ans contre l’extrême-droite.
Autre perle de J. Safar dans la même interview: « Oui, tout cela montre à quel point les écologistes s’intéressent surtout au pouvoir pour le pouvoir ». Venant d’un expert de la chose, il faut apprécier cette profonde analyse à sa juste valeur. Rappelons que seuls les écologistes ont présenté pour ces élections un projet détaillé et même chiffré. Donc le pouvoir pour le projet oui, le pouvoir pour le pouvoir, non. Nous ne sommes pas comme le PS, navrés J. Safar.
Le 24 mars au soir, dans le cadre des cantonales, le PS organisait un meeting à Grenoble. En plus des chefs locaux du PS (Vallini, Baïetto, Destot) et des représentants des différentes organisations venus soutenir les candidats, la composante de droite de la majorité municipale était bien représentée avec B. Betto (ancien adjoint du corrompu pendant 12 ans et pendant 13 ans dans l’opposition à la majorité de gauche et écologiste) et J. Thiar l’ancien président de l’association « Les amis de Nicolas Sarkozy ». Le mot d’ordre était : il ne faut plus d’écologistes au Conseil général. Cette grande alliance droite-gauche pourrait bien arriver à ses fins sauf si une majorité d’électeurs préfère sanctionner ce type de rassemblement contre nature.
L’UMP 38 a du mal à se positionner pour le 2ème tour face au Front National. Mise sous tutelle parisienne de Copé, elle applique le ni ni de Sarkozy. Ce qui revient à pousser au vote FN puisque la frontière entre les propos de Sarkozy et ceux du FN disparaissent. A Grenoble les élus UMP sont mal à l’aise. Ils voient bien que leur électorat a été siphonné par le FN, mais ne peuvent pas sauter le pas et appeler à voter contre le FN au deuxième tour sur le canton 6. Cinq élus (sur 9) déclarent : « notre souhait, notre espoir, c’est bien de voir le Front National recueillir dans notre ville le moins de suffrages possible ». Donc ils souhaitent seulement que les électeurs n’aillent pas trop voter FN, mais de là à faire barrage c’est trop leur demander.
Le candidat de GO sur le canton 6 appelle avec sa remplaçante à « reporter nos voix » (toujours la notion de propriété) au profit de la candidate du PS qui doit affronter le FN. Au soir du premier tour, il manquait trente voix à C. Garnier, candidate EELV et des Alternatifs soutenue par l’ADES, pour être qualifiée au second tour. Les un peu plus de six pour cent réalisés par le candidat de GO auraient très largement suffi à cette qualification, mais c’était inenvisageable pour eux qui sont dans l’alliance droite-gauche de la majorité municipale. Pourtant ils se sont déclarés intéressés par la démarche d’Europe Ecologie ! Alors « nous devons continuer à nous interroger sur le rejet, voir le désintérêt des habitants pour l’action publique… » disent-ils, perspicaces. Ils vont devoir s’interroger encore un peu, cela n’engage à rien, et continuer à voter en conseil municipal en faveur des JO, de la Rocade Nord, des subventions aux établissements d’enseignement privé, de l’augmentation des impôts et des indemnités des élus, des aides aux grands groupes économiques… Mais ils ajoutent : « et lutter vigoureusement contre la montée cynique et dangereuse du FN », espérons qu’ils passeront enfin des paroles aux actes.
Le candidat battu du PC dans le canton 3 vient de réinventer les maths modernes. il aurait pu se contenter de remercier ses électeurs, mais cela faisait un peu maigre. Alors il a décidé d’étendre généreusement ses remerciements aux électeurs des trois cantons grenoblois, dont il a fait la somme des voix, à laquelle il ajoute les voix du Parti de Gauche et le tout divisé par trois (on suit ?). Cela donne en pourcentage un résultat à deux chiffres. Un artiste de la calculette miracle est né.
Les subtilités de la politique : sur le canton 1 la candidate du PC du premier tour n’a pas donné son soutien à la candidate du PS pour le second tour, alors c’est le candidat du PC sur le canton 3 qui est appelé en secours !
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