Analyse du 1er tour des élections législatives à Grenoble

Publié le 15 juin 2012

Pour comprendre quels sont les évolutions des votes des Grenoblois, il est nécessaire de prendre en compte les évolutions nationales entre les deux élections législatives et examiner ce qui a évolué différemment à Grenoble qu’en France. C’est ainsi qu’il apparait que :

  • le maire ne progresse pas autant qu’il aurait dû le faire
  • l’adjoint à l’immobilier est fortement sanctionné
  • par contre la nouvelle ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche est plébiscitée à Grenoble
  • le Front de Gauche régresse plus sur la 3ème circonscription que sur la première
  • et la forte progression de G. Fioraso limite celle d’EELV sur la première circonscription.

Abstention record

Nationalement l’abstention passe de 39,5 % aux législatives de 2007 à 42,8 % le 10 juin 2012. A Grenoble, elle progresse beaucoup moins : à peine un point sur les deux circonscriptions grenobloises.

Très classiquement ce sont les quartiers populaires qui votent le moins. Exemple, les bureaux de vote où la participation est la plus faible : Mistral 31,3 %, Arlequin1, 40 % ; Teisseire1, 41% ; Village Olympique2 41 %.

La participation a diminué par rapport à 2007 plutôt dans les quartiers populaires. Par exemple, si le canton 2 (le plus à droite de Grenoble) a eu la même participation en 2012 qu’en 2007, le canton 6, lui, a vu son taux de participation baisser en 2012 de 3 points (51,9 à 48,7).

L’abstention a une conséquence plutôt positive, car elle va priver de nombreux petits mouvements du financement politique qui n’existaient que pour toucher l’argent public (1,68 € par suffrage exprimé), à part le Trèfle qui sait parfaitement se débrouiller depuis des années, avec une technique éprouvée (mettre des bulletins de vote avec écrit « écologistes » en très gros pour attirer l’électeur).

La situation nationale

A droite la grande évolution entre 2007 et 2012 c’est le siphonnage des voix de l’UMP par le FN, l’effet inverse de la campagne de 2007 de Sarkozy, avec les électeurs du FN qui sont revenus au bercail. Le FN progresse de 9 points, passant de 4,7 % à 13,8 %. La somme droite + extrême droite diminuent très peu de 48 % à 47 %. Il existe désormais une très grande porosité entre les deux électorats.

A gauche on note une très forte progression du PS : près de 6,7 points, soit de 27,7% à 34,4% pour le PS et les divers gauche. Le PS gagne beaucoup sur l’ancien électorat centriste, le Modem est laminé.

La somme PC + extrême gauche en 2007 atteignait 8 %, en 2012 le Front de Gauche plus l’extrême-gauche font de même 8%. Les 2/3 des électeurs d’extrême gauche ont rejoint le Front de Gauche. Au point de vue nombre de députés, c’est le PC qui se taille la part du lion, le PG n’aura qu’un seul député.

L’accord PS–EELV va permettre aux écologistes d’avoir nettement plus de députés, par contre il a handicapé EELV dans les circonscriptions où il était en autonome. EELV progresse légèrement en obtenant 3,9 % dans ces circonscriptions par rapport aux Verts qui faisaient 3,2 % en 2007.

A Grenoble

Droite UMP et extrême droite

Le FN retrouve presque le niveau des présidentielles, 9,4 % au lieu de 10,8%. En 2007 il était extrêmement bas, il dépassait difficilement les 2 %.

La droite grenobloise est toujours dans un très mauvais état. Même phénomène de siphonnage de l’UMP par le FN qu’au plan national. Dans la 1ère circonscription, aux législatives de 2007, droite et extrême droite atteignaient 42,9 %, en 2012 il y a un très léger recul à 42,1 %.

A Grenoble : La droite atteint 22 % alors que Sarkozy faisait 21,3% à la présidentielle, cette légère progression est due au duel (Peyrin-Tardy) sur la 1ère circonscription qui a ratissé plus large. Par contre N. Béranger sur la 3ème n’obtient que 17,9 % alors que Sarkozy faisait 18,5 %.

