Les personnels de ST cherchent un bon PDG sur « le Bon Coin » !

Publié le 13 mai 2016

STMicroEn janvier 2016, la direction de la multinationale ST Microelectronics a décidé de se retirer du marché des décodeurs numériques ce qui conduit à la suppression de 1400 emplois, dont 430 en France, principalement à Grenoble. Les syndicats mobilisent les personnels en demandant à l’Etat (actionnaire) notamment le remplacement de la direction actuelle qui mène une politique selon eux contraire à l’intérêt de l’entreprise et de ses salariés. Pour animer cette revendication, le syndicat CGT de ST Grenoble a mis le 26 avril une annonce sur « le Bon Coin » pour chercher un PDG qui porte vraiment les valeurs de l’entreprise. »

Lire ici.
Le syndicat vient d’écrire aux élus pour leur faire part des inquiétudes des salariés et de leurs propositions pour un changement profond de stratégie industrielle.

STMicroBonCoin

Voici la lettre envoyée à tous les élus concernés par ce dossier :

« Le 12 mai 2015, Le PDG de STMicroelectronics annonçait la fin du numérique à STM. Un an après, la situation de STMicroelectronics est toujours problématique et c’est l’avenir même de l’entreprise qui est en jeu.

 

Historique

Grâce aux actions des salariés avec leurs organisations syndicales, nous avons pu alerter la population et les pouvoirs publics du danger qui menaçait. Cela n’a pas empêché la direction de ST d’annoncer le 27 janvier 2016 la fin de la division en charge du numérique (CPD) et un plan de départs volontaires de 430 salariés, dont 300 pour le seul site de Grenoble. Si la négociation de ce plan est toujours en cours, conformément à la loi, la restructuration et l’arrêt de l’activité ont été immédiatement effectifs, contrairement à ce que prévoit la loi. Celle-ci dit qu’un changement majeur doit rester à l’état de projet tant que les élus du personnel n’ont pas donné leur avis. Or les projets ont été arrêtés, malgré les réticences de certains clients.

Concernant les salariés de CPD, nombre d’entre eux ont été licenciés (essentiellement en Inde et aux USA) – plusieurs centaines de personnes, mais nous n’avons pas les chiffres exacts. En France, certains se voient proposer des « miss

ions » dans d’autres divisions, ou savent qu’ils vont assurer la fin de vie des produits matures en cours de production pour lesquels STMicroelectronics est engagé. Mais de nombreux salariés attendent encore de savoir ce qu’ils vont devenir dans les prochaines semaines.

Le gouvernement, notamment le cabinet de Mr Macron, ne semble pas prendre la mesure de ce qui se joue actuellement dans l’entreprise. Après avoir expliqué qu’il n’accepterait aucune réorganisation ou arrêt d’activités sans plan stratégique d’envergure, il a laissé se dérouler les plans de la direction en janvier, reconnaissant lui-même ne pas avoir reçu de plan stratégique.

La situation actuelle se résume donc ainsi :

Arrêts des activités avancées de STMicroelectronics,

Plans de réductions des effectifs (licenciements à l’étranger, 430 départs volontaires en France, prévus en deux ans et demi),

Direction toujours aux commandes, malgré 10 années désastreuses en termes de stratégie, développement, résultats…

Aucun plan de stratégie pour le futur de l’entreprise.

La direction prétend compenser l’arrêt de l’activité numérique avancée en développant l’internet des objets et la voiture connectée. Or vouloir jouer un rôle important dans ces secteurs suppose précisément de maîtriser le système embarqué, le multimédia, la sécurité, les échanges de données, etc … qui sont précisément les compétences du numérique avancé !

