Le PLU de 2005 : une densification controversée
Le passage du POS (Plan d’Occupation des Sols) au PLU (Plan Local d’Urbanisme) en 2005, a permis de changer profondément les règles d’urbanisme en permettant, en général, de construire beaucoup plus de logements sur la même surface. Les promoteurs immobiliers ont su profiter de ce changement en utilisant au maximum les possibilités ouvertes ce qui a entraîné des abus qui ont suscité de fortes protestations d’habitants. Le PLU a alors été un peu corrigé en 2007 pour éviter les excès les plus évidents, mais sans des protections claires qui auraient permis d’éviter une trop grande densification dans certaines zones, notamment pavillonnaires ou mixtes.
Une révision profonde du PLU est nécessaire
Il faut revenir aux réflexions et études qui ont menées au PLU. Les décisions de construire en moyenne 750 logements par an dont 250 de logements sociaux partaient de faits indéniables : en raison de l’évolution du mode de vie, pour maintenir le même nombre d’habitants à Grenoble, il fallait plus de logements. Or il s’avère que maintenant et depuis quelques années l’évolution du nombre d’habitants connaît des changements, sa croissance est légère mais régulière. Il faut donc revenir sur les décisions prises et repenser la politique d’urbanisme de la Ville. Nous sommes pour une révision profonde du PLU et une politique de l’urbanisme qui ne soit pas au fil de l’eau entre les mains des promoteurs privés comme c’est le cas actuellement. L’exemple le plus caricatural est la réalisation dans le quartier Jean Macé des tours sur le terrain Schneider. Les projets actuels sur l’Esplanade et la Presqu’île sont aussi critiquables et devraient être repensés.
Voici des éléments de réflexion que nous portons sur cette question :
- Il est indispensable que la politique d’urbanisme soit pilotée à l’échelle de l’agglomération, de ce point de vue le passage à une communauté urbaine serait positif (si la démocratie suit). S’il devait y avoir une augmentation des constructions, elle devrait se réaliser plutôt dans les communes périphériques que dans le centre de l’agglomération.
- Nous défendons une ville écologique pour tous, c’est-à-dire une agglomération à taille humaine avec des prix et des loyers abordables, où, quel que soit son revenu, on puisse vivre et travailler dans de bonnes conditions en évitant l’étalement périurbain. Nous sommes pour une ville compacte, ce qui n’est pas synonyme de dense, qui ne croisse pas à l’infini. Grenoble est une ville moyenne, elle doit accepter ce statut.
- Le problème est le prix des logements qui provient d’abord du prix du foncier, il faut donc imaginer des solutions qui évitent cette spéculation foncière. A Grenoble, si on veut préserver une certaine mixité sociale, la priorité est au développement du logement locatif social et à l’accession sociale à la propriété. Seule une politique publique forte peut imposer cette priorité.
- Malheureusement ce sont les promoteurs privés aidés par la municipalité qui mènent actuellement la danse. Les prix des logements leurs offrent des marges financières exorbitantes et accélèrent la dérive des prix du foncier ainsi que la « gentrification » progressive d’un certain nombre de quartiers de la ville.
- Il faudrait revoir l’ensemble des grands projets (notamment l’Esplanade et la presqu’île) dans cette optique, en diminuant le nombre global des logements tout en augmentant la part des logements sociaux (rappel : deux tiers des habitants entrent dans les critères d’accession aux logements sociaux).
- Nous ne sommes pas favorables aux tours, qui posent des problèmes de consommation d’énergie (isolation thermique, ascenseurs), de sécurité contre l’incendie et conduisent à des prix de logement très élevés.
- Outre la révision profonde du PLU (particulièrement celle de ses « dispositions particulières » dont l’usage permanent et abusif dans nombre de permis finit par instituer la dérogation en règle), une des questions prioritaires est l’adaptation de la ville au changement climatique et le rapprochement excessif des immeubles n’est pas une bonne solution, il faut organiser une respiration suffisante pour que la chaleur puisse s’évacuer par la végétalisation systématique des immeubles et la création d’espaces verts avec des arbres de taille suffisante.
Le Comité de liaison des unions de quartiers – CLUQ a mené une réflexion sur la densification qu’on trouve sur leur site