Modem

A Grenoble le Modem est laminé comme au niveau national. C’est de plus une nette sanction contre l’adjoint à l’immobilier (Ph. De Longevialle), bien connu dans la première circonscription où en 2007 il obtenait 10% des suffrages exprimés. Il arrive cette fois péniblement à 2,6 % sur les trois cantons grenoblois, alors que sa collègue M.C. Nepi, très peu connue fait 2,74 % sur les cantons de la 3ème circonscription. F. Bayrou faisait aux présidentielles respectivement 9% et 7,5 % sur ces cantons, l’adjoint à l’immobilier aurait dû faire un score nettement plus élevé.

Parti socialiste

On retrouve à l’identique la poussée nationale du PS sur la 1ère circonscription avec G. Fioraso qui passe de 32 % en 2007 à 38,3 % en 2012. A Grenoble, sa progression est spectaculaire, sur les trois cantons grenoblois où elle gagne 10 points de 31,17 à 41,48%. Sa nouvelle fonction ministérielle a très fortement contribué à ce résultat.

En revanche dans la 3ème circonscription M. Destot progresse très peu de 37,8 à 40,5 % soit 2,7 points de plus, qu’il faut relativiser en fonction du nombre de candidats (18 candidats en 2007, 16 cette année). Dans les cantons grenoblois il passe laborieusement de 39,65 à 41,5% soit seulement 1,85 point de plus. Le score du maire de Grenoble est très inférieur à ce qu’il aurait dû être. Vous avez dit usé ?

Front de Gauche (FDG)

Le FDG qui regroupe le Parti de Gauche (PG) de Mélenchon, le PC et divers mouvements alternatifs, est de création récente. A Grenoble il améliore le score de 8% obtenu aux régionales de 2010 où il apparaissait pour la première fois, il obtient 9,75 % à quasi égalité avec EELV. C’est un recul par rapport aux présidentielles (15,4%). Le FDG perd 1/3 de l’électorat qui avait voté Mélenchon, comme au niveau national. Il est intéressant de noter que dans les cantons grenoblois, le candidat FDG, P. Voir (élu PC allié à la droite à la mairie) diminue nettement plus que A. Dontaine (Parti de Gauche). Sur les cantons de la 1ère circonscription, le FDG (A. Dontaine) passe de 14,35 % à la présidentielle à 9,75 % (- 32%) soit un recul identique au recul national. Sur la 3ème circonscription (P. Voir) passe de 16,5 % à 10,36 (-37%). Il y a certainement des militants et des sympathisants du PG qui n’ont pas voté P. Voir, à cause de son positionnement municipal.

Aux législatives de 2007 la somme PC plus extrême gauche atteignait 6,1%, en 2012 cette somme atteint 11,2%, ce qui est très différent du niveau national. Le poids du Front de Gauche à Grenoble doit beaucoup a ses composantes autres que le PC et notamment au Parti de Gauche.

Europe Ecologie les Verts (EELV)

EELV progresse nettement par rapport à 2007 et évidemment par rapport aux présidentielles. A Grenoble, EELV atteint 9,8 % soit une nette progression (50%) par rapport à 2007 où le score était de 6,4 %. Cette situation est particulière si on la compare aux résultats qui ont peu progressé au plan national pour les candidats d’EELV autonomes par rapport au PS. C’est la confirmation de la bonne implantation des écologistes à Grenoble, qui demeure une des villes où ils obtiennent les meilleurs scores.

A noter que traditionnellement les cantons de la 1ère circonscription donnent un vote écolo supérieur à celui des cantons de la 3ème circonscription. Ceci n’est pas le cas en 2012, à cause de la très forte progression de G. Fioraso qui a limité le vote pour Eric Piolle.

Conclusions grenobloises

Le comportement de l’électorat grenoblois suit les évolutions nationales, mais un examen détaillé révèle des évolutions typiquement locales. Le maire de Grenoble est usé et les représentants de sa majorité n’ont pas eu les succès escomptés.

C’est encourageant pour les élections municipales de 2014, pour celles et ceux qui veulent proposer une alternative à la majorité actuelle. A Grenoble, une large alliance entre les écologistes, alternatifs, parti de gauche et des collectifs de citoyens peut constituer une alternative crédible à une équipe municipale hétéroclite, à bout de souffle, sans objectif et usée par le mandat de trop du maire.

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