Pour rappel, les activités arrêtées dans le numérique tiraient l’ensemble de la technologie de l’entreprise. Les développements faits ces 10 dernières années pour ces activités (notamment le 28 nm FDSOI) vont être les technologies qui assureront le développement des activités automobiles et microcontrôleurs de STMicroelectronics d

ans les 4 ou 5 prochaines années. L’arrêt des développements hardwares, softwares et technologiques actuels hypothèque donc aussi l’avenir des autres activités de STMicroelectronics d’ici à 5 ans. En parallèle, les concurrents de STMicroelectronics sur ces technologies-là sont en train de reprendre le flambeau et de continuer le développement (notamment Samsung et Global Foundry). STMicroelectronics risque de se retrouver en état de dépendance dans quelques années, alors qu’elle est à l’origine de cette technologie.

Evolution de la situation lors des 2 derniers mois

Au sein de l’entreprise, les négociations sont en cours sur un projet d’accord concernant le plan de départs volontaires et de mobilité interne. Ce processus prendra fin les 24 et 25 mai lors d’un CCE.

Un CCE de « mi-parcours » a eu lieu le 31 mars. Les principales informations données lors de ce CCE sont les suivantes :

Confirmation de l’arrêt de nombreux projets. Suite aux annonces du 27 janvier, certains clients ont demandé la continuation de certains projets mais sans succès.

Le développement des activités automobiles a été passé complètement sous silence,

Le développement des activités microprocesseurs et microcontrôleurs a été explicité et défini, – La structure de la nouvelle division a été présentée.

Mais les points qui nous semblent les plus importants et qui montrent que la direction de l’entreprise n’a aucune stratégie de développement sont les suivants :

Il a été clairement énoncé que STMicroelectronics ne développerait pas de compétences spécifiques pour le marché de l’internet des objets, contrairement à sa communication externe. L’entreprise développera des composants qui pourront être utilisés par d’autres entreprises pour développements des activités dans ce domaine, mais STMicroelectronics ne s’engagera pas dans le développement d’activités dédiées, de plateformes, de support ou d’environnement software dans ce domaine. C’est un retournement majeur par rapport au discours tenu depuis la fin de ST-Ericsson par l’entreprise. STMicroelectronics fait des composants, aux clients de faire ce qu’ils veulent avec. D’ailleurs aucun service de marketing, prospection… de ce marché n’est prévu par la direction. C’est un recul majeur dans la conception du service rendu aux clients.

Le gel de la recherche et développement pour la suite du 28 nm FD SOI est confirmé. Comme ces technologies ne seront nécessaires que dans 5 ou 6 ans pour les activités restant à STMicroelectronics, la R&D est arrêtée et reprendra si nécessaire dans quelques années. C’est gravissime pour deux raisons : les concurrents de

STMicroelectronics ne vont pas mettre leur R&D au congélateur pendant 4 ans et l’avance prise sera irrécupérable. Et les compétences et savoir-faire nécessaires ne seront plus disponibles : les salariés qui sont actuellement capables de travailler sur le sujet vont soit être licenciés (ce qui est déjà fait en Inde ou aux USA…), soit partir d’eux-mêmes, soit être disséminés dans l’entreprise en fonction des besoins actuels. Toutes les compétences individuelles et collectives seront perdues.

En parallèle, une baisse des dividendes sera proposée aux votes des actionnaires dans les prochaines semaines et des rumeurs courent toujours sur le remplacement de la direction actuelle

Perspectives

Deux de nos revendications sont partiellement entendues : pas de plan de licenciements économiques en France et baisse des dividendes. Mais ce n’est que partiel, car des licenciements ont lieu hors France et nous demandions l’arrêt total du versement des dividendes. S’il n’y a pas de licenciements en France, il y a quand même 430 suppressions d’emplois, avec un affaiblissement important du site de Grenoble.

L’assemblée générale des actionnaires aura lieu le 25 mai 2016. Pour l’instant le changement de direction n’est pas à l’ordre du jour. Nous demandons toujours le changement de cette direction (et pas seulement du PDG…) et que ce changement de direction soit aussi accompagné de la définition d’une vraie stratégie industrielle pour STMicroelectronics. Nous demandons l’arrêt du versement des dividendes et un réinvestissement massif. »

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