Menaces sur la qualité de l’eau de Grenoble ? Suite

Publié le 25 janvier 2013

Le 17 janvier, nous lancions une alerte sur une potentielle menace sur la qualité de l’eau de Grenoble par une éventuelle remise en eau du Drac au droit du puits de pompage PR4 de l’eau de Grenoble.

Les défenseurs de cette remise en eau, qui est écologiquement positive, ont peut-être lu un peu trop rapidement cette alerte en l’interprétant comme une hostilité de l’ADES au principe de cette remise en eau. La plupart de l’alerte était au conditionnel et le titre se terminait par un point d’interrogation. Voici donc quelques compléments d’information.

A propos de l’impact sur la qualité de l’eau de Grenoble après une éventuelle remise en eau à 5,5 m3/s, il y a un débat d’experts que certains croyaient clos par le rapport rassurant des hydrogéologues agréés. Maintenant tout le monde semble d’accord pour faire des essais afin de lever les incertitudes importantes qui restent. La remise en eau ne pourra se faire que si toutes les précautions sont prises pour maintenir la qualité de l’eau de Grenoble. La Région -où le dossier est porté par des élus EELV- est ainsi très claire : « Cette remise en eau ne pourra se faire que si toutes les précautions ont été prises pour garantir aux Grenoblois une eau de qualité irréprochable ». L’Agence Régionale de Santé semble être sur la même position : «  la nécessité absolue de maintenir la qualité actuelle de l’eau produite pour l’usage eau potable ».

Sur les essais, la position de l’ADES est la suivante : accord de principe, à condition que les usagers de l’eau de Grenoble ne prennent pas à leur charge le coût de ces essais qui n’est pas négligeable sachant que cette remise en eau n’est pas règlementairement obligatoire à ce niveau de débit. De plus il faudra un accord général sur leur définition précise et sur la manière de conduire ces essais afin que les résultats soient probants.

La question de qui paye doit être réglée avant de lancer les essais sinon cela reviendra automatiquement aux usagers. En effet les essais ne pourront se réaliser qu’en faisant fonctionner les autres puits de Rochefort pour alimenter le réseau et le puits PR4 fonctionnera aussi mais en rejetant l’eau pour l’analyser et ne prendre aucun risque ; donc l’agence de l’eau facturera à la REG (Régie de l’Eau de Grenoble) deux fois la redevance de prélèvement. De plus la REG dépensera de l’électricité pour pomper en permanence dans les autres puits qui ne fonctionnent pas par siphon comme le PR4… Le coût pour des essais en configuration minimale sur plus de 7 mois est estimé par certains à 800 000 €, mais d’autres propositions peuvent s’élever à plusieurs millions d’euros ! Il n’y a pas pour l’instant de chiffre officiel.

Qui doit payer ? L’Etat, l’Agence de l’eau, EDF, la Région, éventuellement le Conseil Général. Pour l’instant personne ne s’est prononcé sur cette question d’importance.  La Région vient de signaler qu’elle était « favorable au lancement des essais de remise en eau, sous réserve d’un accord de toutes les parties sur un protocole de réalisation techniquement et financièrement réaliste. » Cela manque encore de précision, qui est prêt à payer et combien ?

Politiquement l’ADES regrette que cette question n’ait pas fait l’objet d’un débat public avec tous les intéressés : les membres de la CLE (Commission locale de l’Eau Drac-Romanche), collectivités et associations, et les usagers de l’eau de Grenoble que l’on peut estimer à environ 200 000 personnes, ce qui n’est pas rien ! Il est encore temps de le faire. Cette question est malheureusement restée confinée dans un cercle beaucoup trop restreint. La ville de Grenoble a freiné cette mise en débat public. Et l’accès aux informations n’est pas si facile que cela. L’association « Eau Secours » est obligée de demander un avis à la CADA car elle n’a toujours pas reçu de l’administration copie officielle du rapport des hydrogéologues.

Malheureusement l’absence du maire de Grenoble qui aurait dû être en première ligne pour animer ce débat pèse lourdement sur le processus démocratique, jamais cette question n’a été évoquée au Conseil municipal de Grenoble ni dans les médias. L’ADES espère qu’il en sera autrement dans les semaines qui viennent.

Dernière nouvelle : le Président de la CLE a annoncé qu’il y aurait prochainement une réunion publique sur ce sujet…

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