Réflexions sur la politique du logement à Grenoble

Publié le 24 septembre 2011

Les réalités changent vite, les politiques publiques doivent lutter contre les dérives du marché fou, celui de la spéculation et de la financiarisation d’un bien essentiel : le logement. La politique du logement doit devenir une priorité d’intervention publique pour les habitants actuels et futurs.

Dans « le Monde » du 8 septembre 2011 un article indique qu’en France, les loyers augmentent et que les locataires gagnent moins. En 10  ans les loyers ont augmenté (en moyenne) de 24 %, de 32 % pour les studios, alors que le revenu réel des ménages a baissé de 2% (en moyenne).

Cet effet ciseaux entraîne pour de nombreux ménages de grandes difficultés à finir le mois et les impayés augmentent, signature de l’augmentation de la précarité. L’Union sociale de l’habitat qui regroupe 800 organismes HLM gérant plus de 4 millions de logements, indique que dans le logement social la part des ménages en impayé de loyer de plus de 3 mois est passé de 5,4% à 6,7 % en deux ans (fin 2008 à fin 2010) et ceci malgré les aides spécifiques.

La même dégradation se fait jour dans le parc locatif privé.

Gilbert Emond de l’Institut de l’épargne immobilière et foncière (IEIF) déclare :

« Je ne crois pas à un retour des institutionnels dans l’immobilier résidentiel, contrairement aux incantations des pouvoirs publics. Seuls les organismes HLM sont, à mon avis, capables de répondre en qualité et en quantité aux besoins en logements des classes moyennes. »

Dans « Le Monde Argent » du 14 septembre 2011 un article attire l’attention sur « les villes où l’on peut encore investir… et les autres ». Il donne comme exemple négatif la situation de Lille où il serait déconseillé d’investir car le coût des appartements de petites surfaces dépasse les 4000 €/m2 et se louent entre 350 et 380 € par mois, difficile dans ces conditions de rentabiliser son achat rapidement. Or les prix à Grenoble atteignent des niveaux équivalents ou supérieurs pour les appartements de petites surfaces. C’est ce qu’indique l’étude de l’Express (n°3138 du 24 au 30août 2011) à partir des données des notaires : la moyenne du prix des studios neufs était de 4130 €/m2 fin mars 2011. Le prix des logements neufs a augmenté de 14,5 % en un an entre le 1er avril 2010 et le 31 mars 2011.

L’augmentation même légère des taux d’intérêts ralentit les acquisitions et si certaines niches fiscales (favorisant les placements immobiliers) venaient à disparaître ou devenir moins attractives alors la crise de l’immobilier pourrait faire des dégâts importants.

Ces éléments indiquent qu’il devient urgent de mettre en place des politiques publiques adaptées à cette nouvelle situation qui ne va malheureusement pas s’améliorer à court et moyen terme.

Comme indiqué par Gilbert Emond, le logement social de qualité est l’outil qui peut à la fois lutter contre la spéculation immobilière et répondre aux besoins évidents de logements. A Grenoble il n’est plus possible de se contenter de ce qui avait été élaboré dans le passé (environ 30 % de logements sociaux dans les opérations), il faut rapidement que la ville impose environ 60 à 70 % de logements sociaux (moitié locatifs et moitié en accession) dans les opérations et qu’elle se dote d’une politique de préemption dynamique pour y parvenir. A noter que dans toute la communauté urbaine de Lille, dès maintenant, pour chaque opération de 15 logements ou plus, seulement 1/3 est du privé, 1/3 en accession sociale et 1/3 en locatif social. Rappelons qu’à Grenoble plus des deux tiers des ménages peuvent prétendre au logement social.

Il est urgent d’agir, sinon, la politique actuelle de la majorité municipale renforcera la spéculation, la ségrégation par l’argent, chassera de nombreuses familles populaires de notre ville et la réalité de la ville à deux vitesses (ghettos de riches et ghettos de pauvres) s’intensifiera.

Pour répondre efficacement à la fois à la demande de logement de qualité et abordable pour les ménages il faut faire un plan de construction et une politique foncière de préemption active à l’échelle de l’agglomération, normalement faite par le PLH (plan local de l’habitat). Mais cela n’a pas été fait correctement. Chaque commune gère « entre soi » ses habitants.

Les écologistes proposent au contraire la définition d’un vrai parcours locatif au sein de l’agglomération, qu’il soit en logement locatif privé ou en social. Selon les étapes de la vie, un ménage peut ainsi accéder à des logements correspondant au mieux à ses besoins (jeunes, jeunes ménages, ménages avec enfants, décohabitation, séparation, vieillissement…). La privatisation foncière et immobilière conduite par la ville de Grenoble et une majorité de commune de l’agglo ne permettra pas cette mutualisation future, foncière et immobilière. C’est également la raison pour laquelle dans chaque opération immobilière type ZAC, il faut offrir également aux habitants actuels et aux futurs habitants les garanties d’accès aux services publics essentiels (crèches, équipement personnes âgées, écoles, parcs publics de verdure et de détente, services et petits commerces de proximité et le tout avec une accessibilité exemplaire des espaces et des bâtiments). C’est la solidarité à l’échelle de l’agglomération qui va permettre de répondre réellement aux besoins des habitants. Et non en confiant notre avenir aux promoteurs privés comme la majorité municipale de Grenoble le fait !

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