« Un accident nucléaire majeur comme ceux de Tchernobyl ou de Fukushima, ne peut être exclu nulle part dans le monde, y compris en Europe. » déclare le président de l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) dans le Monde du 26 avril. Il ajoute : « Face à ces enjeux, l’ASN et son appui technique (IRSN) n’ont actuellement pas les ressources nécessaires pour assurer pleinement leurs missions de contrôle. Nous avons demandé au gouvernement 150 postes supplémentaires… Faute d’avoir obtenu ces moyens nous sommes contraints d’arbitrer entre nos priorités, en privilégiant les installations en activité par rapport à celles en construction. Cette situation n’est pas satisfaisante… Par principe, la culture de la sûreté nucléaire n’est jamais acquise. Je précise que ce sont les investigations demandées par l’ASN qui ont permis de découvrir des anomalies sur la cuve de l’EPR de Flamanville (Manche) forgée par Areva, ce qui montre que les contrôles internes n’ont pas fonctionné. »
A l’occasion du 30ème anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl, le Journal de l’Environnement a mis en ligne une série d’articles rappelant ce qui s’est passé les 25 et 26 avril 1986 et le 11 mars 2011 à Fukushima et les conséquences de ces catastrophes nucléaires.
Voici le rappel du démarrage de la catastrophe de Tchernobyl le 25 avril 1986 par une expérience tentée par les personnels de la centrale :
« L’expérience qu’il ne fallait pas tenter
Dans les premières heures du 25 avril 1986, l’excitation est à son comble au sein de l’équipe de quart du 4e réacteur de la centrale de Tchernobyl. Drapés dans leur blouse immaculée et coiffés de leur charlotte réglementaire, les ingénieurs se livrent à une expérience qui, à coup sûr, fera progresser la sûreté du nucléaire soviétique.
La petite équipe pilote l’un des fleurons atomiques de l’URSS : la plus récente des 4 tranches RBMK de Tchernobyl, centrale modèle située aux confins de l’Ukraine et de la Biélorussie. Inaccessible aux étrangers, l’installation gigantesque alimente l’ouest de l’Union soviétique en électricité. Elle fait vivre aussi les 49.000 habitants de la ville de Pripiat, distante de 3 kilomètres. Car, en URSS, une centrale nucléaire fait travailler non seulement ingénieurs et techniciens mais aussi des cuisiniers, des peintres, des plombiers, des blanchisseuses. Au total, ce sont 5.000 personnes qui œuvrent quotidiennement dans ce chef d’œuvre de la technologie soviétique : 4 fois plus que dans une centrale comparable française.
Réacteur sans pareil
Le réacteur RBMK est sans pareil dans le monde. Contrairement aux réacteurs de conception américaine équipant le parc d’EDF, le ‘réacteur de grande puissance à tubes de force’ ne contient ni cuve sous pression, ni générateur de vapeur. Les crayons de combustible sont contenus dans des tubes de force (il y en a 1.700 par réacteur), à l’intérieur desquels circulent 28 tonnes d’eau liquide par heure (pour refroidir le combustible) et de la vapeur. L’eau est récupérée par un collecteur avant d’être réinjectée en circuit fermé. La vapeur alimente la turbine de production d’électricité. La réaction nucléaire est modérée par des barres de contrôle qui absorbent les neutrons. Faire descendre les barres dans le cœur du réacteur, c’est réduire, voire stopper la réaction. Les remonter, c’est l’accélérer. Voilà pour le principe. Tubes de force et barres de contrôle sont positionnés verticalement dans un gros cœur de graphite.
Pour ses concepteurs, le RBMK est tout simplement génial. L’opérateur contrôle l’activité de chaque assemblage (gage de souplesse dans la conduite du réacteur). Contrairement aux centrales à eau sous pression (REP) ou à eau bouillante, le cœur peut être rechargé en marche. L’installation est aussi plus simple à construire. Et le RBMK est tellement sûr que point n’est besoin de le coiffer d’une enceinte de confinement… »
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Mots-clefs : écologie, Mobilisations, nucléaire